A la découverte des plantes sacrificielles chez les Banen
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A travers un ouvrage de résumant le fruit de plusieurs années de recherche, Madeleine Johnson nous plonge au coeur de la forêt Banen, pour découvrir certaines plantes utilisées dans les pratiques rituelles expiatoires et purificatoires.

Chez les Banen, certains actes sont considérés comme des interdits et nécessitent des sacrifices expiatoires. Tuer un être humain est formellement proscrit. Lorsqu’un chasseur Banen tue un grand fauve comme le lion, la panthère, le léopard, il doit se soumettre au rite d’expiation, car ces animaux sont considérés comme guerriers. Et pour cause, ils ont au moins une fois mis fin à la vie humaine. Du coup, le chasseur qui les abat est considéré comme un meurtrier, en dépit de son acte de bravoure. La tradition Banen considère la grenouille imbo comme un interdit à cause de sa couleur rouge. La vue de celle-ci fait apparaitre des affections cutanées.

Les Banen considèrent l’inceste comme un crime. Consommer l’acte sexuel avec un proche parent est très grave et ce mal ne peut être effacé que par un rite expiatoire. L’adultère est une relation sexuelle extra-conjugale qui revêt un caractère particulier chez les Banen. «Cet adultère a une autre définition. Il n’est constaté que lorsque la femme entretient après l’accouchement son tout premier rapport sexuel avec un homme autre que son mari». mentionne Madeleine Johnson. Selon la tradition orale, le rite sacrificiel doit être fait d’urgence pour expier la faute de la femme et éviter qu’un malheur s’abatte sur la société.

Les rites sacrificiels

Les rites sacrificiels interviennent à la suite d’une violation de l’interdit. Le fait de transgresser une loi régissant les comportements sociaux pousse les individus à implorer le pardon des génies. Il existe une pluralité de rites, dont le rite d’expiation qui «est un rite sacrificiel posé par un initié. Il consiste à expier l’interdit violé par un individu ou une collectivité et dont les conséquences en cas de non expiation pourraient s’avérer tragiques» relève Madeleine Johnson. Lors de ce rite, on immole une bête pour apaiser la colère des forces invisibles et attirer leur faveur. L’expiation telle qu’appréhendée dans la société Banen s’apparente à une levée de sanction, une sanction qui n’est rien d’autre qu’une faute qui pèse sur la conscience et risque d’entrainer des conséquences graves sur l’individu ou la collectivité. A côté des rites d’expiation, il y a des rites de purification. Ceux-ci ont un double objectif : expier la faute et purifier l’individu. Ils sont pratiqués en cas d’actes incestueux ou adultérins.

La pratique des rites nécessite une prise de contact avec l’initié plusieurs jours avant. Ce dernier peut exiger un coq ou de l’argent liquide, au titre de frais d’entrer en brousse. Une autre somme d’argent lui sera versée après les actes rituels. Pour que le rite ait lieu, il faut, d’après Madeleine Johnson, des éléments: «une chèvre (bouc), un coq, un couteau,  un coupe-coupe, un mortier et son pilon, un tamis…» La chèvre est immolée et son sang mélangé à la poudre des plantes minutieusement choisies par l’initié. Les éléments varient en fonction du  rite sacrificiel.

Les plantes rituelles

La pratique des rites sacrificiels fait appel à l’usage des plantes rituelles. Ces plantes sont soit cultivées à cause de leur nécessité dans le rite, soit sauvages parce qu’elles poussent naturellement dans la forêt. Les plantes sont récoltées uniquement par des initiés qui prélèvent les feuilles, les branches, les écorces le tout mélangé aux fruits dont ils sont les seuls à détenir le secret. L’initié fait une préparation technique en présence ou non de l’individu ou de la collectivité directement concernée. Cette phase est constituée d’adjuration, de calcination, de décoction, d’incantation, d’infusion, de macération de pulvérisation…

Deux étapes se démarquent dans la préparation des rites sacrificiels: la première est celle où l’initié vient avec les ingrédients déjà préparés ; et la seconde est celle où les produits sont préparés sous le regard du grand public. Les plantes préparées par l’initié sont utilisées selon qu’il s’agit du rite de purification ou d’expiation. Réduites en poudre, feuilles, racines, branches et écorces sont bues sous forme de médicament.

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