Cameroun, Barrage de Lom Pangar: La complicité de la Banque Mondiale découverte ?
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Cameroun, Barrage de Lom Pangar: La complicité de la Banque Mondiale découverte ? :: CAMEROON

Le projet de construction du barrage de Lom Pangar semble être la priorité du tout nouveau Ministre de l’Eau et de l’Energie Gaston Eloundou Essomba. A travers une lettre d’explications sur plusieurs procédures ayant sanctionnées le niveau actuel de réalisation, le MINEE découvre au fur et à mesure les manquements voulus et entretenus par le top management de EDC ainsi que des complicités qui se sont étendues jusqu’au niveau de la Banque Mondiale au détriment des camerounais et de la population cible du projet et des zones d’impact du barrage.

Eu égard aux Politiques Opérationnelles prescrites dans le cadre du Projet de Lom Pangar, la Banque Mondiale et les autres bailleurs de fonds sont-ils complices d’EDC ?

Les populations qui vivent tout autour du barrage de Lom Pangar et les citoyens qui s’intéressent un temps soit peu à la mise en place de cet ouvrage énergétique tombent des nues lorsqu’ils apprennent dans certains médias que les bailleurs de fonds du Projet de Lom Pangar, parmi lesquels la Banque Mondiale, sont satisfaits des performances sociales et environnementales engrangées par EDC.

Lorsque le Projet de Lom Pangar est lancé en 2012, l’une des conditions à la participation des divers bailleurs de fonds à son financement est assujettie à l’engagement du Gouvernement du Cameroun, par le truchement d’EDC, à respecter les Politiques Opérationnelles de la Banque Mondiale. Lesdites Politiques, qui promeuvent et protègent mieux les droits des populations affectées que la législation en vigueur au Cameroun, portent sur des indemnisations justes et équitables, des compensations spécifiques pour les désagréments causés par la présence de l’ouvrage, le développement des communautés locales, etc.

Mais, sur le terrain, depuis 2012, le constat est alarmant.

Alors que les personnes ayant perdu les biens devaient être indemnisées à la valeur intégrale de remplacement, les villageois indemnisés ne savent pas sur quelle base les montants qui leur ont été alloués ont été déterminés. Au moins 90% des individus ayant perdu leurs maisons, par défaut d’habitations de remplacement, squattent aujourd’hui dans les villages riverains du barrage ou vivent dans les zones qui seront tôt ou tard ennoyées au péril de leurs vies. La réinstallation de quelques villageois est présentée par les gestionnaires du Projet comme une réussite. En réalité, cette réinstallation cache l’enchevêtrement de rétrocommissions qui ont été savamment distribuées par une chaine insoupçonnée d’acteurs ayant été mis à contribution par EDC lors des opérations sur le terrain.

Cette situation de détresse et d’atteinte au droit au logement des personnes affectées causée par une application « à la camerounaise » des prescriptions du cahier de charge sociale du Projet devait être mise sur la table depuis le départ de Basile Atangana Kouna du poste de Ministre de l’Eau et de l’Energie. La pêche, qui est née de la mise en eau du barrage, n’est pas encadrée comme il se doit. Plus de 10 000 individus exerçant cette activité ont afflué au bord du fleuve Lom dans une localité qui comptait moins de 300 habitants, ce

qui a provoqué des impacts significatifs sur la qualité de vie et l’environnement ambiant des populations locales (habitations spontanées, grand risque de choléra par absence de latrines, déficit de desserte en eau potable, déficit en structures sanitaires et éducatives, prostitution et propagation des MST, montée de l’insécurité, etc.). Afin d’enclencher le développement dans les localités jouxtant l’ouvrage énergétique, de nombreuses infrastructures sociales (salles de classe, forages, etc.) devaient être aménagées et des actions spécifiques devaient être mises en œuvre au profit de leurs habitants (formations, financement de micro-projets communautaires, etc.) depuis 2014 pour un budget chiffré à près de 40 milliards de Francs CFA. Quatre années plus tard, il n’y a rien sur le terrain et même la SNV (organisation de Coopération Néerlandaise) à qui avait été confiée ce volet du Projet, ne peut dire objectivement ce qui coince.

Contrairement à ce qu’on veut faire croire à l’opinion, EDC ne construit par le barrage, ce sont les techniciens chinois qui le font. La seule fierté ou performance qu’’EDC pouvait faire valoir était une gestion durable des impacts induits par les activités développées par les chinois sur le site de construction, ce qui n’a jamais été sa préoccupation.

On est surpris que les griefs du MINEE de Mai 2018 sur ce Projet ne portent que sur la gestion financière, celle du personnel et sur la cérémonie de pose de la première pierre par le Chef de l’Etat de 2012. Quid des droits des populations qui ont vu leur environnement être négativement modifié et leurs moyens d’existence être drastiquement réduits par la présence du barrage ? Pourquoi la Banque Mondiale et les autres bailleurs de fonds peuvent-ils être satisfaits d’un tel désastre ? Certainement parce qu’on est au Cameroun, pays dans lequel chacun des détenteurs d’enjeux se sert avant de servir le Peuple pour lequel il travaille et embarque toutes les institutions internationales impliquées dans ses magouilles.

La Banque Mondiale savait que le Cameroun fonctionnait ainsi mais, a tout de même participé au financement d’un Projet pas viable pour les populations. Cela donne du grain à moudre à certains Africains qui pensent que cette Banque sème la pauvreté dans les pays du « tiers-Monde » dans lesquels elle soutient des projets dits de « développement ». Comme un Robin des Bois à l’inverse, la Banque Mondiale participe au pillage des pauvres pour mieux enrichir les riches ; creusant de plus en plus le fossé des inégalités sociales parceque faisant la sourde oreille et restant complaisant face à de nombreuses irrégularités entourant l’utilisation des financements au développement octroyés.

Si cette situation perdure, les mécanismes de gestion des plaintes de la Banque Mondiale ou ceux mises en place par les Pays africains devraient être saisis avec toutes les conséquences et incidences que cette démarche pourrait avoir sur la suite du ou des Projets et spécifiquement celui de Lom Pangar ; quite à écorner sérieusement l’image du Cameroun qui a déjà perdu son éclat d’antan sur la scène internationale et par ricochet celle de la Banque Mondiale qui participe au cautionnement des impostures dans les pays africains sensés faire luire cette « manne financière » semble-t-il aux objectifs louables de part les conceptions initiales.

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