Cameroun,Ambazonia Tv: Les sécessionnistes ont leur chaîne de télé
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Cameroun,Ambazonia Tv: Les sécessionnistes ont leur chaîne de télé :: CAMEROON

Nord-Ouest: Des mesures de rétorsion initiées par les autorités contre une chaîne de télévision qui fait de la propagande sécessionniste. Depuis pratiquement un mois, les téléspectateurs de la petite ville de Ndop, dans le Ngoketunjia, région du Nord-Ouest, n’ont pas d’images.

Le 8 mai 2017 en effet, Valeri Norbert Kuela, le préfet de ce département, a apposé des scellés sur la base technique du principal câblo-opérateur de la ville, sis à Church Street, derrière le marché. Les autorités reprochent à M. Philip, plus connu comme Alhadji Electronics et son technicien, le prénommé Louis, d’avoir profité d’une coupure d’électricité durant le week-end pour injecter la « Southern Cameroon Broadcasting Corporation » (Scbc) dans le bouquet proposé à leurs abonnés.

Cette chaîne de télévision diffuse, selon les officiels, les messages du Southern Cameroon National Congress (Scnc), la propagande sécessionniste, lance les mots d’ordre et invite les populations à les observer. L’alerte est venue de Bamenda, parce qu’en une journée seulement, elle a conquis les foyers qui n’ont pas manqué de passer la « bonne nouvelle » à des connaissances un peu partout où elles pouvaient se trouver.

Interpellés depuis lors, les deux présumés relais des sécessionnistes n’ont pas été revus à Ndop. De sources dignes de foi, le promoteur de « A and B Cable Distribution Network » et son employé ont été mis pour exploitation à la disposition de la « police de Bamenda ». Non sans avoir expliqué leur mode opératoire. L’on sait désormais que la Scbc est captée en installation libre sur la fréquence KU-Intelsat
2011920/27500/HV2006A300.

Loin de décourager, l’interpellation des deux opérateurs a plutôt décuplé l’intérêt des téléspectateurs. Depuis lors, les autres techniciens en électronique de la ville sont sollicités pour aider à capter via les cuvettes privées, cette chaîne qui doit émettre, au nom de la liberté d’expression. Ils disent tous avoir refusé de le faire mais des inquiétudes subsistent. « On ne peut pas visiter les maisons des particuliers pour vérifier si les gens ne voient pas cette chaîne particulière », s’excuse un officiel. On imagine l’embarras de Manfred Likine Mbua, le jeune délégué départemental de la Communication pour le Ngoketunjia, qui mène depuis lors une campagne de découragement sur Stone Fm (94.7) en cachant le nom de la télévision incriminée.

Ambazonia Tv

Cette chaîne de télévision, considérée comme pirate par les autorités, donne des insomnies. Aussi bien à Bamenda que dans les villes éloignées comme Nkambe, Kumbo, Wum, etc, elle est très connue. Elle a même ses adeptes. Ses programmes, balancés de manière discontinue, dérangent. Pour l’essentiel, elle diffuse des vidéos amateurs d’une rare violence, présentées comme les exactions des forces gouvernementales sur les peuples d’Ambazonie. Souvent, des plateaux de discussion où les panelistes, tous remontés contre le pouvoir de Yaoundé, mettent à nu la tromperie de « la république » vis-à-vis du Southern Cameroon. 

Les recours en préparation auprès de l’Onu, la situation de leurs combattants arrêtés ou en fuite, les modalités de la ville morte et les autres mots d’ordre y passent. Les horaires de diffusion sont conjoncturels. D’où émet-elle ? En l’absence d’un matériel conséquent, de simples hypothèses sont avancées, sur la base du décor et de la qualité des images. Nigéria et Afrique du Sud sont des localisations probables.

Mais on n’exclut pas les Etats Unis et la Grande Bretagne, en raison de la présence dans ces pays des activistes qui ont animé la campagne des réseaux sociaux qui avait entraîné la suspension d’Internet dans la zone anglophone par le gouvernement. Relayée par des cablo-distributeurs, elle a disparu des écrans depuis que les mesures de rétorsion ont commencé. « La situation est sous contrôle. Les contrevenants savent à quoi ils s’exposent », assure Louis Marie Begne, le délégué régional de la communication pour le Nord-Ouest. Même si des confrères exerçant dans la région témoignent de sa résurgence à travers les réseaux sociaux. « De temps à autre, les activistes postent des séquences de leurs émissions sur certains fora. Sauf que le grand nombre ne connaît pas ces adresses », témoigne l’un d’eux. 
Reste la possibilité du captage privé, s’agissant d’un procédé de « direct broadcasting by satelite ». Les populations la nomment simplement Ambazonia Tv. Une récente propagande à travers les réseaux sociaux a laissé entendre qu’il existe sur le marché de Bamenda des kits appropriés pour capter « la télé de la révolution anglophone ». « Il n’en est rien. Des vérifications ont été faites », assure un
officiel.

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