HOMMAGE ACADEMIQUE RENDU AU DR MARCEL NSIZOA PAR LE DR MATHIAS ERIC OWONA NGUINI,LE 29 JUILET 2016 A SOA
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CAMEROUN :: HOMMAGE ACADEMIQUE RENDU AU DR MARCEL NSIZOA PAR LE DR MATHIAS ERIC OWONA NGUINI,LE 29 JUILET 2016 A SOA :: CAMEROON

Il m’échoit le terrible honneur à l’heure où le glas a sonné pour notre Collègue Marcel NSIZOA de devoir lui rendre hommage, de faire son éloge au nom de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de Yaoundé II-Soa, de l’Université éponyme et de la Communauté Universitaire du Cameroun. Oui, nous devons sacrifier à ce rituel qui consiste pour les Gens d’Académie à faire honneur à l’un des leurs qui est, passé de vie à trépas, en rendant grâce dans une atmosphère de douleur, de tristesse et de recueillement à sa dépouille exposée à la vue de ses confrères et compères de l’Université en ses Facultés, Ecoles et Instituts.

Nous voici à Soa !!!Nous voici donc à Soa !!!Nous y voici réunis pour une funeste occasion. Le ci-devant Marcel NSIZOA est là pour la dernière fois avec nous, la Communauté de l’Université présente à la fois comme unité et comme diversité. Oui, Dr Marcel NSIZOA, tu es encore là parmi les vivants alors que tu as vécu. La douleur nous habite à la vue de ce cercueil qui accueille ta dépouille. Nous devons nous résoudre à la vérité : tu vas bientôt nous quitter pour rejoindre le monde des Ancêtres, le monde de tes Ancêtres. Ecoute cher Collègue, l’hommage que l’Université va te rendre maintenant à travers la présente adresse qui t’est destinée et par laquelle je vais témoigner en ta faveur.

Au moment où le Dr Marcel NSIZOA, Docteur en Science Politique de l’Université de Panthéon-Assas- Paris II et Chargé de Cours en fonction à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de Yaoundé II-Soa nous quitte, il a 54 ans. Les mystères de la vie ont fait que Marcel NSIZOA est mort le jour de son 54ème anniversaire, jour consacré comme jour de l’Enfant Africain, des suites de maladie, laissant non seulement sa famille et ses amis dans la consternation mais aussi l’Université en général et l’Université de Yaoundé II-Soa en particulier.

Le Dr Marcel NSIZOA a cheminé pendant près de 19 ans avec l’Université, étant un dévoué serviteur de la Communauté Universitaire dans l’exercice de ses fonctions d’enseignant, aux grades d’Assistant puis de Chargé de Cours et de ses fonctions de Chef de service de la recherche à l’Université de Yaoundé II (2006-2008). Tout au long de ces années, les Enseignants, les Etudiants, les Personnels d’appui et les Autorités de la Faculté et du Rectorat qui sont passés par l’Université de Yaoundé II et la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques, ont fait connaissance avec lui, d’une manière ou d’une autre. Tout au long de ce parcours, que nous avons pu nous même suivre dans sa quasi-totalité, jamais le Dr Marcel NSIZOA ne fut au centre ni à la périphérie de quelque controverse ou scandale que ce soit.

Rendons compte du parcours académique, professionnel et scientifique du Dr Marcel NSIZOA, retraçons sa trajectoire, dressons-en le répertoire et faisons-en mémoire

LA TRAJECTOIRE

Cher Marcel NSIZOA. Monsieur Marcel NSIZOA. Dr Marcel NSIZOA, te voilà-là devant nous. Te voilà, cheminant désormais vers l’issue manifeste de ta trajectoire terrestre, une trajectoire qui fut non seulement familiale, sentimentale, amicale mais aussi académique, professionnelle et universitaire. Le Dr Marcel NSIZOA après ses études primaires et scolaires, a achevé son parcours par des études universitaires de droit et de science politique à l’Université de Yaoundé puis aux Universités de Paris I et Paris II. Il a obtenu successivement une Licence en Droit Public à l’Université de Yaoundé en 1987,une Maitrise en Science Politique de l’Université de Paris II-Panthéon Assas en 1988 ,un Diplôme d’Etudes Avancées en Science Politique toujours à l’Université de Paris II-Panthéon Assas en 1989,un diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Droit de la Production et Distribution d’Energie en 1991 à l’Université Paris I-Panthéon Sorbonne et un Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Droit du Commerce International çà l’Université de Paris V-René Descartes. Ces études ont été sanctionnées par l’obtention d’un Doctorat en Science Politique de l’Université de Paris II-Panthéon Assas sous la direction de Daniel AMSON, thèse soutenue le 10 avril 1995 devant un jury constitué de BUI Xuan Quang et Eloi DIARRA. Etre Doctus, fut le couronnement du parcours académique de Marcel NSIZOA. Par la suite, il fut recruté comme Assistant à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de Yaoundé II-Soa, ayant fait le choix patriotique et citoyen de rentrer au Cameroun pour retourner à la République ce qu’elle lui avait donné.

Comme Enseignant, le Dr Marcel NSIZOA a fait montre de son dévouement, sacrifiant aux exigences du métier de formateur en dispensant travaux dirigés, cours magistraux, en assurant sa participation aux jurys d’examen, à l’évaluation des apprenants et à la correction des copies d’examen. En cela, le Dr NSIZOA s’est toujours illustré comme un serviteur de l’Université, faisant montre de son engagement dans l’académie, à travers ses enseignements et le suivi assidu des apprenants aussi bien dans les filières de recherche que les filières professionnelles. Il a ainsi dispensé de nombreux enseignements révélateurs de sa polyvalence (droit parlementaire, idéologie et partis politiques, questions politiques d’actualité, sociologie des conflits, sociologie politique).

La trajectoire du Dr Marcel NSIZOA à l’Université fut aussi celle d’un collègue fort agréable, d’une grande sympathie et d’une bonté naturelle – ce qui en ces lieux pleins d’egos démesurés ou surfaits n’est pas toujours évident. Ce fut un collègue toujours loyal et jamais pris dans les grenouillages qui font loi ou aloi en ces lieux souvent marqués par l’esprit de faction, les mœurs de cour et des us gouvernés par le bizuthage permanent.

Ta trajectoire fut celle d’un serviteur humble, par posture et non par absence de ressources qui accomplit sa tâche faussement besogneuse et trompeusement laborieuse, avec une intelligence jamais démentie bien que souvent nonchalante. Cette trajectoire fut celle d’une valeur réelle mais parfois méconnue. Elle fut aussi celle d’un Compagnon méritant confronté à la Règle Alléodale des Seigneurs de la Chaire campés en Maitres de Jurande, s’avançant surchargé de cours sur le chemin peu éclairé d’une carrière transformée en labyrinthe ,chemin sur lequel ton refus tranquille de la subordination t’a valu un cheminement peu favorable et peu favorisé car tu te tenais loin des Favoris de Seigneurs et Seigneuries.

LE REPERTOIRE

Le Dr Marcel NSIZOA s’est tant bien que mal construit une marque sur le terrain de l’investissement scientifique. Notre Défunt Collègue s’est en effet également investi dans l’arène de la production et de la construction scientifiques. Il n’a pas seulement arpenté les marches du Temple du Savoir et circulé dans ses pièces, mais a aussi fait observance des exigences de la science en général et de la science politique en particulier. Si la science est de l’ordre du savoir constitué, organisé et institué aux plans épistémique et analytiques, elle comporte aussi une certaine dose d’esthétique et d’éthique de la connaissance et de sa production.

Pour l’essentiel, le répertoire scientifique composé par le Dr Marcel NSIZOA relève indiscutablement d’une production de politiste et de prestations de sociologie politique lorsqu’il a exploré des problématiques et thématiques en lien avec la Socio-Histoire de la Pensée et de l’Action Politiques. Cette production a en effet toujours été attentive à la nécessité de cerner l’interaction entre la pensée et les idées politiques d’une part et les conduites et pratiques politiques d’autre part dans les différents objets d’étude effectivement explorés, se chargeant d’appliquer les exigences épistémologiques et méthodologiques de la science politique aux terrains africains.

Tout le travail scientifique du Dr Marcel NSIZOA porte la marque de sa socialisation comme apprenant des sciences juridiques et politiques formé dans la tradition universitaire de facture ou d’inspiration françaises avec quelques influences anglo-saxonnes. Après l’influence formatrice des maitres de Yaoundé (Prs Joseph BIPOUN WOUM, Augustin KONTCHOU,Michael ALETUM ,Maurice KAMTO,etc), on y ressent aussi l’influence finale des maîtres de Paris I et II (Prs Pierre BIRNBAUM, Daniel AMSON, Simone DREYFUS, Serge SUR, Edmond JOUVE, etc) et de leur positionnement concurrentiel. Elle montre comment le Dr NSIZOA a déployé sur les terrains africains en général, burkinabés, camerounais et ivoiriens en particulier, les canons analytiques et techniques de la scientificité politiste apprise dans les institutions universitaires camerounaises et françaises.

Au principe de ce répertoire scientifique se trouve une thèse de 480 pages intitulé « Réflexion sur la contribution du sankarisme à une idéologie moderne de la révolution ».Cette thèse de doctorat combine avec pertinence l’Histoire Sociale et Intellectuelle des Idées politiques avec la Sociologie des Processus Politiques de Domination, de Légitimation et de Mobilisation d’un régime révolutionnaire africain. Il s’agit d’une précieuse évaluation académique de l’expérience révolutionnaire conduite par le leader radical, le Capitaine Thomas Isidore SANKARA, qui s’efforce de (re)construire avec succès les « fondements théoriques » et les « fondements pratiques » de la révolution burkinabé à partir d’un examen historique et critique du sankarisme .Ce travail doctoral a réussi à articuler une Socio-Histoire des Idées Politiques et une Sociologie des Processus Positionnels, Réputationnels, Décisionnels et Communicationnels du système de pouvoir révolutionnaire inventé et institué par le sankarisme. L’un des nombreux points forts de cette thèse de doctorat est le fait que le Dr Marcel NSIZOA y préfigure les bases encore à construire d’une Science Politique Postcoloniale voire Décoloniale à travers l’extension de sa grille d’analyse à des éléments relevant de la critique littéraire comme moyen d’analyse du politique , avec une étonnante attention à l’écriture césairienne du politique afro-caribéen et afro-continental en comparant les figures de CHRISTOPHE et de LUMUMBA avec celle de SANKARA.

-Le Dr Marcel NSIZOA avec son collègue le Dr Joseph-Vincent NTUDA EBODE non encore consacré comme Enseignant de rang magistral, ont publié en 2001,un article fort intéressant de réflexion théorico-stratégique et politico-stratégique, intitulé : « Afrique et mondialisation :obstacles à l’insertion et stratégies d’expansion, un regard politologique » dans la Revue africaine d’études politiques et stratégiques n°1,2001,pp .119-145.Il s’agit sans conteste d’un immense travail théorico-doctrinal qui constitue un article pionnier dans la construction d’une pensée camerounaise de stratégie théorique au sujet de la mondialisation et du rapport de l’Afrique à cette donne .Les auteurs y développent les notions précieuses et pertinentes de « logistique intellectuelle » et de « réserve stratégique » destinées à souligner l’importance de l’ingéniérie politologique et parapolitologique des thinks tanks pour formuler et forger des dispositifs appropriés de positionnement de l’Afrique dans la mondialisation.

- Le Dr Marcel NSIZOA a aussi écrit un article intitulé « Financement des partis politiques et des campagnes électorales au Cameroun :quelques réflexions sur la loi du 19 décembre 2000au regard des réglementations étrangères » dans la Revue africaine d’études politiques et stratégiques n°2,2002 , pp35-67.Comme l’indique le titre de cet article ,il s’agit d’une analyse normative et procédurale autant que pragmatique et opérationnelle des règles financières du jeu politique au Cameroun s’appuyant sur une comparaison avec des dispositifs étrangers notamment français .Il y souligne sur la base d’une analyse de Droit Politique et de Sociologie Politique des Institutions, comment la prévalence persistante de «l’option politique » dans la législation et la règlementation en la matière, omet de prendre en compte les règles de transparence financière et l’égalité des candidats dans les campagnes électorales comme exigences-clés d’un financement approprié.

-Le Dr Marcel NSIZOA a écrit un article paru à la Revue africaine de droit et de science politique en 2014 et intitulé : « Sociogenèse et exégèse d’un concept politiquement contesté : l’ivoirité » y combinant Sociologie des Idées et des Idéologies Politiques et Sociologie des Identités Politiques pour faire une archéologie critique de la notion polémique d’ivoirité inventée par l’intellectuel et homme de culture NIANGORAN PORQUET .Le Dr NSIZOA analyse comment cette notion va faire l’objet d’une mobilisation politique par le Président Henri KONAN BEDIE dans sa lutte de pouvoir avec Allassane Dramane OUATTARA.

-Le Dr Marcel NSIZOA a publié en 2014 un article intitulé : « Représentations économiques ,migrations et politisation de la question foncière en Afrique de l’Ouest :l’exemple de la Côte d’Ivoire dans la Revue africaine d’études politiques et stratégiques n° spécial de 2014 .Il s’agit d’y analyser d’un point de vue conciliant Socio-Anthropologie Politique et Socio-Economie, le poids de la « question foncière » et des dynamiques migratoires dans la structuration et la mobilisation politiques des tensions identitaires en Côte d’Ivoire .Ce faisant, le Dr Marcel NSIZOA offre une lecture structurelle et holistique de la trajectoire étatique et politique turbulente de la formation sociale ivoirienne saisie à partir des fondements économico-politiques et socio-économiques de la crise ivoirienne en lien avec la production conflictuelle de l’ethnicité, l’orientation des courants migratoires et l’évolution de l’agriculture de plantation ; une lecture qui met aussi en lumière les déterminants anthropo-sociologiques de la conflictualisation des identités et de la politisation identitaire des conflits en Côte d’Ivoire .

-Au moment où la mort nous l’enlève, le Dr Marcel NSIZOA avait aussi produit un travail en cours de parution intitulé « Fin de crise, réconciliation nationale et identité en République de Côte d’Ivoire :pas décisifs ou pas de Sysiphe ». L’auteur y développe une brillante socio-anthropologie politique de l’identité mettant l’accent sur la « régression actuelle de l’Etat-Nation ivoirien vers des pluralités ethniques fermentées » soulignant aussi la persistance de « la rhétorique ivoiritaire ».

LA MEMOIRE

La relation que la Communauté universitaire a eu avec le Dr Marcel NSIZOA, fut aussi tout simplement un rapport humain s’inscrivant dans la sociabilité d’un microcosme ayant ses structures et son fonctionnement, ses codes et usages, ses mœurs et ses rites. De cette relation, il faut retenir le meilleur. Marcel NSIZOA incarnait la joie de vivre, avec une humeur le plus souvent égayée. Nous ses collègues nous l’aimions pour son humour inégalable et un art consommé de la dérision délicieuse qui pouvait opérer même à ses propres dépens. Ainsi, Marcello comme nous l’appelions se qualifiait lui-même de « boibivore » pour indiquer son penchant avéré pour les nectars de Bacchus.

Marcel NSIZOA était toujours de bonne tenue. Ce fut un homme d’une élégance jamais démentie qui mettait du soin à sa mise, avec un sens maîtrisé de l’esthétique de la griffe et le goût des marques. Qui ne se rappelle comme moi de ces légendaires bretelles qui le firent surnommer Defao, quand la maladie n’était pas encore venu à bout de son embonpoint d’épicurien amateur de bonne chair et prisant les vins aux crus prestigieux et de bons cépages. Qui ne se rappelle parmi les étudiants ou les enseignants au point de s’en moquer souvent, des traces persistantes de l’accent parisien chez notre collègue qui sut combiner authenticité bantoue et acculturation hexagonale ?

Marcel NSIZOA était un homme digne. S’il était souvent jovial, on sentait aussi lorsqu’on avait une certaine intuition qu’il y avait derrière sa joie des points d’amertume. Oui Marcel NSIZOA a aussi souffert comme beaucoup d’autres de ne pas être reconnu à sa valeur, à sa juste valeur. Il a souffert d’intrigues qui l’ont privé d’accéder à des positions de responsabilité qu’on lui avait fait espérer compte tenu des services rendus à ceux qui sont dans les hautes sphères du pouvoir .Marcel NSIZOA a souffert aussi comme beaucoup de collègues de sa génération, de luttes d’influence et de stratégies d’hégémonie qui les pénalisèrent au profit de nombre de leurs étudiants dont le parrainage par certain Grand Seigneur de la Chaire soucieux de régenter les carrières en véritable Démiurge de Faculté lui valurent comme à d’autres, de voir leurs apprentis leur brûler la politesse dans la ruée vers les épitoges.

Au bout du compte, le Dr NSIZOA a souffert et ses congénères tels que le Pr Joseph-Vincent NTUDA EBODE, le Pr Magellan OMBALLA, le Pr Eustache AKONO ATANGANE, le Dr Luc Armand ATANGA et d’autres de ses collègues comme le Dr Célestin KAPTCHOUANG ou moi-même le savons, de cette part obscure de l’Université. Le Dr Marcel NSIZOA a pâti de cette Université souvent aussi impitoyable que la célèbre série américaine Dallas avec des JR en toges dont la seule vocation véritable est de faire de l’Université, un espace de pouvoir plutôt que de savoir, que dis-je , un espace d’abus de pouvoir fondé sur des privilèges mandarinaux légitimes ou même usurpés.

Nous ne t’oublierons pas cher collègue, nous ne t’oublierons pas Marcel, nous ne t’oublierons pas Marcello. Nous n’oublierons pas le couteau suisse de la science politique. Nous n’oublierons pas cette analyse pionnière du sankarisme qui reste un morceau de choix méthodologique d’une analyse pertinente de Socio-Histoire des Idées Politiques et d’Histoire Intellectuelle du politique à l’africaine. Nous ne refermerons pas le dossier d’une analyse camerounaise de la trajectoire politique de la Côte d’Ivoire, une analyse multisectorielle de ce pays où tu eus le privilège de conduire mes pas en 2007, à l’occasion d’un colloque scientifique organisé en marge de l’événement culturel panafricain qu’est le MASA d’Abidjan, séjour au cours duquel nous croisâmes Laurent Gbagbo alors Président de Côte d’Ivoire dans les coulisses du Palais des congrès de Yamoussoukro.

Nous ne refermerons pas le dossier d’une analyse politiste du financement de la vie politique au Cameroun dont tu es l’un des contributeurs en vue avec les Pr Janvier ONANA et Magellan OMBALLA, de manière à mieux y traquer ce que tu as qualifié de manière juste de « financements glauques ».

Nous n’oublierons pas l’enseignant polyvalent, formateur, évaluateur et chercheur, qui savait aussi se faire vulgarisateur autant qu’expert. Nous n’oublierons pas, tes collègues, mais aussi les étudiants et le personnel d’appui de l’Université, ta bonté naturelle, ta convivialité et ton humour. Nous n’oublierons pas cette intelligence fine quoique peu combative. Nous n’oublierons pas une valeur méconnue et sous-estimée quoiqu’attestée, une valeur manifeste bien qu’on ne put l’apprécier à juste titre parce qu’on ne sut l’exploiter adéquatement, en ses terres où les puissances et les puissants ne veulent que subordonner et subjuguer.

Cher Marcel NSIZOA, l’Université va te dire aurevoir. Te voici Marcel qui t’apprête à être un Seigneur de la vie, un Neb Ankh, car c’est à la mort qu’on le devient, quand on a affronté la Pesée du Cœur. Te voici à l’heure où ton corps va se dédoubler, au moment où tu vas revêtir le corps de l’Oiseau qu’est ton âme et voler de ses ailes lourdes vers l’au-delà. Nous ne pouvons que te souhaiter de réussir à affronter le jugement ultime lorsque tu comparaitras devant le Seigneur des Seigneurs. Nous ne pouvons que te souhaiter d’être autorisé à marcher dans les Champs glorieux du paradis, après avoir revêtu le corps lumineux du Justifié et en ayant pris le visage de sainteté qui te permettra de regarder le Grand Dieu quand tu auras fait substance avec lui.

Libère ton cœur mon frère, libère ton cœur cher Confrère pour que le céleste oiseau t’emporte avec sa force angélique vers le Domaine de Dieu. Maintenant, cher frère, cher confrère, l’Université te dit merci et souhaite à ta famille de résister à cette terrible épreuve. Maintenant cher frère, voilà les Bekon qui t’appellent de leur voix spectrale pour la danse glorieuse de l’Esani.

Aurevoir Marcel. Aurevoir Dr NSIZOA. L’Université t’est reconnaissante.

« …Cette trajectoire fut celle d’une valeur réelle mais parfois méconnue. Elle fut aussi celle d’un Compagnon méritant confronté à la Règle Alléodale des Seigneurs de la Chaire campés en Maitres de Jurande, s’avançant surchargé de cours sur le chemin peu éclairé d’une carrière transformée en labyrinthe ,chemin sur lequel ton refus tranquille de la subordination t’a valu un cheminement peu favorable et peu favorisé car tu te tenais loin des Favoris de Seigneurs et Seigneuries(…)Marcel NSIZOA était un homme digne. S’il était souvent jovial, on sentait aussi lorsqu’on avait une certaine intuition qu’il y avait derrière sa joie des points d’amertume. Oui Marcel NSIZOA a aussi souffert comme beaucoup d’autres de ne pas être reconnu à sa valeur, à sa juste valeur. Il a souffert d’intrigues qui l’ont privé d’accéder à des positions de responsabilité qu’on lui avait fait espérer compte tenu des services rendus à ceux qui sont dans les hautes sphères du pouvoir .Marcel NSIZOA a souffert aussi comme beaucoup de collègues de sa génération, de luttes d’influence et de stratégies d’hégémonie qui les pénalisèrent au profit de nombre de leurs étudiants dont le parrainage par certain Grand Seigneur de la Chaire soucieux de régenter les carrières en véritable Démiurge de Faculté lui valurent comme à d’autres, de voir leurs apprentis leur brûler la politesse dans la ruée vers les épitoges.

Au bout du compte, le Dr NSIZOA a souffert et ses congénères tels que le Pr Joseph-Vincent NTUDA EBODE, le Pr Magellan OMBALLA, le Pr Eustache AKONO ATANGANE, le Dr Luc Armand ATANGA et d’autres de ses collègues comme le Dr Célestin KAPTCHOUANG ou moi-même le savons, de cette part obscure de l’Université. Le Dr Marcel NSIZOA a pâti de cette Université souvent aussi impitoyable que la célèbre série américaine Dallas avec des JR en toges dont la seule vocation véritable est de faire de l’Université, un espace de pouvoir plutôt que de savoir, que dis-je , un espace d’abus de pouvoir fondé sur des privilèges mandarinaux légitimes ou même usurpés… »

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