Berceau de Boko Haram, la ville de Maiduguri est depuis plusieurs semaines la cible d’une vague d’attaques suicides qui ont fait des dizaines de morts, au moment où le président nigérian Muhammadu Buhari réaffirme sa détermination à en finir d’ici la fin de l’année avec l’insurrection islamiste.
Au cours des dernières 24 heures, 34 personnes ont été tuées dans deux séries d’attentats-suicides dans la capitale de l’Etat de Borno, dans l’extrême nord-est du Nigeria.

Vendredi à l’aube, trois femmes kamikazes se sont fait exploser dans le faubourg d’Umarari, dans la banlieue ouest de la ville, tuant quatre personnes et en blessant dix-sept, selon l’Agence nationale de gestion des urgences (Nema).

La veille au soir, deux kamikazes avaient déclenché leurs explosifs à l’heure de la prière dans une mosquée du quartier voisin de Molai, tuant 30 personnes, selon la Nema.

Un premier kamikaze a déclenché ses explosifs en entrant dans la mosquée.Le second s’est fait exploser peu après, une fois que de nombreuses personnes eurent accouru pour prêter secours aux victimes, un modus operandi devenu courant chez Boko Haram.

Selon les témoins, le bilan total des deux attaques pourrait dépasser les 60 morts, le double du bilan officiel, souvent minimisé par les autorités.
Toujours à Maiduguri, quatre personnes avaient péri mardi dans trois attentats-suicides quasi simultanés dans le quartier de Ajilari Cross.Dans le même quartier, au moins trois attaques-suicides avait fait au moins 117 morts le 20 septembre.

Si Boko Haram vise très régulièrement Maiduguri, où il a vu le jour en 2002, le groupe islamiste, qui a enregistré de lourds revers militaires depuis le début de l’année, a récemment démontré sa capacité à frapper en dehors de l’Etat de Borno, comme début octobre à Damaturu (État voisin de Yobe - 14 victimes).

L’"Etat islamique dans la province d’Afrique de l’Ouest", la nouvelle dénomination de Boko Haram depuis son allégeance en mars à l’organisation Etat islamique (EI), avait aussi revendiqué deux attentats-suicides qui avait tué 18 personnes le 2 octobre à Abuja, capitale fédérale du Nigeria, au coeur du pays, à 1.000 km au sud-ouest de Maiduguri.

 Vaincre Boko Haram d’ici décembre -

Boko Haram frappe également les pays voisins - Tchad, Cameroun et Niger - alliés militaires du Nigeria dans sa lutte contre le groupe islamiste dont le président Buhari a fait sa priorité.

Mercredi, le président Buhari avait réaffirmé sa "totale confiance" dans son objectif de mettre un terme d’ici la fin de l’année à l’insurrection de Boko Haram qui a fait au moins 17.000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés depuis 2009.

Les forces armées sont "bien placées pour tenir l’échéance de décembre qu’elles ont reçue", a affirmé le président dans un communiqué.
Selon un décompte de l’AFP, au moins 1.350 personnes ont été tuées depuis la prise de fonctions de Muhammadu Buhari fin mai.
Le président a néanmoins réaffirmé mercredi que "la capacité d’attaque sera totalement détruite" avant la fin de l’année.

Vendredi, le chef d’état-major des armées nigérianes, le général Tukur Burutai, a affirmé que "les prochains jours seront cruciaux", dans un message aux forces armées.

"Notre souveraineté en tant que nation est menacée.Notre capacité à faire face et vaincre les terroristes de Boko Haram dans les prochaines semaines déterminera l’avenir de notre pays", a affirmé le patron des forces armées nigérianes.
Réunis militairement au sein d’une force multinationale qui peine à se mettre en place, Nigeria, Tchad, Cameroun, Niger et Bénin, ont reçu cette semaine un soutien de taille des Etats-Unis.

Le président Barack Obama a lui-même annoncé mercredi le déploiement en cours de 300 hommes au Cameroun pour contribuer à la lutte contre Boko Haram.Ces forces se consacreront à des opérations de renseignement, de surveillance et de reconnaissance aérienne et "ne seront pas sur place dans un rôle de combat", a souligné la Maison Blanche.

Et elles resteront au Cameroun "jusqu’à ce que leur soutien ne soit plus nécessaire", a ajouté la présidence américaine.
A Washington, des sources proches du dossier ont indiqué vendredi que les Etats-Unis vont également mener au Nigeria des opérations de renseignement et de surveillance contre Boko Haram.

"Il s’agit de faire de la collecte de renseignements et de la surveillance" mais pas de combattre, a affirmé une source sous couvert de l’anonymat.