Prison centrale de Yaoundé : Les Vip réfléchissent sur Judas
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Une conférence très engagée, animée par Gervais Mendo Ze et modérée par Urbain Olanguena Awono a eu lieu vendredi à Kondengui.

Vendredi 3 avril 2015, la salle de conférences du quartier des mineurs de la prison centrale de Yaoundé a reçu du beau monde. Inoni Ephraïm, ancien Premier ministre, Jean Marie Atangana Mebara, ancien secrétaire général à la présidence de la République, Urbain Olanguena Awono, ancien ministre de la Santé publique, etc. Jean Baptiste Nguini Effa, ancien directeur général de la Scdp... Médard Bomotoliga Koalang, le régisseur de la prison, est également là pour assister à une conférence-débat. « Nous sommes vendredi saint, le jour où Jésus est mis à mort par les hommes, où il souffrit sa passion.

Tous les croyants sont concernés et surtout les chrétiens engagés », a indiqué Urbain Olanguena Awono, le modérateur. L’ex-Minsanté va préciser que dans le cadre de la pastorale de la prison de Kondengui, le Pr Gervais Mendo Ze qui, d’après ses termes, « aujourd’hui partage la même infortune que nous », allait entretenir l’auditoire sur le thème « Judas est-il ou non coupable? » Pendant près de trois heures, le conférencier s’est exprimé dans une salle comble. Certains détenus ont même dû suivre la conférence à travers la fenêtre. Inoni Ephraïm a paru triste tout au long du débat et a d’ailleurs rejoint son quartier avant la fin de celui-ci.

Citoyens à part entière

Urbain Olanguena Awono a présenté le conférencier du jour comme une personne connue pour sa grande piété, sa dévotion mariale et son expertise scientifique et livresque incontestables. « Nous sommes en prison, mais nos intelligences ne sont pas en veilleuse. J’ai voulu montrer que les prisonniers sont des citoyens à part entière », a dit Gervais Mendo Ze. Sagissant de la thématique du jour, l’orateur a précisé au début de son propos qu’il ne faut pas confondre Juda (sans s) et Judas (avec s). Il a ensuite présenté Judas, conçu à la suite d’une liaison coupable et qui aurait été maudit par l’époux de sa mère. De cette présentation nourrie de références bibliques, on retient finalement qu’un déterminisme pesait sur Judas. Gervais Mendo Ze a dressé les caractéristiques de Judas : un comploteur, un cupide, le vendeur, le possédé, le traître, le pendu, le mercantile, le maudit (Il est le fils de la perdition, Jean 17, 14), etc.

Il s’est indigné de l’ambition démesurée de Judas qui n’a jamais caché son désir d’occuper des postes politiques importants. Mauvais gestionnaire de la bourse commune, poste à lui confié par Jésus, il finit par le vendre. Sa cupidité l’a amené à le vendre aux sacrificateurs. L’ancien directeur général de la Crtv a indiqué que Judas a agi en coaction avec les chefs religieux, il a facilité l’arrestation de son maître avec des baisers infâmes et il est coupable. « Toutefois, on peut lui accorder des circonstances atténuantes, Judas a aidé Jésus à mourir, à réaliser sa mission », a-t-il ajouté.

Remords

Deutéronome 3, 19 indique qu’après avoir trahi Jésus, plein de remords, Judas jeta les trente pièces issues de la vente du sauveur Jésus dans le temple et se pendit à l’aide d’une ceinture. Interpellé sur la culpabilité réelle de Judas et la contextualisation socio-politique de la thématique du jour, Gervais Mendo Ze a affirmé : « J’ai tenu à me prononcer à la fin. Mon avis est qu’on ne peut pas être plus royaliste que le roi. Le fait que Judas a aidé Jésus à mourir ne le discrédite pas par rapport à la faute. Ses calculs mercantiles sont à redouter, même si nous n’avons pas le droit de décréter le salut ou le non salut d’un homme ».

Nous devons, selon Mendo Ze, éviter de « chercher à devenir à tout prix un grand homme si on n’en a pas les moyens, de prendre les gens pour des objets de troc, de se mettre en intelligence avec les gens méchants pour attenter à la vie des autres, le double-jeu consistant à livrer les autres au dehors. S’inspirant d’un adage bulu, il a lancé : « tu tues quelqu’un et tu l’accompagnes le jour du deuil ». Le conférencier a également conseillé d’éviter « de livrer les personnages de son entourage ». S’appuyant sur un passage de Mathieu, le prof déclare : « chacun a pour ennemi les gens de sa propre maison ». La sentence ou conclusion finale d’Urbain Olanguena Awono est plus dure : « Judas n’est pas un exemple mais je dois dire que les Judas d’aujourd’hui sont plus féroces que le Judas d’hier. Ils vous tuent et ils viennent prononcer l’oraison funèbre. C’est beaucoup plus grave ! » Un message à l’endroit de Paul Biya qu’ils ont servi ?

© Le Jour : Jean-Philippe Nguemeta

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