Dans une déclaration qui suscite une vague de réactions, l’écrivaine Calixthe Beyala s’est dite profondément déroutée par l’attitude d’Aminatou Ahidjo, fille de l’ancien président camerounais Ahmadou Ahidjo. Celle-ci fait l’objet d’une critique inattendue, centrée sur sa loyauté envers le pouvoir actuel, perçu comme celui qui aurait causé la chute de sa propre famille.

« S’il y a une femme qui m’impressionne au monde, c’est Aminatou Ahidjo », déclare Beyala, avant d’ajouter qu’elle est troublée par son soutien au régime qui, selon elle, aurait été à l’origine du malheur familial. Le ton est direct, interpellant la conscience collective autour d’un sujet sensible : l’héritage politique, la mémoire des figures historiques, et le poids des décisions personnelles face à l’histoire nationale.

Cette sortie médiatique s’inscrit dans un débat de plus en plus récurrent au Cameroun : faut-il tourner la page au nom de la stabilité, ou préserver la mémoire au nom de la justice ? Le cas Aminatou Ahidjo devient ici un symbole controversé. Certains y voient une femme d'État tournée vers l’avenir, d’autres une trahison de l’héritage parental.

L'engagement politique des enfants de figures historiques divise souvent les sociétés. Ce phénomène, visible en Afrique comme ailleurs, interroge sur les notions de pardon, de devoir moral et de résilience. Le soutien affiché d’Aminatou au pouvoir actuel, bien que surprenant pour certains, pourrait aussi être interprété comme un choix stratégique ou un acte de réconciliation personnelle.

En critiquant vivement cette posture, Calixthe Beyala soulève une question plus large : peut-on dépasser les blessures de l’histoire sans trahir la mémoire familiale ? À travers ses propos, elle évoque aussi le syndrome de Stockholm, ce trouble psychologique où la victime développe un attachement à son bourreau, une comparaison choc qui soulève le débat.

Dans un pays où l’histoire politique reste un sujet sensible, cette prise de position crée un clivage médiatique et social. La loyauté d’Aminatou Ahidjo, qu’elle soit perçue comme courage ou renoncement, invite à réfléchir sur la complexité des trajectoires individuelles face aux cicatrices nationales.