Emmanuel Nganou Djoumessi : Ministre chargé des scandales
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L’autoroute embourbée

Le reportage, diffusé le 7 octobre par France 24 sur l’élastique et très coûteux chantier de l’autoroute Douala-Yaoundé, en dit long sur l’ampleur des magouilles en cours au ministère des Travaux publics (Mintp). Lancés en 2014 pour une livraison 4 ans plus tard, les travaux, en 2020 et actuellement à l’arrêt, pointent à 60 petits kilomètres sur les 196 de profil. Et, quand bien même le rythme normal serait rétabli, l’affaire ne pourrait se conclure avant 2028. Sans compter que le kilomètre de l’autoroute, évalué à 7 milliards de nos pauvres francs, s’avère comme un des plus chers au monde.

La faute, apprend-on, à une série de dysfonctionnements et d’incuries. Il y a d’abord Eximbank China, qui finance ce projet à hauteur de 85% et estime que le gouvernement camerounais ne présente aucune garantie de remboursement. Toute chose qui, selon le directeur exécutif du constructeur China HighWay Engineering, Weng, «a bloqué» les financements assurés à hauteur de 85% par l’empire du Milieu. Sans compter que le processus de paiement des expropriations n’est pas assuré depuis 6 ans. A ce jour, Emmanuel Nganou Djoumessi, au nom de la transparence dans les affaires publiques, n’a jamais cru devoir expliquer les raisons de ce piétinement. Ou plutôt si ! Dans certains médias encartés, il a fait, indirectement, invoquer des aléas infrastructurels.

Et on annonce, désormais, 90% de taux de réalisation pour une consommation financière estimée à 90% et 96% pour les délais. Le vrai vaudou. Le 5 octobre, le Mintp a publié un communiqué portant présélection des groupements Sogea- Satom-Raz e l -Fayat - Vinci, Mota Engil Engenharia e Construçao Africa ainsi que Synohydro- Pcrb-Sdhs , appelés à accompagner le gouvernement pour le financement, la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance de la phase 2 (136km) dudit chantier, sur le modèle partenariat public-privé. Autrement dit, on repart à zéro sur une affaire qui semblait acquise. Le nouveau modèle, qui induit le préfinancement des travaux par lesdites entreprises, devrait préparer l’usager à saigner financièrement afin que les constructeurs rentrent dans leurs frais. C’est la traduction concrète d’une navigation à vue.

En poste depuis le 2 octobre 2015, M. Nganou Djoumessi aligne en effet un très enviable palmarès dans le domaine de la construction des routes – pour n’évoquer que ce domaine. Qui se souvient encore que, à la suite d’une vrombissante visite de terrain, le 7 août 2019 sur le chantier de construction de la pénétrante est de Douala, le Mintp avait décidé de la résiliation du contrat avec le groupement Weihai Railway Economic et Technical Cooperative Co Ltd/China Railway 14th Bureau Group Co Ltd (Wietc/Crcc14) ? Axe névralgique d’entrée dans la métropole économique, c’est également un enfer, pour les usagers du fait l’étroitesse et de la mauvaise qualité de la chaussée, qui s’ajoute à un parc automobile toujours aussi grandissant. L’élargissement et la réhabilitation de cet axe s’avèrent prioritaires, au vu du cahier de charges accepté par le Cameroun par rapport à l’organisation du Championnat d’Afrique (Chan) et de la Coupe continentale (Can) de football, finalement programmés pour 2021.

C’est pourtant le même Emmanuel Nganou Djoumessi qui, invoquant «des mesures exceptionnelles de passation des marchés», portant sur une distance de 9km, avait déjà tenu à passer, de gré à gré et en procédure d’urgence, le même marché de réhabilitation et de contrôle pour près de 5 milliards de francs le kilomètre bitumé. Soit 45 milliards pour les 9km. A l’époque, et à son collègue en charge des Marchés publics (Minmap) d’alors, Abba Sadou, le Mintp demandait à l’époque de «suspendre les procédures de passation des (…) appels d’offres » y relatifs. Tout était donc, manifestement, déjà réglé en amont. La preuve : M. Nganou Djoumessi se proposait d’attribuer lesdits travaux au groupement d’entreprises Razel- Bec/Razel Cameroun, et leur contrôle au groupement Bet-Scet Tunisie/Beta Consult.

L’affaire se nouait sur fond de rétro-commissions. Le 3 décembre 2019, le Mintp signait un contrat commercial avec l’entreprise Magil, soulignant que le prestataire «dispose des capacités techniques et financières avérées pour accompagner le gouvernement dans la réalisation de cette importante infrastructure», qu’«elle a fait ses preuves dans le cadre des travaux de réhabilitation du stade de la Réunification à Douala, et permettra certainement d’atteindre les objectifs intermédiaires urgents fixés, à savoir le maintien de la circulation, de la signalisation et de sécurité routière et, la mise en circulation d’au moins quatre voies (sur les six prévues) dans la perspective du Chan 2020». A ce jour, et alors que ladite compétition est attendue dans moins de trois mois, strictement rien n’a avancé sur le terrain.

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