Yaoundé : Un air de ville morte
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Rues désertes, commerces et autres magasins sont restés fermés jusqu’à 12h. Aux alentours de13h, la vie a repris petit à petit son cours.

Une ambiance morose règne sur la capitale ce mardi,22 septembre 2020.Il est 9h 12 au carrefour Etoa Meki, quartier populaire de la ville. Juste quelques boutiques sont ouvertes, pour permettre aux uns et aux autres de se ravitailler. « J’ai ouvert ma boutique depuis 6h pour faire un peu de recette et je compte fermer lorsque les marches vont commencer. Je ne veux pas que ma boutique soit vandalisée », raconte Diouf, boutiquier.

Dans ce même carrefour, une voiture de la police est garée. À côté d’elle, une dizaine de policiers, armés, guettent les va et vient des usagers. « Je voulais me rendre au travail, mais la présence des forces de maintien de l’ordre dans chaque coin de la ville m’intimide. Je ne veux pas être confondu aux marcheurs », explique Tom Nguidjoe, mécanicien. « Il n’y a presque personne dehors. Je tourne à vide puis le matin. La ville est déserte. J’espère que les choses vont aller mieux d’ici la mi-journée, car j’ai une recette à verser à mon patron », ajoute un taximan. Même au marché central de Yaoundé, les magasins sont restés fermés hier entre 6h et 11h. Du côté d’Odza, l’ambiance est toute aussi calme. Au lieudit « commissariat Messamendongo », zone habituellement embouteillée, la circulation est très fluide. Pareil pour le tronçon Mvan-Mobile Elig Essono.

« Au vu de la situation qui se dessine depuis quelques jours, notre chef d’entreprise nous a demandé de rester chez nous ce jour. Selon lui, il est préférable de ne prendre aucun risque », témoigne Ghislain Nguetsop, communicateur. A des dizaines de kilomètres de là, au quartier Nlongkak, le climat est le même. Magasins, boutiques et autres commerces sont fermés. Des patrouilles de police sillonnent le quartier, gyrophares à l’appui. Winnie Tchuente, commerçante, a dû renvoyer ses livraisons au lendemain. « Ce sont les bruits des gyrophares qui m’ont réveillé autour de 7h du matin. J’avais des livraisons à faire dans la ville ce jour mais, toutes ces patrouilles de police me font peur. Autant mieux tout remettre à demain et rester renfermé chez soi », affirme-t-elle toute craintive.

MRC

Selon des usagers, cette ambiance de ville morte fait suite aux « marches pacifiques » organisées ce 22 septembre 2020, parle Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). « Les dernières marches organisées par ce parti politique ont mal tourné et des innocents se sont retrouvés en prison. Je ne veux pas être mêlé à ces marches, raison pour laquelle je préfère d’abord rester chez moi en matinée, et observer comment va se dérouler la journée », explique Thomas Ebanda, entrepreneur. Emmanuelle Elenda, graphiste, ajoute :

« J’ai vu sur les réseaux sociaux que les marches ont mal tourné à Douala. Ça peut aussi dégénérer à Yaoundé. C’est la raison pour laquelle je n’irai pas à mon atelier aujourd’hui. Si les choses restent calmes, je pourrai sortir dans l’après-midi ». Aux alentours de 13h, la vie reprend petit à petit son cours. Au carrefour Etoa Meki,la patrouille de police n’y est plus. Les magasins ont ouvert et, on note une affluence dans les débits de boisson. A Bata Nlongkak, le constat est le même. Marie-Noëlle, tenancière d’un restaurant dans ce quartier, ouvre à peine ses portes.

« J’ai ouvert le matin mais vu la tendance du jour, j’ai préféré fermer. Maintenant que tout est calme, je peux recevoir mes clients en toute quiétude », dit-elle. François-Xavier, enseignant, profite de ce retour au calme pour aller rendre visite à sa maman hospitalisée. « Vu que la ville était militarisée depuis ce matin, j’avais peur de sortir et être confondu à un militant du MRC. C’est quand j’ai vu du monde dans les rues que j’ai finalement décidé d’aller rendre visite à ma maman qui est souffrante », raconte l’enseignant.

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