Ce que la fin du Dernier Bamiléké dit du Renouveau et de son essoufflement !
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Lettre ouverte de Ma Maptué, une mère éplorée qui est aussi une fille défigurée à Paul Biya, Président de la République du Cameroun

“Fiat veritas, et pereatmundus.” Hannah Arendt

« Si vous me poursuivez Prévenez vos gendarmes Que je n'aurai pas d’armes Et qu'ils pourront tirer. » Boris Vian

Monsieur le président, Je vous fais une lettre que non seulement vous ne lirez pas mais que vos partisans et les membres de votre cour feront tout pour vous convaincre qu’elle est impertinente, insidieuse, et dangereuse. Heureusement déjà compromise, je peux me permettre de vous écrire avec une franchise rude toutefois étoffée par une humilité questionneuse comme l’aurait dit René Char. Le 19 mars dernier, notre pays perdait un de ses plus grands enfants : le patriarche Fotso.

Plus qu’un patriote, il était un nationaliste qui a participé à la construction et au rayonnement de notre pays et de notre continent. Sa mort et la catastrophe ignominieuse qui a suivi sont le reflet de sa fin massacrante qui est hélas, également, celle de trop de dignes concitoyens qui vous ont soutenu avec ferveur certains de se dépasser et de servir ainsi leur patrie. Le Cameroun est bel et 1/3 bien non pas un no man’s land mais un no country for old men dans lequel il ne fait bon ni vieillir ni mourir. Votre absence ne s’expliquant que par l’ignorance des conditions de son décès, je me dois de vous apprendre qu’il a atrocement souffert. Il était le Dernier Bamiléké et a donc tu dignement sa douleur afin de ne pas mettre en scène son chagrin, son désespoir et ses humiliations.

Je n’ai pas les mêmes contraintes. Le fait de n’être pas encore son égal et de ne pas avoir la même histoire me donne autant de liberté que ma marginalité. La pudeur et l’orgueil ayant desservi mon père, j’en fais abstraction pour vous confirmer que mon père a fini sa vie seul sans qu’une femme ou un enfant ne soit là pour lui tenir la main et fermer ses yeux. D’où il se trouve, nos morts ne meurent jamais, il se demande si vous saurez vous rappeler de ses services exceptionnels à l’état camerounais.

Vous avez envoyé une lettre de condoléances à sa famille sans aucun doute sincère mais inadéquate. La mort de ce personnage emblématique exigeait plus. Les obsèques du Patriarche Fotso auraient dû être un moment de deuil et recueillement nationaux auxquels votre gouvernement et vous auriez dû participer pleinement. Cela aurait créé un consensus qui aurait au minimum mis à mal ce doute tapageur et nocif qui grandit de jour en jour dans notre société sur notre capacité à construire un avenir commun radieux plus égalitaire. Cela aurait empêché un désordre familial qui est à l’image du désordre national. Il n’a été possible que parce que vous avez fait le choix violent et anhistorique du silence en encourageant ainsi d’autres à faire celui de l’indifférence, de la complaisance et de vénalité.

L’honneur que j’ai d’être la fille handicapée de Fotso qui est aussi sa mère me permet, bien que je ne serai pas écoutée mais blacklistée, insultée et lynchée, de parler consciente de prêcher dans le désert. Je rejette le confort luxueux et nuisible du silence et de l’oubli. N’ayant pas pu accepter que la vulgarité, la vacuité, et la vénalité triomphent, j’ai travaillé dans la rage pour restaurer l’honneur et la gloire de Fotso et lui organiser des hommages internationaux. C’était aussi une manière flamboyante de vous mettre devant votre responsabilité en espérant que vous ne ferez pas de nouveau le choix de la défaite.

Je vous fais, Monsieur le président, la plus belle des offrandes : l’opportunité de donner un second souffle au Renouveau. Je vous invite personnellement à la Cathédrale Saint Louis des Invalides de Paris pour la messe privée qui se tiendra le 17 septembre prochain à 14h30 et vous prie humblement d’encourager vos militants et partisans à assister en patriotes ou nationalistes aux 2/3 messes publiques qui suivront à 18h à l’église Saint Sulpice le même jour et le 24 octobre à la Cathédrale Saints Michel et Gudule de Bruxelles. Monsieur le Président, comment ne saurez-vous pas ainsi exprimer votre fierté de l’excellence camerounaise lorsqu’encore une fois, notre pays rayonnera sur la scène internationale ? Comment pourrez-vous convaincre notre jeunesse que Fotso est un exemple et qu’une vie de nationaliste vaut la peine d’être vécue si elle se termine par des obsèques dont l’indignité et la vulgarité sont trop absurdes, injustes et honteuses pour être camouflées par un avion privé, une piètre médaille posthume et d’autres accessoires clinquants mais tout aussi ridicules ?

Monsieur le président, je sais qu’en vous demandant l’évident et l’honorable, je vous demande l’improbable. Le contexte de notre pays rendra le geste provocateur et dangereux alors qu’il n’est que celui d’une infime qui aime son père et d’une mère qui protège la dépouille de son enfant des vautours qui l’attaquent sans décence. Malgré les risques, j’occulte le fait que pour trop de camerounais vous êtes un demi-dieu à qui on ne doit rien reprocher mais tout sacrifier. Je blasphème. Je pense au patriarche Fotso en dépassant ma condition de sous-femme et en ne préoccupant point des cultures patriarcales locales qui ne me donnent aucune chance d’être entendue.

Cependant, en plus d’être camerounaise, je suis profondément New-yorkaise qui croit en la justesse de son combat et la beauté de sa colère. Mes convictions me donnent l’audace de transgresser toutes les règles pour vous demander de m’aider à réaliser l’ultime rêve du dernier Bamiléké, mon enfant qui a toujours su se battre et se faire mais qui aujourd’hui ne peut plus se défendre. Votre silence et votre absence aux hommages du patriarche Fotso tout comme les insultes et les coups de vos partisans acteront l’échec du renouveau. La preuve sera faite ainsi sur la scène internationale que Fotso a eu tort de mettre son village et son pays au-dessus de sa famille en croyant aux belles et nobles promesses du libéralisme communautaire.

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