Ambassade du Cameroun en France : Les dessous du limogeage d’Alfred Nguini
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Ambassade du Cameroun en France : Les dessous du limogeage d’Alfred Nguini :: CAMEROON

Remplacé par un frère du village, André-Magnus Ekoumou en l’occurrence, le diplomate se retrouve au chômage un an et trois mois seulement après son affectation à Paris.

Des informations contradictoires circulaient au sujet de l’ambassadeur du Cameroun en France depuis la première moitié du mois de mai dernier. Alors que d’autres sources disaient Alfred Nguini en congé, ce qui, d’après elles, justifiait la signature le 21 mai par le chargé d’affaires par intérim de l’ambassade, Antoine Ahmadou, et non pas par le chef de mission diplomatique lui-même, du communiqué annonçant la reprise des vols commerciaux de la compagnie Air France vers le Cameroun et vice-versa à partir du 25 mai; le panafricain Jeune Afrique renseignait de manière péremptoire, le 07 mai, que le diplomate avait été rappelé à Yaoundé – notification lui aurait été faite depuis fin avril. Quelques jours après, le 12 mai pour être précis, Alfred Nguini rejoindra le pays par un vol spécial affrété par le gouvernement pour le rapatriement de citoyens Camerounais bloqués à l’étranger du fait du coronavirus. Il loge depuis lors à l’hôtel Mont Febe de Yaoundé.

Brigade anti-sardinards

L’officialisation de son limogeage, hier mardi par le président de la République, Paul Biya, est un cinglant désaveu pour l’ancien ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Cameroun en Côte d’Ivoire (2008- 2019), qui, depuis sa promotion à Paris, entretenait des rapports sulfureux avec certains de ses plus proches collaborateurs, à l’instar du percepteur de l’ambassade, Christophe Ketchankeu. Le 09 avril dernier, Alfred Nguini avait reproché à l’argentier de la représentation diplomatique le fait d’avoir payé tardivement (et par chèques) les salaires des personnels de son cabinet, alors qu’il l’avait instruit de les payer en espèces parce que ceux-ci, à l’en croire, ne disposaient pas encore de comptes bancaires. Cependant, au-delà de ce que l’ambassadeur a qualifié d’ « acte d’insubordination », le percepteur aurait demandé, avant de délier les cordons de la bourse, à voir clair sur la procédure ayant conduit au recrutement desdits personnels.

Avant d’effectuer son voyage retour au Cameroun, Alfred Nguini avait également signé une note de service interdisant l’accès dans l’enceinte de l’ambassade au deuxième secrétaire de la représentation diplomatique, « quel que soit le prétexte ». Dans ledit document, il reprochait à Barthélémy Ongolo non seulement son « attitude irrévérencieuse et de défiance ouverte » vis-à-vis du chef de mission qu’il était, mais également ses « rapports incestueux » entretenus « depuis plusieurs années avec la Brigade anti-sardinards (Bas) qu’il « cherchait à mettre à contribution pour commettre », avant son départ en République démocratique du Congo (Rdc) où il est affecté depuis janvier 2020, « un forfait similaire à celui dont l’ambassade a été l’objet le 26 janvier 2019 » - elle avait été mise à sac par des membres de la diaspora hostile à Paul Biya et son régime. S’il ne s’agit pas simplement pour Paul Biya d’apaiser les tensions au sein de l’ambassade, quels peuvent être les dessous de ce limogeage qui intervient alors même que les relations entre Paris et Yaoundé semblent être au beau fixe ?

Couloirs

Des sources non officielles, dont le l’hebdomadaire Jeune Afrique, font un lien entre cet épilogue rocambolesque et le dossier de la réfection de l’ambassade, après les casses qu’elle a subies le 26 janvier 2019. Une partie des crédits affectés par le trésor public pour cette cause, soit un montant total de 1,3 milliard Fcfa, aurait été détournée. Alfred Nguini se retrouve ainsi au chômage, un an et trois mois seulement après son arrivée dans la capitale française. Il est remplacé par André-Magnus Ekoumou, originaire comme lui du département de la Mefou et Akono, dans le Centre.

Le nouvel ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Cameroun en France, outre ses fonctions de chargé de missions à la présidence de la République, patronnait l’Instance de coordination nationale (Icn) du Fonds mondial de la santé au Cameroun. Homme de missions et couloirs, c’est grâce à son entregent que le Cameroun aurait régulièrement reçu au cours des dernières années, des subventions colossales pour la lutte contre les endémies telles que le paludisme, la tuberculose et le Vih-Sida.

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