PORT OBLIGATOIRE DU MASQUE : L’exception présidentielle
CAMEROUN :: POINT DE VUE

Cameroun :: Port Obligatoire Du Masque : L’exception Présidentielle :: Cameroon

En ces temps de crise sanitaire, les plus récentes sorties publiques de Paul Biya sont regardées comme des signes de la fluctuation dans le respect des gestes anti-Covid-19.

«Le nombre de personnes infectées augmente de jour en jour, apportant la preuve que la lutte contre cette pandémie est complexe et difficile. J’invite donc chacun de vous à s’y impliquer personnellement. Il est essentiel que les mesures qui ont été indiquées soient absolument respectées par chacun de nous». Sur un ton grave et engagé, Paul Biya a reconnu la gravité de la crise sanitaire et la nécessité de s’en protéger. C’était le 19 mai 2020 au soir. Devant le peuple, le chef de l’État a saisi le prétexte de la célébration à bas bruits de la Fête nationale du Cameroun pour promouvoir les mesures barrière édictées par son gouvernement depuis le 17 mars 2020. Comme souvent avec les donneurs de leçons, l’éternel dicton du «faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais», semble du reste rattraper l’actuel locataire du palais de l’Unité, avec une constante et belle opiniâtreté. Au sein de l’opinion publique, on a déjà pu récemment apprécier ses sorties «sans masque».

Le 16 avril dernier, lors d’une audience accordée à Christophe Guilhou (l’ambassadeur de France au Cameroun), le chef de l’État avait ébranlé plus d’un par un visage dépourvu d’un gadget de protection. Face à François Lounceny Fall, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, le 13 mai 2020, même posture. Peu avant son discours à la nation le 19 mai 2020, Paul Biya, accompagné de ses proches collaborateurs, arpentait les couloirs du palais de l’Unité à visage découvert. Sur ce dernier cliché, une certaine écurie médiatique a vite souligné qu’«en exemple, le président de la République est respectueux du principe de la distanciation sociale».

Et pourtant…

«Paul Biya sans masque, c’est un point central qui n’est jamais rappelé. Certains médias ont continuellement cherché à entraver l’appréciation pourtant nécessaire de l’exemple présidentiel en ces temps de Covid-19», déplore Aloys Bertrand Adiboné. Pour le sémioticien, «visible d’une sortie à l’autre, l’exemple de l’acteur pourrait être regardé comme signe de la fluctuation dans le respect des gestes anti-Covid-19». Par cet affichage sans masque, relève Dr Aboubakar Djamal, Paul Biya passe à côté de l’inculcation d’une morale civique en ces temps de crise sanitaire.

«Dans son discours à la veille de la Fête nationale, il a pourtant repris le crédo inlassablement distillé par son gouvernement. Mais sa propre façon de faire n’exalte guère au port du masque. L’imagination collective étant canalisée par tout un système de représentation, on pourrait croire à une exception présidentielle. Ce qui constitue, à mon avis, un gâchis dans les appels à la protection de tous et de chacun» fait remarquer l’universitaire à la retraite. Sur la toile, un discours acerbe se cristallise. Il oppose le peuple souffrant à une mince couche de dirigeants «cyniques installés en haut».

«Une nouvelle fois, s’il en était besoin, on perçoit la différence qui nous sépare», tranche un internaute. Un autre de renchérir: «l’exemple devrait venir d’en haut».

Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE

Les + récents

partenaire

canal de vie

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo