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© Correspondance de : Samuel Billong
- 04 May 2020 12:08:00
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CAMEROUN :: Et si on revenait à la Pandémie ? :: CAMEROON
Très mauvaise séquence pendant deux jours en pleine crise du COVID-19. On a parlé plus d'autres choses que de la pandémie.
Les masques ne sont pas portés malgré la débrouillardise des camerounaises et des camerounais, la distanciation sociale dans nos marchés et carrefours n'est pas appliquée, elle n'est tout simplement pas applicable dans ces lieux et puis...on apprend que les kits de dépistage sont attendus le 18 avril 2020. Après le don du milliardaire chinois, le pays serait donc en rupture de kits de dépistage en pleine riposte contre le COVID-19?
Oublier tout ceci, le temps de parler des décrets et images présidentiels. On retient néanmoins deux ou trois choses:
Le décret n°2020/193 du 15 avril 2020 portant commutation et remise de peines.
A priori celui-ci vise le désengorgement des prisons dans le cadre de la riposte contre le COVID-19. Quoi de plus normal, beaucoup de pays ont pris cette mesure. Mais en lisant les restrictions à cette mesure, art 4 du décret en question, l'on ne peut s'empêcher de questionner l'efficacité de celui-ci et par extension l'efficacité de l'ensemble des mesures prises dans le cadre de la riposte au COVID-19.
Le décret ne fait aucun cas des prisonniers en détention préventive qui semble-t-il sont majoritaires dans nos prisons y compris ceux dont la durée de détention préventive est supérieure à la peine maximale encourue. Il met dans la même catégorie d'atteinte à la sûreté de l'État, le terrorisme et la fraude aux examens et concours.
Au final, combien de prisonniers vont bénéficier de cette mesure au Cameroun ? A quelle proportion les prisons seront-elles désengorgées? On se pose ces questions lorsqu'on a un souci d'efficacité. Autrement, on décide de l'obligation du port de masque sans masques, on prône la distanciation sociale au Carrefour Ndokoti, au marché Mokolo...chimère, on annonce un testing « massif et généralisé » sans tests....En bref, on fait semblant de bouger tout en restant sur place.
L'autre point à retenir de cette séquence, c'est le post du Pr Maurice KAMTO, Président du MRC sur la vacance du pouvoir et la réponse du Ministre d'Etat Jacques FAMA NDONGO. Plus la réponse d'ailleurs que le post.
Pour le Secrétaire national à la communication du RDPC, la citoyenneté se manifeste uniquement dans le cadre des élections des représentants du peuple. Le citoyen n'a surtout pas le droit d'appeler l'attention de ses représentants sur ce qui à ses yeux peut apparaître comme un disfonctionnement institutionnel. " La saisine par, M. KAMTO (citoyen ordinaire) du Président de l'Assemblée Nationale est donc nulle et de nul effet. S'il était député, il aurait pu Saisir le Président de l'Assemblée Nationale." Avec une telle rigidité, on comprend en passant pourquoi les Docteurs et PhD ont eu à passer trois semaines à la belle étoile pour espérer une réponse à leur sollicitation adressée au MINESUP.
Cette réponse n'est pas seulement un rejet catégorique de la démocratie participative au nom d'une démocratie représentative archaïque. C'est une mise en garde au Président de l'Assemblée Nationale, Preuve de la caporalisation de l'institution parlementaire par le Parti et l'exécutif. C'est au nom de cette caporalisation que les lois à l’initiative des députés sont quasi inexistantes, que pendant plus de 3 ans tout débat sur la guerre au Nord-ouest et au Sud-ouest a été interdit au parlement camerounais, apportant la preuve de l’éloignement des parlementaires aux préoccupations réelles des “citoyens ordinaires”.
Impossible dès lors de compter sur eux pour relever un quelconque disfonctionnement institutionnel et ceci doit bien arranger le Secrétaire National à la communication du RDPC qui dans sa réponse infantilise le Président de l’Assemblée Nationale en répondant à sa place et réduit les citoyens ordinaires au rang des observateurs passifs en fermant tout dialogue entre les citoyens et le parlement.
Au final, on exclut toute initiative citoyenne, on s'assure de la caporalisation du parlement et on entretient des confrontations stériles au moment où la Nation a le plus besoin d'unité pour faire face à un défi planétaire. Confrontations factices qui instillent dans la société les germes d’un affrontement partisan, voire communautaire.
Le troisième et dernier arrêt c'est la vidéo présidentielle. En pleine guerre contre le COVID-19, une vidéoconférence du Président de la République avec le Premier Ministre et les Ministres directement impliqués dans la riposte aurait été plus rassurante pour les camerounais paniqués par le COVID-19. De fait, au-delà de l'inefficacité à priori des moyens engagés dans la lutte contre la pandémie, l'absence de coordination des actions engagées par les différents acteurs est patente. Qui du MINSANTE et du MINRESI est responsable de l'approvisionnement en kits de dépistage ? Comment comprendre que l'arrêté du MINMIDT sur les masques et équipements de protection arrive si tard ?
La pratique institutionnelle et les rapports de forces entre les protagonistes du pouvoir font du Président de la République non seulement le chef de l'exécutif mais le Patron de toutes les autres institutions qui se refusent à assumer effectivement la totalité de leurs prérogatives constitutionnelles. Dans cet état des choses, l'absence du Chef de l’Etat ne peut qu'aboutir à une forme de paralysie. Partout dans le monde et face au COVID-19, les chefs d’Etat ont proclamé la guerre sanitaire et pris des mesures exceptionnelles. Allons-nous rattraper les semaines passées sans le Chef de l'État dans cette guerre contre le virus?
Au-delà des décrets et de la vidéo avec l'ambassadeur de France, nul doute que les regards seront tournés vers le Président de la République pour scruter une accélération dans la riposte gouvernementale qui en l'état est manifestement inefficace. Après tout le Président Biya est, comme il a souvent eu à le rappeler, le Président de tous les camerounais et, si la vidéo « donnant la preuve de vie » est une réponse suffisante aux affabulateurs et aux partisans, les « citoyens ordinaires » attendent la preuve de l’efficacité dans l’exécution des missions constitutionnelles du Chef de l’Etat. Ni plus ni moins.
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