La diaspora camerounaise face à la peur du déconfinement
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Mis en quarantaine depuis début mars, dans l'hexagone, les expatriés du triangle national se préparent à retrouver une vie plus normale, à partir du 11 mai pro- chain.

Pour Marie Lissouck, auteure et présidente de l'Association Cœur de Marie, la situation est inédite, incompréhensible. « Pour moi, le confinement est une punition imposée sans qu'on sache ce que nous avons fait. Mais l'humanité est une équipe. Nous gagnons ou perdons ensemble. Et maintenant nous devons aussi trouver le moyen de nous relever tous ensemble », explique-t-elle.

Celle que l'on appelle affectueusement « La petite plume du peuple », dans le milieu littéraire parisien, ne peut s'empêcher d'avoir une pensée pour tous ceux qui ont été emportés par le virus du siècle. « En pensant à tous ceux qui sont partis, que nous soyons confinés seuls ou en famille dans nos appartements, il nous faut une remise en question.» Une introspection qui passe par une connexion avec une entité transcendante.

Fervente croyante, Marie Lissouck, semble décrypter dans ce confinement, une expérience quasi mystique. « Dieu nous parle... » Fervente croyante, Marie Lissouck, qui n'hésite pas à raconter à qui veut l'entendre que « Jésus est mon ami, mon compagnon et sauveur », voit dans ce confinement, une expérience quasi mystique. « Le confinement doit être davantage vu comme une retraite. Dieu nous parle mais combien de gens vont l'entendre? », s'interroge-t-elle, avant de conclure : « En tout cas nous avons des journées et des nuits entières pour méditer. J'apprécie le présent. Sachant que les choses ne seront plus jamais comme avant. Le nier reviendrait à reconnaître que l'homme n'a rien compris».

Jean Noël Woumo, Reporter photographe, auto entrepreneur, vit très difficilement le confinement. "Du jour au lendemain, je me suis retrouvé être privé de liberté, dans la situation d'un prisonnier, sans avoir commis le moindre méfait."

Incapable de faire quoique ce soit.

Moralement c'est très dur ». Raphaël Nkolwoudou Afane, Senior Legal Counsel dans une entreprise IT qui vend les solutions de Data Centers et de Cloud computing, semble s'accommodé à cette réalité. « Je suis confiné depuis le 9 mars et pour assurer la continuité de service, mon employeur a décidé que les employés feront du télétravail et, c’est une expérience inédite et intéressante. Inédite parce que c’est la première fois que je télétravaillerai de manière récurrente jusqu’à la levée du confinement ».

Il poursuit : « La partie la plus difficile est d’avoir ses gamins autour de soi, te sollicitant de temps en temps alors que tu as un collègue au téléphone, parfois lors d’un échange concernant un sujet important où la concentration est de rigueur. Cependant, lorsqu’une négociation contractuelle par téléconférence est prévue, j’ai pris l’habitude de m’isoler dans la chambre de ma fille avec tout le dispositif de connexion. Heureusement que mon domicile est assez spacieux et nous avons une terrasse et un espace de verdure où les gamins peuvent faire du roller et courir ».

« L'avenir en question»

M. Nkolwoudou trouve un autre avantage à cette expérience. «Le télétravail est également intéressant parce qu’il nous pousse à basculer dans la transformation digitale qui marque en profondeur la manière de collecter, de stocker et d’échanger les informations au 21eme siècle. La rapidité avec laquelle le Covid19 s’est emparé de la planète constitue une sorte de crash test de notre capacité à s’insérer dans ce nouveau paradigme ».

Reste une certaine inquiétude quant à l'avenir. «L’après confinement s’annonce sans vraiment une visibilité et, comment l’aborder dépendra des modalités que les pouvoirs publics définiront d’ici le 11 mai. C’est vraiment avec impatience que j’attends ce jour car, j’ai beaucoup de projets que j’ai mis en berne, et s’y pencher sera mon grand bonheur ». On connaît depuis mardi, 28 avril, le plan de déconfinement du gouvernement français. Et il est loin de rassurer Jean Noël Woumo : « Je suis travail auto entrepreneur. Je vis en fonction des retombées de mon travail qui, dans la plupart du temps, est lié aux grands événements avec du public, en France ou à l'étranger. Comment travailler et gagner ma vie alors que ces événements sont interdits? », s'inquiéte-t-il, à juste titre.

D'autant plus que le confinement, en France, se déroulera en plusieurs phases.

La première allant du 11 mai au 2 juin 2020.

Belgique: Les Camerounais du royaume déconfinés dès le 4 mai

Une nouvelle étape scrutée avec impatience, malgré l'esprit de partage et la bienveillance découverts pendant le confinement. Sophie Wilmès, la cheffe du gouvernement
l'a annoncé vendredi 24 avril, à la télévision.

« Le 4 mai,certaines entreprises,qui ne sont pas en contact avec la clientèle,pourront redémarrer,à condition de faire respecter des consignes strictes de distanciation. Le télétravail restera, dans la mesure du possible, la règle. Seuls les magasins de tissu pourront rouvrir. Le port du masque deviendra obligatoire dans les transports en commun... »

En attendant la date fatidique, les ressortissants du pays des Lions Indomptables, constatent déjà les changements introduits par une vie de reclus. «Depuis la prise des mesures de confinement, en Belgique, entre modification forcée des habitudes et inquiétudes naissantes, les Camerounais du royaume de Belgique sont restés confinés comme l'ensemble des populations belges. Nous sommes nombreux qui avions pour habitude de manger uniquement les mets concocter avec des produits camerounais. Avec le confinement, nombre d'entre nous avons changé d'habitude. Nous avons pris goût à ce nouveau mode de vie », note Hugues Seumo, journaliste, il est également Secrétaire général du Cercle Belgo-Africain pour la promotion humaine (Cebaph), à Bruxelles, dont les objectifs majeurs visent à dénoncer toute forme d’oppression et de répression dans le but de promouvoir le développement du continent africain et l’instauration de l’Etat de droit. « Solidarité, réseaux sociaux... »

Le journaliste, responsable de la communication du Cercle Belgo-Africain pour la promotion humaine (Cebaph), semble particulièrement apprécier les valeurs mises en exergue par ces circonstances exceptionnelles. « En Belgique, il y a eu un élan de solidarité au sein de la communauté camerounaise, notamment durant ces moments difficiles. Sur les réseaux sociaux, les camerounais tout comme des expatriés de plusieurs autres pays sont restés en interaction pendant cette période de confinement. Entre partage des informations axées sur les mesures de protection contre le Covid-19 et l’évolution de la pandémie en Afrique, l'organisation des livraisons des produits du Cameroun et même des kits de sensibilisation et de prévention contre le Covid-19.... à domicile, l'aide aux étudiants camerounais, etc. », relate encore Hugues, insistant sur le fait que « La communauté camerounaise a fait preuve d'un élan de solidarité appréciable. Des gestes qu'il faut encourager et faire perdurer pendant le
déconfinement ». Un moment à la fois très attendu et tellement redouté : « Tout comme les Belges, les Camerounais de Belgique attendent vivement le 4 mai, date de la première phase du déconfinement. Plusieurs d’entre nous, tout comme certains belges, avons peur de la contamination, de la panique dans les transports, du besoin de surconsommation...Surtout, il y a très peu d'espoir que l'épidémie soit complètement finie ». Un bon sens largement partagé.

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