La dot : le glissement ! ...
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Depuis toujours, en pays beti, les jeunes filles sont allées en mariage, coutumièrement parlant, après le versement par le beau-fils et sa famille, d’une dot qui correspondait aux diverses demandes exprimées par leurs parents, leurs familles et, parfois, par de simples membres de la tribu. Mais, cette dot avait, pour but essentiel, de sceller l’union entre les familles des deux jeunes mariés.

En un aucun cas, elle n’était là, ni pour sortir définitivement de la misère la famille de la fille, ni pour ruiner, le plus possible, la famille du beau-fils. Après le versement de la dot, les cérémonies se poursuivaient dans un grand festin que la famille de la fille offrait aux étrangers qui venaient parfois de très loin et qui paraissaient bien fatigués. C’est pour cette raison qu’au tout début, l’affaire revêtait, dans une belle ambiance pleine d’agréables surprises, davantage un caractère bon enfant et symbolique. Il n’y avait pas, dans tout cela, quelques arrière-pensées de commerce ou de profits. D’ailleurs, après le versement intégral de la dot réclamée, une seconde cérémonie suivait : les soeurs de la jeune mariée l’accompagnaient au domicile de son mari, où elles pouvaient laisser des richesses aussi abondantes que celles qui avaient constitué la dot versée …

Malheureusement, depuis un certain temps déjà, chez les Beti, la dot n’est plus du tout ce qu’elle avait toujours été. Elle a totalement perdu son idéal qui consistait à sceller définitivement l’union entre les deux familles de jeunes mariés. Désormais, elle défie le simple bon sens. Si nous pouvions parler comme l’autre, nous dirions volontiers que la dot, chez les Beti, a connu un glissement. Un glissement plutôt de mauvais goût qui, s’il continue de s’accentuer, hypothéquerait sérieusement la célébration joyeuse de nombreux mariages coutumiers.

Pessimiste et alarmiste, nous ?... Vous vous trompez. Nous ne le sommes point. Pour vous en convaincre, ayez plutôt la curiosité de jeter un coup d’oeil dans l’une de ces listes que certaines familles de la jeune fille vous tend et qui porte les détails des articles et marchandises à livrer, en guise de dot. Nous vous invitons à retenir toutes vos surprises, quand vous aurez lu que certaines de ces listes réclament, en plus des traditionnels six cochons de race, sacs de tomates, cartons de poissons (des bars seulement) et casiers de bière, d’autres objets de luxe qui conviennent à l’événement, comme douze parapluies et douze – tenez-vous bien ! -slips. Oui, vous avez bien lu :

douze slips. Seules les tailles et autres mensurations utiles viennent à manquer. En effet, on ne précise pas, dans la liste, qui portera les slips commandés, les beaux-pères et les oncles, ou bien les bellesmères et les tantes. Enfin, les différents feuillets qui détaillent ces différents lots portent, tout en bas, comme une sorte de post scriptum, la même recommandation, souvent soulignée au rouge : « Plus, une grosse enveloppe »… Bien entendu, l’écrivain public de la famille de la jeune épousée veille à préciser le montant de la somme que contiendra la « grosse enveloppe : de 2OO.OOO à 300.000 F. Parfois aussi, ce montant est, soit oublié, soit laissé à l’appréciation de ceux auxquels la demande est destinée. Mais, même dans ce cas, la famille du fiancé connaît parfaitement la limite extrême que sa générosité, si maigre soit-elle, ne doit jamais franchir. Dieu merci !...

Les demandeurs de dots sont des mégalomanes rêveurs ; très souvent, ils sont simples d’esprit. L’idée qu’ils se font d’un homme riche ne va jamais chercher bien loin. Autrement, ce sont des villas sur la Côte d’Azur, des comptes ouverts dans des banques et des vacances à Acapulco qu’ils exigeraient carrément de leurs beaux-fils… Ainsi, à cause de la dot, de plus en plus fantaisiste, la plupart des mariages en pays beti se célèbrent désormais dans des conditions difficiles. Les jeunes couples entrent dans la vie financièrement ruinés.

Mais, cela n’empêche pas que c’est quand même au jeune marié qu’il revient de payer consultations, hospitalisations et ordonnances coûteuses pour la belle-mère, tombée malade trois mois seulement après la célébration du mariage…

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