LA PRESSION FISCALE EN DEBAT: La COMICODI interpelle le Premier Ministre du Cameroun
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LA PRESSION FISCALE EN DEBAT: La COMICODI interpelle le Premier Ministre du Cameroun :: CAMEROON

Monsieur le Premier Ministre. En l’espace de quelques jours, les Chefs des deux principales structures représentatives du patronat, ont exprimé par diverses voies et selon divers moyens, leurs préoccupations voire leurs inquiétudes, sur la PRESSION FISCALE dans notre pays, et ses conséquences pour l’économie.

Je me dois d’attirer votre attention, sur le fait que pareilles sorties sont rares et même très rares, et n’ont pu être possibles, qu’après moult démarches infructueuses, efforts de négociation, tentatives de rapprochement des positions, appels directs et indirects, manifestations silencieuses et même supplications. Certes, les patrons n’ont jamais cessé de dire ce qu’ils pensent sur la marche des affaires, le climat macroéconomique, les perspectives d’investissements et l’attractivité de notre pays, mais jamais un tel coup de sang, ne s’était fait de façon aussi directe, claire et émouvante.

Malheureusement, au lieu d’en dégager une réflexion approfondie et sérieuse, le Gouvernement par son attitude peu coopérative, a plutôt choisi de laisser prospérer dans la presse, des relents de haine, de calomnie, d’injures et de provocations, dans une logique qui consiste à cogner les têtes, sinon à banaliser les causes les plus justes.

Monsieur le Premier Ministre,

J’ai l’honneur de vous exprimer mes plus vives inquiétudes devant la réaction du Gouvernement, et les insinuations malveillantes voire irresponsables générées dans l’opinion publique. Les plaintes du patronat arrivent même tard, et ne vont pas assez loin. Il est en effet devenu difficile y compris pour des créateurs, promoteurs et investisseurs honnêtes, de faire face aux caprices de notre administration fiscale. L’Agent d’Impôt, appelons-le ainsi, quel que soit son niveau de responsabilité et son statut, se présente plus souvent en attaquant, en accusateur, en collecteur forcé et en ennemi, et moins en conseiller, en responsable conscient avec des intentions saines.

Ce que les grands patrons expriment aujourd’hui à leur niveau, n’est rien par rapport aux ressentiments des tous petits débrouillards, des très petites entreprises et des commerces de proximité. Ce que font les fonctionnaires des impôts au plus haut, les agents des collectivités décentralisées le font avec des couteaux, des coups de poing réels, des casses, des injures mêlés à du vol et des braquages à ciel ouvert. Nous sommes saisis presque quotidiennement de ces abus vexants.

Deux tendances se dégagent donc comme conséquences depuis une dizaine d’années : Les grands investisseurs délocalisent ou entrent dans la spéculation immobilière et le blanchiment, pendant que les petites unités, les commerces et toutes sortes de débrouillards qui avaient commencé de bonne foi à honorer leurs obligations fiscales, abandonnent et se muent en invisibles, préfèrent l’informel, développent des magasins virtuels selon la tactique du « shoot and run ».

La situation est donc très grave, et il suffit de descendre vraiment sur le terrain, de discuter avec les promoteurs des entreprises, pour capter la substance des récriminations des patrons. L’impôt pour l’impôt n’a jamais fait du bien à une économie, et la pression fiscale ordonnancée sans concertation réaliste, plurielle, polyvalente et multidimensionnelle, constitue un vrai crime contre l’économie. Si au moins cette pression fiscale produisait des résultats palpables et visibles au plan des développements infrastructurels, on pourrait commencer à la regarder et à la juger autrement. Hélas, c’est d’abord à l’enrichissement individuel et à l’entretien d’un niveau et des styles de vie artificiels pour quelques petits et hauts fonctionnaires, que profite notre galopée fiscale fantastique. Au bout du compte, elle compromet la stabilité et la transparence de l’assiette fiscale, tue l’outil de travail, encourage le chômage, ruine la crédibilité du climat des affaires, et met à mort le génie investisseur.

La pression anormale compromet donc tout, et le dire, n’est pas un vain mot ni une image surréaliste. Une économie trop soumise à la pression des impôts, particulièrement dans un contexte caractérisé par l’imperfection et ou l’inexistence des mécanismes effectifs de médiation et d’arbitrage, ne peut jamais générer une croissance, une croissance réelle. Elle ne peut générer qu’une croissance fictive et artificielle. Dans ce cas l’assiette fiscale ne sera jamais qu’un condensé d’éléments financiers résultant plus du braquage, que du rendement honnête des outils de production des biens et des services.

La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination vous recommande vivement et urgemment, de convoquer une grande réunion de concertation pour examiner ce dossier, tant le risque est grand qu’une absence de réponse à la plainte du patronat, débouche sur une désorganisation complète des rapports entre l’administration fiscale et les promoteurs. On ne peut pas, on ne saurait concevoir une collaboration de maître et d’esclaves, lorsqu’il s’agit de la relation entre les producteurs de richesse et générateurs des biens et des services d’une part, et les décideurs et superviseurs politiques d’autre part. Si la règle devient « Paye et tais-toi », alors il n’y a plus de dialogue, et nous allons continuer à accumuler des déboires dans tous les sens du terme. Les agents de l’Etat vont certes continuer à s’enrichir illicitement, mais l’Etat va devenir de plus en plus pauvre et répressif, sciant la branche sur laquelle il est assis.

Je veux formuler l’espoir que cette prise de position, éveille votre attention et illumine votre conscience, sur la nécessité d’agir vite et bien. Ne vous fiez pas aux multiples commentaires de presse commandés et payés au prix fort, pour dénigrer la sortie des patrons. Le procédé de banalisation, de ridiculisation et d’humiliation des bonnes causes dans notre pays est dorénavant bien huilé. En effet ce procédé consiste à déverser des dizaines de millions de l’argent public acquis frauduleusement et gaspillé sans foi ni loi dans les médias, pour tuer toute demande, toute revendication, toute proposition et suggestion, toute plainte voire une simple remarque.

NOTRE PHILOSOPHIE FISCALE, NOS MECANISMES FISCAUX, LA MENTALITE DE NOS AGENTS D’IMPOSITION, DE COLLECTE ET DE CONTROLE SONT INACCEPTABLES. IL FAUT LES CHANGER./.

Avec ma haute et fraternelle considération./.

SHANDA TONME

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