Contentieux pré-électoral : Hervé Emmanuel Nkom écarté par Jean Michel Nintcheu
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C’est assurément l’un des dossiers les plus pétillants parmi les 55 examinés par le Conseil constitutionnel hier, en vue des législatives.

C’est un truisme que d’affirmer que le contentieux préélectoral comptant pour le double scrutin municipal et législatif de février 2020 était très attendu. Hier 19 décembre, le Conseil constitutionnel, compétent en la matière pour les législatives, a mis toute la journée pour vider les 55 dossiers inscrits au role de son audience. Un moment d’intenses débats passionnés entre les protagonistes. Entre « irrecevable » et « recevable », le président du Conseil constitutionnel, Clément Atangana devait ainsi trancher sans parti pris, souvent même contre le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), lorsque celui-ci était face à l’opposition. En témoigne cette victoire de Jean Michel Nintcheu du Social democratic front (Sdf) face à Hervé Emmanuel Nkom du Rdpc, en course dans la circonscription de Wouri-Est. Ce dernier a été déclaré inéligible. Au fond, le candidat du parti de la balance a soulevé la nationalité française du candidat du parti au pouvoir. S’appuyant sur la loi de 1968 sur la nationalité, le conseil du Sdf a rappelé que cette même situation de bi-nationalité a favorisé la fermeture des portes du barreau camerounais à Hervé Nkom.

Pour se défendre, le conseil du Rdpc a vite fait de déclarer le Conseil constitutionnel incompétent pour juger de la nationalité. Pour Grégoire Owona et Benoît Ndong Soumhet, le débat porté par le Sdf devant le conseil « n’est pas une question de droit, mais bien une question politique ». Tout simplement parce que l’avocat de Jean Michel Nintcheu « a juste peur de son adversaire, Hervé Emmanuel Nkom », puisque « lui-même candidat dans la circonscription Wouri-Est ». Et le président du Conseil constitutionnel de les rassurer : « Il n’est pas demandé au conseil de juger de la double nationalité de l’intéressé, mais plutôt de le constater. » Jean Michel Nintcheu et son avocat sont allés même jusqu’à réveiller les morts en invoquant le cas de feu Alexandre Biyidi, alias Mongo Beti, qui en 1997 avait candidaté pour le Sdf mais s’est vu recaler au motif de sa double nationalité.

Vu l’ampleur des discussions, le collège des juges constitutionnels a dû suspendre l’audience pour se concerter. À la reprise, le Sdf l’a emporté. Autre victoire du Sdf, c’est encore face au Rdpc. Evaritus Ndim Njong a obtenu le rejet de la liste du parti des flammes dans la circonscription du Boyo (région du Nord-Ouest) pour « nonrespect de la prise en compte du genre » qu’exige l’article 164 (4) du code électoral. En revanche, le Rdpc a obtenu le rejet de la liste du Sdf dans la circoncription Ngoketunjia-Sud. Pareil contre l’Andp. Au cours de l’audience, Elections Cameroon (Elecam) a également plié l’échine face à certains partis de l’opposition. C’est le cas du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn). Le parti dirigé par Cabral Libii a notamment eu gain de cause dans deux circonscriptions de la région du Centre, à savoir le Mbam et Inoubou et la Sanaga-Maritime. Par contre, les recours du Pcrn ont été rejetés dans certaines circonscriptions du septentrion, en l’occurrence le Mayo-Banio, la Vina, le Mayo-Kani Est. Toujours face à Elecam, l’Undp a été remise en course dans la circonscription de la Vina, le Mayo-Louti et le Logone et Chari.

Upc

Après la confrontation Jean Michel Nintcheu et Hervé Emmanuel Nkom, le clash entre les deux factions de l’Union des populations du Cameroun (Upc) a été spectaculaire. Traversée par des batailles fratricides, l’Upc avait vu toutes ses listes initialement rejetées par Elecam. L’on en a encore eu la preuve hier devant le juge constitutionnel où les deux branches du parti historique ont étalé leur linge sale. Le portail des camerounais de Belgique (@camer.be). Robert Bapooh Lipot et Pierre Nkot Baleguel, puisqu’il s’agit d’eux continuent de ferrailler autour du fauteuil de secrétaire général (Sg). Les deux Sg ont à tour de rôle brandi leurs faits d’arme pour se convaincre chacun d’être le digne héritier de l’âme immortel de Ruben Um Nyobe. Le style oratoire développé par chacun ici donnait l’impression d’être dans une agora de l’antiquité grecque ; tellement les orateurs en avaient dans le ventre pour se jeter mutuellement à la figure « vous n’avez ni la légalité ni la légitimité » pour être Sg de « la vraie Upc ».

Au cours de leurs longues tirades où le ministre de l’Administration territorial a été accusé de jouer du « ponce pilatisme », le président du Conseil constitutionnel se devait d’incarner « le roi Salomon en coupant l’enfant en deux », ainsi que l’ont invité à le faire les protagonistes. Au final, Pierre Nkot Baleguel s’en tire avec la validation de ses listes dans la Sanga-Maritime, la Haute-Sanaga, le Wouri-Est, le Mfoundi. Bapooh Lipot quant à lui aura sa liste dans le Wouri-Sud. Mais l’Upc sera absente dans son bastion du Nyong-Ekelle.

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