Un couple demande le divorce pour s’unir à l’église catholique
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Marié il y a 12 ans sous le régime de la polygamie, un couple veut dissoudre son union. Il souhaite célébrer leur mariage religieux à l’église catholique, mais, le choix antérieur de leur régime matrimonial est un obstacle. Le curé de la paroisse leur conseille le divorce.

Ils étaient pourtant assis côte à côte, jusqu’à ce que leur affaire soit appelée. Quand est venu leur tour de se présenter devant le juge du Tribunal de premier degré (TPD) de Yaoundé le 20 novembre dernier, Emmanuel et Sonia se sont avancés d’un pas rassurant, bras déçus-dessous, tout beaux et tout souriants. Personne ne pouvait imaginer qu’ils sont en instance de divorce, jusqu’à ce que le motif de leur présence soit évoqué par le tribunal. C’est Emmanuel qui a introduit une requête en divorce devant cette juridiction. Il veut mettre un terme à son mariage avec Sonia son épouse et mère de ses trois enfants encore en bas âge.

Curieusement, aucun motif de divorce n’a été évoqué dans l’acte de saisine. Pourquoi sollicitez-vous le divorce? A aussitôt interrogé le juge. Emmanuel est resté bouche bée pendant un moment, avant de rétorquer. «En réalité madame la présidente, nous ne voulons pas divorcer». Une réponse embarrassante, qui a créé la confusion dans l’esprit du tribunal et des justiciables présents dans la salle d’audience. Pour la petite histoire, c’est en 2006, lors d’un baptême organisé par la famille de l’époux que Emmanuel et Sonia se sont rencontrés pour la première fois. Tout au long de la réception, ils ne se sont pas quittés des yeux. A la fin du gala, les amoureux se sont donnés rendez-vous dans un restaurant de la place, question pour eux de mieux se connaître. Ils ont alors décidé de se donner une chance, bien qu’étant de coutume distinctes.

Emmanuel est originaire de la région de l’Ouest, et Sonia est quant à elle de tradition Béti. C’est en mai 2012 qu’ils décident d’officialiser leur relation dans un centre d’état civil de la ville de Yaoundé. Ils ont opté pour le régime de la polygamie et la communauté des biens. Depuis ce jour, les deux tourtereaux ne se quittent plus et vivent une vraie histoire d’amour. Le portail des camerounais de Belgique (Camer.be). Trois enfants encore mineurs sont nés de cette idylle, et Sonia attend un quatrième rejeton. Bien qu’ayant opté pour le régime de la polygamie, Emmanuel n’a pas pris une seconde épouse. Tout au long de leur vie maritale, le couple semble n’avoir jamais eu de problèmes. Leur péché, souligne le mari, a été le choix de leur régime matrimonial, qui aujourd’hui, est un véritable obstacle à leur vie religieuse.

Divorce sans motifs

En 12 ans de mariage, le couple s’est donné corps et âme au service du seigneur dans une église catholique de la ville. Au regard de leurs responsabilités respectives au sein de leur diocèse, le conseil paroissial leur a imposé d’officialiser leur union à l’église. Ayant été préalablement mariés sous le régime de la polygamie, les époux ne peuvent pas bénéficier de ce privilège. «L’église catholique est contre les mariages polygamiques. Quand le curé a constaté que nous sommes unis sous le régime de la polygamie, il nous a interdit de prendre la communion. C’est lui qui nous a conseillé de dissoudre notre premier mariage, et de nous remarier sous le régime de la monogamie. Selon lui, c’est la seule solution pour célébrer notre union à l’église. C’est la raison pour laquelle nous avons saisi votre tribunal», a expliqué Emmanuel.

Après avoir entendu le plaignant, le tribunal s’est rendu compte qu’Emmanuel n’a évoqué aucun motif de divorce. «Le tribunal n’accorde pas le divorce sans motif valable. Au Cameroun, il n’y a non plus de divorce par consentement mutuel. Il n’y a-t-il pas d’autres voies de contournement pour ne pas en arriver là ? Avez-vous respecté toutes les conditions préalables relatives à la célébration d’un mariage avant de vous marier ? La loi n’a-t-elle pas prévue une procédure en changement de régime matrimonial?», S’est interrogée la juge. Après renseignement auprès de sa hiérarchie, elle s’est résolue à dissoudre cette union, en imaginant les motifs de divorce.

Emmanuel reproche à son épouse les faits d’abandon du foyer conjugal, et dans une requête reconventionnelle verbale, Sonia accuse son mari de sévices corporels. La dame, qui se dit plus engagée dans les activités de l’église que son époux, souhaite que le divorce soit prononcé aux tors de ce dernier. «Je ne veux pas porter un préjudice qui va me dévaloriser au sein de mon association chrétienne. Je n’ai jamais déserté le domicile conjugal. J’aime mon mari, et je suis impatiente de me marier avec lui à l’église», a-t-elle souligné. Verdict, le 18 décembre 2019.

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