Quelle race, les Camerounais !
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Quelle race, les Camerounais ! :: CAMEROON

Les Camerounais sont un peuple difficile. Je dirais, bien difficile ! Pas besoin de croquis dans un tableau noir pour le démontrer. Voyez. En 2018, Ils veulent l'élection présidentielle pour changer enfin Paul Biya « beaucoup trop vieux pour continuer de les présider ». Noble. Légitime. On la leur donne. « Ah non. C’est pas le moment, il faut d'abord faire les législatives et les municipales. Et même ! Paul Biya doit rendre son tablier avant pour que le jeu soit libre. » Ben dis donc !

Ils réclament les législatives et municipales. À hue et à dia ! Et voilà que les réseaux sociaux, radios et télévisions saturent. On n'entend plus que ça. On ajourne une fois, deux fois. Ça crie plus fort encore. La toile menace de se déchirer, les radios et télévisions, d'exploser. L’on convoque le corps électoral. « Ah non. On n’ira pas tant que le code électoral n'est pas révisé. Il est taillé au costard du grand parti national. De toutes façons, c’est le Rdpc qui gagnera ». Puis, on trouve poux et puces à l'administration qui retarde la constitution des dossiers, torture les candidats déclarés. Quelle race !

Cette attitude bien propre à l’homme camerounais, loin d’exaspérer, me fait penser à cette légende racontée par le griot de mon village alors que j’étais au primaire. Un octogénaire entreprit un jour de voyager pour une contrée lointaine. Il prit son âne et son petit-fils de dix ans, le mit sur le dos de l'âne et, sa canne en main, se mit en route, A la traversée de chaque village, il reçut injures et quolibets en guise de salutations : « Comment est-ce possible ! Vous voyez, les enfants d'aujourd'hui. Il est sur l'âne alors que son père va à pied ! Maudis sois tu ! » Le pépé a beau expliquer à chaque interpellation, que s’il y a faute, il en est responsable.

Arrivé au bosquet suivant, le vieil homme décida d’écouter la voix du peuple, changea et monta luimême l'âne. Nouvelle levée de boucliers ! « Regardez ce vieux tortionnaire. Comment ose-t-il ? Le portail des camerounais de Belgique (Camer.be) . Il laisse l'enfant s'écorcher les pieds sur les rocs et ronces et s’assied lui-même tranquillement sur le dos de l'âne! » Décidément ! Une fois au prochain détour du chemin, le vieil homme descendit l'âne, « Que me veulent-ils finalement ? Je mets mon petit-fils sur l’âne, ils m’agressent. Je me mets sur l’âne moi-même, ils m’injurient », maugréa-t-il. Abusé et désemparé, il s’assit sur le bord du chemin et pleura.

Il me souvient qu’au début des années 90, au moment où le monde dit « libre » se débarrassait de ses dernières chaines (le Mur de Berlin tombait, le Rideau de fer se déchirait) jetant comme un vent de libertés sur les dernières reliques de l’obscurantisme nazi que constituaient les pays de l’Europe de l’est, Jacques Chirac (visionnaire ?) ancien président français, qui vient de nous quitter, déclara : « L'Afrique n'est pas mûre pour la démocratie. »

Nous lui tombâmes dessus à bras raccourcis. Il ne me souvient pas qu'il se soit dédit ! L’étionsnous ? Je pose la question et je réponds : pas plus hier qu’aujourd’hui ! La démocratie, c’est l'affaire des autres. Oui, il leur a fallu deux siècles voire trois. L’Afrique n’a même pas traversé le cap de trois décennies. Conséquence, la nôtre est « emballée » pour invoquer le titre de l’excellent ouvrage du confrère et aîné Zacharie Ngniman. Je dirais plutôt, « larguée ».

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