le bruit persiste.
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Au Cameroun, on ne cesse de débattre davantage de la forme de l'Etat que de son fond. Avec confusion et arrogance, on se demande s'il vaut mieux opter pour le fédéralisme, à coup sûr identitariste, ou bien la décentralisation, constitutionnellement en vigueur. La conférence de Berlin est terminée, mais la division et le partage de l'Afrique connaissent aujourd'hui une autre étape.

Chaque crise qui éclate aujourd'hui en "Afrique" a nécessairement deux niveaux ou grilles de lecture.

"L'Afrique" est un continent qui ne s'appartient plus ou pas, il n'y a qu'à voir qui possède les sols et sous-sols, officiellement et officieusement, il n'y a qu'à analyser la présence militaire étrangère. Il faut donc analyser les dérèglements socio-politiques et économiques de ce continent en tenant compte des facteurs extérieurs: globalisation, impérialisme (dure réalité); et ne pas se limiter aux seules querelles locales, aux défauts personnels, aux errements éthiques des hommes qui dirigent les pays africains, fussent-ils "dictateurs''.

Car, si la "dictature" était un frein au développement, le Qatar serait toujours un désert et l'Arabie Saoudite n'aurait pas de quoi accueillir ses millions de pèlerins chaque année. Ce n'est donc pas à cause d'un "dictateur", que le Cameroun aujourd'hui, est en pleine crise existentielle. Et ce n'est pas non plus un "démocrate", du fait de sa "démocratie", qui viendra sortir ce pays des ténèbres.

Paul Biya a récemment organisé un grand débat national pour régler la crise qui sévit depuis plus de trois ans maintenant dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Pendant une semaine, les débatteurs se sont secrètement penchés sur huit thématiques: « bilinguisme, diversité culturelle et cohésion sociale »; « Système éducatif » ; « Système judiciaire »; «Décentralisation et développement local»; «Reconstruction et développement des régions touchées par la crise»; « Retour des réfugiés et des personnes déplacées »; « Désarmement, démobilisation et réinsertion des ex-combattants » ; et « Rôle de la diaspora dans la crise et contribution au développement du Pays ».

Aucun débat économique sur les richesses du pays. Et c'est normal, la Chine, la France (l'UE) et le FMI s'en occupent pour les Camerounais. D'ailleurs, n'a t-on pas appris que Macron envisage une réforme du Franc CFA? Personne (enfin, pas grand monde) pour faire le lien entre les régions en guerre au Cameroun et le pétrole. C'est bien connu, le pétrole n’intéresse personne, et il ne peut être source de conflit.

Est-ce un hasard si les soi-disant représentants de ces deux régions du Cameroun réclament ou le fédéralisme ou la sécession, sous couvert de spécificités linguistiques ou coloniales ? Il est frappant de constater qu'en Afrique, on continue d'avoir une lecture du monde et des crises qui masque profondément la réalité de la géographie, des sous-sols.

La communauté internationale, quant à elle, reste étrangement aveugle sur les exactions des groupes armés qui sévissent dans ces régions. Cette communauté internationale, Etats-Unis en tête, a préféré faire pression sur l'Etat du Cameroun, l’intimider, comme si cet Etat qui ne dispose même pas de l'arme nucléaire, n'avait pas le droit, lui aussi, au monopole de la violence légitime. Comme si l'Etat du Cameroun n'avait pas à défendre, par la force et rien qu'elle, l'intégralité de son territoire et sa souveraineté. L'article 2 de la Constitution du Cameroun stipule:

"La souveraineté nationale appartient au peuple camerounais qui l’exerce soit par l’intermédiaire du Président de la République et des membres du Parlement, soit par voie de référendum. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice."

Et pourtant, au Cameroun, il s'agit bel et bien d'une fraction du peuple, pire, d'une poignée d'individus, qui s'attribuent la souveraineté de deux régions. Il s'agit bel et bien d'une fraction du peuple, pire de quelques ignorants rassemblés, qui ici en France, sous la bannière de la BAS (Brigarde Anti Sardinards), arrivent à transformer l'Ambassade du Cameroun en véritable espace de non droit, sous le regard impuissant des autorités françaises.

Hélas! Il deviendra très difficile d'accuser les puissances internationales, puisque les Camerounais eux-mêmes, qu'ils vivent à l'étranger ou au Cameroun, sont les premiers à convoquer ces puissances pour qu'elles se mêlent de leur cuisine interne. Les Camerounais sont les premiers à sur-invoquer la loi internationale. Il convient de constater que l'Afrique, politiquement, reste toujours dans le XIXe siècle. Fin 1870, le roi Akwa (un chef douala) écrivait à la Reine Victoria d'Angleterre:

" Madame, (…) nous désirons que nos villes soient régies par vos lois. Nous voulons que tout change et nous agirons conformément aux instructions de votre consul. Notre pays est tourmenté par des guerres. Il est rempli de meurtriers et d’adorateurs d’idoles…
“Nous avons entendu parler des gens de la rivière de Calabar, de la façon dont leurs villes sont régies par des lois anglaises et dont ils se sont débarrassés de toutes leurs superstitions. Oh! Comme nous serions heureux d’être comme Calabar maintenant!"

Hé bien, nous en sommes encore là. Lorsque quelques Camerounais vont pleurnicher chez quelques députés français, suisse, européens...auprès d'on ne sait quelle instance internationale, ils se croient peut-être modernes et démocratiques. Ils ne sont rien de tout cela. Ils sont du vieux monde. Et ils sont l'éternel point mort de ce continent, de leur pays.

Cette attitude, on la retrouve même chez des hommes politiques africains (Jean Ping, Ouattara, Kamto...) qui se sont tournés vers la communauté internationale pour qu'elle les installe au pouvoir (gratuitement?), dans des pays où ils prétendent pourtant avoir remporté les élections haut la main. Faisant ainsi de leurs peuples, de leurs électeurs, des bons à rien, des figurants d'une Histoire (la leur), en train de se faire.

A écouter les discours des acteurs politiques, à observer les quelques mouvements de masses, les débats qui agitent la scène camerounaise, il faut bien croire que le fond n'a pas encore été atteint. Trop d'ambitions personnelles, trop de misère, des collines de confusion, peu de réflexion : l'équation idéale pour un désastre à plusieurs étages.

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