Yaoundé et la Politique du Chaos
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Comme le Pr. Kamto et d’autres membres éminents de son parti s’apprêtent à comparaître devant le tribunal militaire ce 6 septembre 2019, il est important de réfléchir sur le régime de Yaoundé et son insatiable appétit pour les problèmes générateurs de chaos, tels que la criminalisation des opposants légitimes qui sont constamment jetés en pâture à une foule littéralement affamée (dans tous les sens du terme).

En effet, la politique camerounaise n’est pas simplement axée sur l’antagonisme gauche / droite, mais également sur des nihilistes de tous bords avec un fort appétit de chaos et des personnes désireuses de conserver toute une partie du système existant puis du statu quo basés sur une bureaucratie hégémonique et un appareil de surveillance oppressive et militarisée.

Cela va sans dire que, les mécontentements extrêmes de tous bords mènent véritablement à un mantra nihilistique de « Ça gate, Ça Gate », qui consiste à incendier le village pour prétendument le sauver. Ainsi, les nihilistes sont des personnes qui diffusent des rumeurs politiques hostiles, des fausses nouvelles et des théories du complot à tout va, qui ont pris tellement d’importance dans le débat public au Cameroun. Ils le font, même s’ils savent qu’il est faux de mobiliser des personnes contre des opérateurs politiques détestés à mort ou complètement discrédités en suscitant le chaos général.

Par contre, ils sont prêts à se mobiliser contre ou pour l’ordre politique actuel pour voir précisément si ce qui pourrait émerger du chaos résultera à quelque chose de mieux en stock (quelque part) pour eux.

Il est donc très important de réaliser que si la scène politique camerounaise semble avoir été prise en otage par les ailes radicales du pouvoir et de l’opposition avec une stratégie générale consistant à réagir à une élection perdue, en essayant de gagner par le despotisme légal ce que le parti-État RDPC ne pourrait logiquement pas gagner à travers les urnes transparentes.

En conséquence, s’appuyant essentiellement sur des tactiques de perturbation cyniques, renforçant l’idée que le pays est dans le chaos, il exploite à profusion les solidarités tribales / Nous par rapport aux autres / Eux pour présenter le président comme la figure ultime de la loi et de l’ordre (celui qui dispose notamment du son droit de gracier ces opposants criminalisés par lui qu’il a séquestrés puis fait condamnés à l’emprisonnement à vie devant un Tribunal militaire).

Il ne faut pas perdre de vue qu’un dirigeant politique qui vit de la sorte du chaos, aime le désordre et gouverne sur le principe de l’intérêt narcissique, est quasiment certain de trouver la défaite intolérable, inimaginable.

Il sait pour cela qu’il peut toujours compter sur ses partisans les plus ardents et farouches, en particulier ceux qui ont «un besoin de chaos», pour trouver sa défaite insupportable et perpétrer toutes les manipulations et atrocités pour le maintenir au pouvoir.

Le problème, cependant, est que le régime finit par ne plus contrôler tous ces partisans du chaos qui aspirent à mettre leur allégeance en action. Il est aujourd’hui lui-même consterné par l’endroit où il se trouve – c’est-à dire, à la tête d’un pays anarchique – et ne doit pourtant s’en prendre qu’à lui-même.

Parce que fondamentalement c’est l’idée que l’État à parti unique connaît à merveille comment voler les élections, mais n’a pas jamais su réaliser que ce manque chronique de légitimité finit par créer un climat de chaos, d’anarchie, et de folie qui mène tout droit dans une une existence à part de tout, notamment du monde réel. Et le monstre qu’il a ainsi créé finit par ne plus obéir aussi bien à ses créateurs qu’au petit peuple.

En effet, il est assez clair que la grande masse des damnés de la terre du Cameroun ont le sentiment de n’avoir plus rien à perdre et aucun avenir ne fera plus la moindre différence pour eux. Tout ce qu’ils veulent, c’est voir la société – qui les exclut – finir elle-même en ruines.

Alors continuons-nous à dire que nous ne savons pas comment cela va se terminer?

Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P

Comité de Libération des Prisonniers Politiques

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