CRISE ANGLOPHONE : L’incroyable kidnapping de John Fru Ndi
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En dépit de la mise au point de la direction du parti, doutes et curiosités entourent l’enlèvement et la libération du président du Social Democratic Front samedi 27 avril.

Le Social Democratic Front (SDF) n’en avait pas encore fini avec l’enlèvement de sa sénatrice la veille, suivi de sa libération quelques heures après. Que samedi 27 avril, le parti devait gérer le kidnapping de son président-fondateur, Ni John Fru Ndi. Alors que la rumeur fait le buzz sur les réseaux sociaux depuis plusieurs heures, il faudra attendra 15h49 pour que le SDF communique enfin. « Le chairman Ni John Fru Ndi a été enlevé par des ravisseurs ce matin à Kumbo. L'info claire et nette. Le président national du SDF était à la tête d’un cortège qui accompagnait la dépouille du député Joseph Banadzem, président du groupe parlementaire du SDF à l’Assemblée nationale, à sa dernière demeure. Il était en compagnie de plusieurs autres responsables du parti », note un communiqué signé de Jean Robert Wafo, ministre du Shadow cabinet en charge de l’information et des médias. Pour un enlèvement qui a eu lieu le matin sans autre précision sur l’heure, il faut dire que la communication du SDF a perdu du temps, au point que d’autres sources l’ont grillée en annonçant l’événement de longues heures plus tôt.

La communication sur la libération de Ni John Fru Ndi entretient aussi la controverse. Mark Bareta, figure bien connue des milieux séparatistes, publie un message sur sa page Facebook à 16h07mn qui vient jeter le doute dans les esprits : « Selon nos informations, Fru Ndi n’a pas été kidnappé. Il a été retenu pour une brève discussion alors qu’il traversait le territoire contrôlé par les combattants ambazoniens. Il a été relaxé et autorisé à poursuivre son voyage ». Il donne l’impression d’être sûr de son information, lui qui a pourtant soutenu, deux heures auparavant, que le président du SDF avait été kidnappé.

A son tour, Akere Muna annonce la libération du président du SDF à travers un tweet à 16h18 : « Le chairman libéré. Dieu merci ». Il sera démenti à 17h50 par Jean Robert Wafo : « Le président national du SDF Ni John Fru Ndi n’a pas été relaxé. Le tweet du bâtonnier Akere Muna est un fake au moment où il a été rendu public ». Le membre du Shadow cabinet confirmera la libération une quarantaine de minutes plus tard : « Le chairman Ni John Fru Ndi vient d’être libéré à 18h34 ». Dans un communiqué rendu public dimanche, le SDf ne cache pas sa surprise « de voir certaines officines hideuses annoncer bien plus tôt sa libération alors que le chairman et ses collaborateurs étaient encore en captivité et les négociations en cours ». Pas suffisant pour taire la polémique. Au contraire. Pour d’aucuns, ce kidnapping n’est en réalité qu’une mise en scène.

Surtout que dans une courte vidéo publiée quelques instants après sa libération par les Ambazoniens, on voit Ni John Fru Ndi répondant sereinement aux questions de ses ‘’ravisseurs’’, sans aucune menace. Calmement, il dit ne pas pouvoir demander à ses députés et sénateurs de déserter le Parlement, parce qu’il n’a plus le pouvoir de parler à Paul Biya comme c’était le cas par le passé. Il désigne Wirba comme celui qui est le plus à même de porter une telle doléance. Camer.be. Pour ne pas rassurer ceux qui nourrissent le doute sur l’enlèvement de John Fru Ndi, des sources soutiennent que ce dernier a bel et bien participé aux obsèques du député, et ne pouvait donc pas être libéré par ses ‘’ravisseurs’’ à l’heure indiquée par le communiqué du parti. Ce que dément une fois encore le SDF, qui précise que ce n’est qu’après sa libération que le chairman « a par la suite rejoint le domicile du défunt Joseph Banadzem pour s’incliner devant sa tombe ».

Un cadre du parti préfère aussi adhérer à la thèse du kidnapping : « Tout est possible. Il me souvient que, de manière récurrente, les Ambazoniens demandent que les députés et sénateurs du SDF démissionnent du Parlement. Régulièrement aussi, des personnalités sont obligées de leur envoyer discrètement des contributions financières à défaut de voir leurs résidences incendiées ». En tout cas, le 1er vice-président du SDF ne cache pas son indignation face à ce qu’il considère comme une cabale bien orchestrée contre son parti. Joshua N. Osih rappelle que le courage politique de Ni John Fru Ndi « a conduit à l’incendie d’une partie de la résidence du président national à Ntarikon lors de notre dernier congrès, la destruction complète de sa résidence à Baba II, l’enlèvement du vice-président SDF du Sénat devant la résidence du président national, des intimidations et des menaces sur la vie à la quasi-totalité des représentants élus du SDF, le double enlèvement du frère du président national toujours en captivité ainsi que l’enlèvement plus tôt de la soeur du président national ». Pour le premier parti de l’opposition, ce lourd tribut suffit à accréditer la thèse d’un kidnapping.

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