DÉBOIRES JUDICIAIRES : Kamto, détenu de droit commun
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Le mauvais perdant de la présidentielle du 7 octobre a maille à partir avec la justice pour des fautes prévues et punies par le code pénal. Et non pour son ambition ou la menace que représenterait le MRC, son parti, pour le pouvoir.

Depuis la nuit du 12 au 13 février 2019, Maurice Kamto et plus d’une centaine de ses partisans sont en détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé. Interpellés à la suite des marches dites blanches organisées le 26 janvier, le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et ses militants sont visés par huit chefs d’accusation, notamment rébellion en groupe, hostilité contre la patrie, trouble à l’ordre public, incitation à l’insurrection et insurrection. Alors que l’information judiciaire se poursuit, d’aucuns présentent d’ores et déjà le candidat malheureux de la présidentielle du 7 octobre dernier comme un détenu politique.

Surtout que dans ses déboires judiciaires, des têtes couronnées de son parti l’accompagnent : Christian Penda Ekoka, Alain Fogue Tedom, Paul Eric Kingue, Albert Dzongang, etc. Du coup, se convainc une certaine opinion, le pouvoir veut par ces incarcérations décapiter le MRC, présenté comme la bête noire du RDPC, le parti présidentiel. Une thèse qui résiste difficilement à l’analyse. Il se trouve que le MRC a organisé le 26 janvier des ‘’Marches blanches’’ pour protester notamment contre un supposé hold-up électoral. Or Maurice Kamto s’est classé 2è à l’élection présidentielle du 7 octobre, avec moins de 15% des suffrages. L'information claire et nette. Même devant le Conseil constitutionnel lors du contentieux électoral, il a administré lui-même la preuve qu’il ne détenait pas les procès-verbaux issus des bureaux de vote qui auraient pu légitimer qu’il s’autoproclame président élu le lendemain du scrutin.

Ce faisant, il viole la loi qui réserve cette prérogative au Conseil constitutionnel. Plus grave, sa démarche s’apparente à un coup d’Etat, notamment quand il « invite le président de la République sortant à organiser les conditions d’une transmission pacifique » du pouvoir. Convaincu que l’élection a consacré « une alternance démocratique », Maurice Kamto met en garde contre tout refus de passer la main et demande à « mettre le Cameroun à l’abri d’une crise postélectorale ». Alors même que sa supposée victoire n’est soutenue par aucune preuve, le président du MRC se pose déjà en nouvel homme fort du pays qui envoie ce message à Paul Biya : « Je lui assure à lui-même et à sa famille toutes les conditions de sécurité, d’immunité dues à son statut et au rang des siens ».

La logique insurrectionnelle se précise déjà. D’ailleurs, dans les jours qui suivent, le 24 octobre plus précisément, le président du MRC va dévoiler un « programme national de résistance au hold-up électoral ». De manière générale, ce plan bien conçu vise dans un premier temps à perturber la prestation de serment du président déclaré élu par le Conseil constitutionnel en organisant le même jour une pseudo prestation de serment de Maurice Kamto. Il s’agit ensuite de paralyser à travers des mots d’ordre de désobéissance civile l’activité économique, de perturber à défaut de bloquer le fonctionnement des institutions de souveraineté et autres administrations stratégiques aussi bien au Cameroun qu’à l’étranger.

L’organisation des ‘’Marches blanches’’ du 26 janvier constitue le début de la mise en oeuvre du ‘’Programme national de résistance au hold-up électoral’’. Des marches dites pacifiques qui ont conduit au Cameroun à des heurts avec la police faisant 6 blessés d’après le communiqué du gouvernement et à des mises à sac des ambassades du Cameroun en France et en Allemagne. En France par exemple, après s’être introduits par effraction dans l’enceinte de l’ambassade, la horde de voyous emporte des documents, pille le service financier et emporte une somme en espèces évaluée à 70.000 euros. Des effigies du chef de l’Etat sont détruites et remplacées par des portraits de Maurice Kamto. Au regard de l’ampleur des dégâts, le consulat suspend tout service jusqu’au remplacement des appareils endommagés.

Maurice Kamto pourrait difficilement nier sa responsabilité dans les événements de ce samedi 26 janvier. A tout le moins, ses marches blanches ont servi de prétexte à tout ce que l’on déplore aujourd’hui. Sinon plus. Camer.be. « Au-delà de ce que ces marches n’ont pas reçu l’onction des pouvoirs publics, donc qu’elles étaient illégales, remarquez bien qu’il s’est désolidarisé sur le tard, alors qu’il était déjà dans les mailles de la justice, de toute la casse des ambassades du Cameroun à Paris et à Berlin. Ce qui laisse aisément deviner que tout ceci participe d’une démarche bien orchestrée », soutient un acteur politique proche de l’opposition. Or, en juriste de haut vol, Maurice Kamto sait mieux que quiconque que Sed Lex, Dura Lex. En d’autres termes, la loi est dure, mais c’est la loi. Surtout que c’est son cabinet, Brain Brust, qui a hérité du marché de réforme du code pénal. Qui fait office de bréviaire pour le mettre face à ses responsabilités.

En effet, son article 116 sur l’insurrection dispose : « Est puni d’un emprisonnement de dix (10) à vingt (20) ans celui qui, dans un mouvement insurrectionnel, provoque ou facilite le rassemblement des insurgés par quelque moyen que ce soit ; (…) envahit ou détruit des édifices publics ou privés ». Une ironie du sort pour le président du MRC, qui dévoile que son ambition de renaissance du Cameroun passe par le viol des lois et l’insurrection populaire. Autant il apparait clairement que Maurice Kamto est très loin d’avoir gagné la présidentielle du 7 octobre 2018, autant il est évident que ses déboires judiciaires ne peuvent avoir été motivés par la crainte de son nouveau statut de leader de l’opposition. Le MRC n’est pas encore devenu un foudre de guerre qui donne des insomnies au parti présidentiel.

La preuve : le MRC ne compte aucun sénateur sur les 100 siégeant actuellement au Sénat, a un député sur 180, 19 conseillers municipaux sur 10.632 et aucun maire à la tête des 360 communes du Cameroun. Le parti ne sera guère mieux représenté au sein des conseils régionaux à l’issue des élections prévues cette année dans la mesure où les conseillers municipaux représentent une partie du corps électoral. Autant dire que rien ne justifie que Maurice Kamto soit considéré comme un détenu politique, mais plutôt de droit commun. Finalement si détenu politique il y a au Cameroun, il ne se trouve pas au sein de l’opposition. Peutêtre dans le camp présidentiel.

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