2019 : le Cameroun face à la fragmentation multiple
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2019 : le Cameroun face à la fragmentation multiple :: CAMEROON

La fin d’une année et le début d’une autre consacrent très souvent la force de la parole, mieux son caractère démiurgique. La Bible ne dit-elle pas qu’au commencement était la parole et que cette parole était Dieu ? Nous sommes en effet au moment des vœux, période d’une « parole-dieu » en ce sens qu’elle porte la puissance de notre volonté d’orienter les choses en mieux pour nous, nos amis et nos familles. La fin d’année est aussi, sur le plan politique, particulièrement ponctuée d’une parole singulière, celle d’Hommes politiques. Ces derniers, contrairement au tout venant des anonymes, souhaitent de belles fêtes de fin d’année à toute la nation, esquissent des bilans et annoncent des projets pour l’avenir. C’est dans ce registre que Paul Biya, Maurice Kamto et Cabral Libii ont adressé des messages au peuple camerounais. L’objectif de ce texte n’est pas, comme le font les commentateurs de ces discours, d’en donner une explication supplémentaire. Il n’est pas non plus d’en souligner les multiples contradictions internes. Il est de mettre en exergue le défi primordial que doit surmonter le Cameroun dans les années qui viennent. Aucun de ces discours de fin d’année, ni celui du chef de l’Etat camerounais, ni celui de Maurice Kamto et encore moins celui de Cabral Libii, n’a traité du défi crucial du Cameroun actuel. Ils ont choisi de parler de l’élection présidentielle, de la CAN, de la corruption et des prochaines échéances électorales. Sujets certes importants, mais de moindre urgence par rapport à celui de la fragmentation multiple du Cameroun. Qu’entendons-nous par fragmentation multiple du Cameroun ? Quelles sont ses principales composantes ? Quel danger fait-elle courir au pays ? Quels sont en sont les facteurs multiplicateurs ? Proposer une esquisse de réponse à ces questions est le modeste objectif des lignes qui suivent.

* La fragmentation multiple du Cameroun : qu’est-ce à dire ?

Plus que par le passé, ce qui caractérise le Cameroun actuel est une atomisation des symboles, des sentiments, des figures et des arts musicaux qui donnaient la ferté d’être Camerounais, retissaient la citoyenneté camerounaise et la sauvaient des désaccords politiques, linguistiques ou ethno territoriaux. Lesdits désaccords ont toujours existé mais glissaient jusqu’ici sans aucun dégât majeur sur l’essentiel, c’est-à-dire la fierté commune d’être un seul et même peuple. La nouveauté depuis la dernière élection présidentielle est que le socle commun est raviné, fissuré et même, comme nous le pensons, fragmenter de façon multiple. Concernant les symboles, le drapeau camerounais n’est plus le même pour tous. S’agissant du sentiment d’être Camerounais, celui d’être de telle ou telle ethnie prime désormais. Quand à certaines figures d’union nationale, Samuel Eto’o ne fait plus la fierté de tous. Il est fort probable que Roger Milla et Samuel Eto’o ne puissent se balader sans danger au Sud-Ouest et au Nord-Ouest de nos jours. Preuve est ainsi faite que certaines figures fédératrices des Camerounais sont elles-mêmes aussi frappées de fragmentation multiples auprès des populations et dans ce qu’elles représentent. Au niveau culturel, le moment où un makossa bien rythmé ou un bikutsi saccadé faisait vibrer et trépigner le peuple camerounais à l’unisson semble de l’histoire ancienne. La fragmentation multiple fait oublier l’excellence de l’artiste pour se préoccuper de ses choix politiques et de ses fréquentations au quotidien. Les Camerounais semblent, à travers de tels comportements, retrouver les instincts animaux de l’Homme naturel qui, d’après Thomas Hobbes, est un loup pour l’Homme. D’où cette fragmentation multiple du Cameroun au sens où elle a une dimension politique, sociétale, institutionnelle, diasporique, territoriale, nationale, populaire et virtuelle qui font évoluer le triangle national d’une unité conceptuelle et réelle à un ensemble de corpuscules sans forces cohésives entre eux. Il en résulte un Cameroun en particules et en nanoparticules sans consistance politique prises isolément. La marque politique actuelle de ce pays est donc un Cameroun isolationniste à l’aune d’îlots ethniques qui fissurent la citoyenneté camerounaise, notre richesse commune, et affaiblissent la force populaire au profit de figures éponymes. Qui dit fragmentation multiple dit fragmentation composite. Ci-dessous, ses principales figures.

1. La fragmentation politique

La fragmentation dont nous parlons a une dimension politique très ancienne dans le champ politique africain. Une de ses versions la plus connue et la division pour mieux régner utilisée par le colon en Afrique. Autant un petit groupe domine le Cameroun depuis 1960 en profitant d’un peuple camerounais azimuté, bigarré et incapable d’action collective, autant quelques administrateurs français ont dominé des millions d’Africains en les divisant et les opposants les uns aux autres. Il en est ainsi parce que le petit groupe dominateur sait ce dont il a besoin et s’organise pour atteindre ses buts sans hésiter à entraîner l’éclatement du grand groupe qui, sans cohésion, devient le plus grand facteur de sa domination par le petit groupe. La fragmentation politique est d’autant plus facile que le groupe fragmenté a déjà en lui-même de nombreuses tares organisationnelles qui servent de catalyseurs à l’action implosive de l’adversaire. Ce qui se passe au Cameroun n’est cependant pas directement causé par des colons même si cela a des liens avec l’entreprise coloniale. Ce lien atavique provient du fait que c’est parce que les colons français ont réussi à fragmenter le peuple camerounais par rapport à l’indépendance du pays qu’Um Nyobè et Ahidjo se sont retrouvés ennemis jurés là où un peuple conscient politiquement de l’enjeu politique que représentait l’indépendance, aurait fait corps autant que ses leaders pour une indépendance réelle, immédiate et sans accords léonins. Ahidjo, puis Biya, ont ensuite utilisé la même technique pour fractionner l’UPC et son héritage politique historique aujourd’hui en lambeaux entre plusieurs tendances qui se regardent les unes les autres en chiens de faïence. Paul Biya a donc réussi à dominer le champ politique camerounais depuis près de quarante ans pace qu’il est passé maître dans la fragmentation politique de ses adversaires. Son jeu politique de la chaise musicale avec Tchiroma, Bouba Beilo, Dakolé Daïssala, Mamadou Moustapha et bien d’autres à des postes ministériels, lui a permis d’éviter l’union sacrée au Nord, tout comme les ambitions concurrentes provoquées par lui dans de nombreuses régions du Cameroun lui ont permis d’avoir un adversaire désuni en permanence. Le fait que chaque région ou chaque ethnie du Cameroun ait sa personne dans « la mangeoire nationale » diffuse et dissémine de la fragmentation politique dans les familles, les villages, les villes et mêmes les couples de Camerounais. Les récentes fragmentations politiques de Biya ont été le parrainage de la fille d’Ahidjo au RDPC, la nomination de Madame Kamto, puis, dans le récent gouvernement, la nomination de maître Jean de Dieu Momo à l’ancien poste ministériel de Maurice Kamto, son adversaire politique le plus virulent. La promotion de madame Célestine Ketcha Courtes, maire de Banganté au poste de ministre de l’Habitat et du Développement urbain, est aussi une bombe politique fragmentaire dans cette région camerounaise où plusieurs ne jurent que par Maurice Kamto sans oublier que Marcel Niat Njifenji reste au sénat et Jean Kuete à la tête du RDPC. La cooptation, le débauchage, la promotion, le parrainage, l’autorisation d’une inflation de partis politiques sans consistance idéologique ni programmatique et la mise en rivalité de ses adversaires politiques sont quelques outils de la technique de fragmentation politique du Renouveau National depuis 1982. Elle fonctionne si bien que l’opposition camerounaise n’a été capable que d’une coalition minimale de quelques heures depuis 1982, la coalition Akéré-Kamto dont nous connaissons le sort à la dernière présidentielle.

2. La fragmentation nationale

Un seul territoire, une seule citoyenneté, un seul drapeau, un seul hymne sont, entre autres allégeances, celles qui tiennent un peuple ensemble, font son unité, mais aussi incarnent le sentiment d’une même appartenance et d’un destin commun. Le drapeau du Cameroun a disparu de certains espaces autant que son hymne national de certaines bouches qui ne jurent que par « l’Ambazonie », ses symboles dissidents et ses chants de ralliement. Aucun candidat à la dernière élection présidentielle camerounaise, même pas Paul Biya, chef suprême des armées, n’a pu battre campagne au sud-ouest et au nord-ouest du Cameroun. Le vote n’y a pratiquement pas eu lieu. Ces éléments attestent du fait que l’élection présidentielle a été l’affaire des « Francophones », que le Président élu est uniquement celui des « Francophones » et qu’une partie du territoire n’est plus maîtrisée par le pouvoir camerounais. C’est un espace de guerre civile étant donné que les forces armées régulières y affrontent d’autres Camerounais dans une guerre fratricide. De nos jours, le Cameroun ne peut donc plus se targuer de jouir d’une unité nationale intégrale. Cette dernière ne reste plus que le produit, soit des discours-programmes promettant son rétablissement ou sa reconquête, soit des rêves fantasmés de ceux qui se refusent à l’évidence que le Cameroun fait face à une sécession armée qui le mutile d’une partie de son territoire et de sa population.

Dans ces conditions, « Le Cameroun est un et indivisible » de Paul Biya devient la traduction d’un dialogue de sourds entre sécessionnistes et le pouvoir en place qui pense que discuter de la forme de l’Etat revient à ouvrir la boite de pandore et à donner du poids politique aux « entrepreneurs de guerre ». « Le Cameroun est un et indivisible » est aussi le signe de la fragilité d’un droit à la sécession qui, malgré son existence théorique, n’a jamais été pratiquement accepté dans le monde par un Etat westphalien quel qu’il soit. Dans l’opposition à Biya, la résistance qu’essaie de mettre en place Maurice Kamto est non seulement peu crédible, mais aussi tuée dans l’œuf par la fragmentation nationale. Elle est peu crédible dans la mesure où elle n’intègre pas le fait que les « sécessionnistes » se considèrent déjà eux-mêmes en résistance et que celle-ci conçoit la victoire comme synonyme de la partition du pays pour que naisse « l’Ambazonie ». Si la guerre reste le recours ultime pour la résistance pacifique dont parle Maurice Kamto, comment va-t-elle entrer en dialogue avec une résistance armée d’une partie du Cameroun anglophone ? Cette résistance pacifique ne prend pas son envole parce que ceux qu’on appelle les « Anglophones » sont eux-mêmes autant divisés que les « Francophones ». La division des « Anglophones » existe tant au sein du bas peuple qui s’enfuit dans les pays voisins, qu’au sein de l’élite bourgeoise dont la majeure partie ne cautionne pas la sécession armée étant donné que celle-ci est aussi contre elle. Une des grandes faiblesses de la sécession armée anglophone est peut-être qu’elle n’a pas avec elle la bourgeoisie anglophone de l’intérieur et de l’extérieur. Les grandes révolutions qui réussissent s’appuient très souvent sur des bourgeoises nationales émancipatrices. Chez les « Anglophones », Akéré Muna qu’on peut considérer comme faisant partie de « la bourgeoisie anglophone » veut devenir Président d’un « Cameroun un et indivisible ».

Le dispositif mis en place par Paul Biya semble marquer une évolution de son positionnement. Le Cameroun un et indivisible reste certes non négociable pour le président camerounais mais le dispositif qu’il présente marque une évolution de son point de vue. Son discours de fin d’année donne un nouvel échafaudage politique à savoir un premier ministre anglophone qui coordonne « un comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration » puis une décentralisation et un bilinguisme renforcés.

Autant le dire, la résistance pacifique dont parle Kamto et la politique du bâton et de la crotte de Biya restent, à notre humble avis, deux dispositifs dont les modalités d’actions restent discrétionnaires pour ne pas dire floues. Sachant que des ultra radicaux existent dans l’équipe gouvernementale et chez les « Anglophones sécessionnistes », un travail politique de sape doit être entrepris pour mettre en minorité les ultra radicaux des deux côtés afin que ceux qui peuvent et veulent discuter se retrouvent, débattent et s’accordent sur les mesures de sortie de la fragmentation nationale. Quid de la conférence des « Anglophones » du cardinal Christian Tumi ?

3. La fragmentation diasporique : « Sardinards » contre « Tontinards »

Maurice Kamto est celui qui a parlé de la diaspora camerounaise dans son discours de fin d’année parce qu’il relie les actions d’une frange de celle-ci à son programme national de résistance pacifique. Force est cependant de constater qu’il parle de la diaspora camerounaise critique, patriotique et militante comme d’un tout cohérent acquis complètement à sa cause. Il n’en est rien car la diaspora camerounaise dite militante et patriotique est aussi drastiquement fragmentée. Cette fragmentation est devenue plus béante, plus destructrice, plus fratricide et plus violente depuis la dernière élection présidentielle. On peut, dès lors, se poser la question de savoir de quelle diaspora patriotique parle Maurice Kamto alors que « Sardinards » et « Tontinards » sont désormais deux noms d’oiseaux, deux injures et deux marqueurs tribaux à travers lesquels de nombreux Camerounais de la diaspora se désignent, mieux, se dénigrent les uns les autres par manifestations et médias interposés ? « Tontinards » et « Sardinards », deux blessures que le peuple camerounais s’inflige à lui-même en essayant de chosifier, de mépriser et de rabaisser celui qui n’est pas du même avis/ethnie que soi. Le caractère contagieux de la haine réciproque que traduisent ces deux néologismes made in Cameroon, est autant destructeur que les auréoles et sous-entendus ethno-tribaux qui les accompagnent. En conséquence, la fragmentation diasporique ne transforme pas seulement la diaspora camerounaise en un homme de paille de la résistance et de la libération du Cameroun. Elle en fait aussi un puissant moteur de la fragmentation interne et externe du pays tout en devenant un vecteur pollinisateur du venin de la haine entre Camerounais. Dès lors, si le Cameroun est en guerre civile armée sur le plan interne, il est aussi en guerre civile verbale et virtuelle sur le plan externe, notamment au sein de sa diaspora. Il s’ensuit que ce qu’on appelle désormais « la Brigade Anti Sardinards » (BSD) est vu par ses adeptes comme une organisation diasporique de violence libératrice du Cameroun alors que d’autres membres de la diaspora l’assimilent à un mouvement fasciste adepte d’une domination du même type. Il en résulte une destruction du ciment national qu’est la culture et la création artistique. Une fois qu’une frange de la diaspora camerounaise s’attaque à la culture camerounaise, elle détruit et liquéfie automatiquement un des fondements de l’unité nationale camerounaise. Il est surprenant que Maurice Kamto, certainement parce qu’il pense la « BSD » en sa faveur, ne dénonce ni cette violence, ni cette fragmentation diasporique, ni cette attaque sur la culture camerounaise. Empêcher par la violence l’expression des artistes est-il une action démocratique ? Est-ce un acte de libération du Cameroun ? Comment se targuer de défendre la démocratie sans respecter scrupuleusement le choix des autres ? Une conviction /prise de conscience imposée par la contrainte et la terreur est-elle une réelle conviction/prise de conscience ? Combien de temps dure-t-elle le cas échéant ? Arracher les perruques des femmes est-il un acte de résistance à la dictature camerounaise ou de (dé)civilisations des mœurs ? K-Tino est-elle une poutre du pouvoir camerounais ? Pourquoi éviter les puissants comme Samuel Eto’o et s’en prendre aux faibles comme K-Tino ?

Une diaspora camerounaise qui devient un loup pour elle-même perd de deux côtés. Elle perd de sa force et de sa crédibilité dans son combat pour la démocratie au Cameroun. Elle perd le caractère collectif de son combat une fois que les « Sardinards » se liguent contre les « Tontinards » et oublient tous les deux que « Sardines » et « Tontines » ne sont pas le Cameroun mais des façons euphémiques de désigner « une politique du ventre » et « une politique de l’argent » qui plombent l’Afrique et le Cameroun depuis toujours.

4. La fragmentation institutionnelle

La fragmentation institutionnelle se caractérise en Afrique subsaharienne par un bicéphalisme présidentiel matérialisé par le fait que des candidats officiellement déclarés battus à la présidentielle, mais personnellement convaincu de s’être fait voler leur victoire, continuent à se considérer comme étant le présidents élus. Cela a été par le passé constaté au Bénin, au Gabon, en RDC et en Côte d’Ivoire. Même si une telle posture n’a changé l’ordre officiellement établi dans aucun pays, force est de constater qu’au Cameroun, Maurice Kamto poursuit la même stratégie. Il s’agit en fait d’une stratégie politique qui maintient la flamme des militants, donne des arguments critiques contre le régime en place, fait figure de résistance mais aussi de consolation personnelle pour le Président du MRC. Si tout cela est de bonne guerre, il faut noter que c’est une stratégie qui participe aussi objectivement d’une fragmentation institutionnelle dont la phase la plus poussée serait la constitution d’un gouvernement parallèle par Maurice Kamto. Mais la fragmentation institutionnelle dont nous parlons est plus profonde car elle concerne la critique acerbe dont fait l’objet le Président Paul Biya.

En effet, lorsqu’on lit les travaux du politologue Ernst Kantorowicz, on se rend compte que ceux qui exercent le pouvoir suprême ont un double corps. Paul Biya a donc un corps physique mortel comme vous et moi, mais aussi et surtout un corps mystique qui incarne les institutions camerounaises, le Cameroun, ses normes et ses lois. En conséquence, la critique acerbe dont il fait l’objet est aussi la critique des lois, institutions et normes camerounaises. Il en découle une fragmentation normative et institutionnelle dont les fragments sont aussi nombreux que la diversité de la foudre critique dont votre serviteur est lui-même un adepte. Dans la mesure où un pays n’est pas une page blanche mais une histoire qu’il faut continuer à un point précis, ceux qui, dans le futur, auront à diriger le pays, devront réparer la dégénérescence institutionnelle dont le Cameroun fait l’objet à la fois de la part du régime en place et de la critique radicale des opposants, de la société civile, des activistes, des universitaires et de certaines de ses diasporas. Ceci n’est pas une critique de la critique mais une mise en lumière du fait que la fragmentation multiple montre aussi le colossal travail à entreprendre dans le futur pour réhabiliter les institutions camerounaises. Travail qui sera supérieur aux efforts déployés pour nos critiques radicales car il faudra construire, chose plus difficile que la critique.

5. La fragmentation populaire

Le Cameroun ne pourra pas être remis sur les rails par un seul Homme. La croyance et le culte en un Homme providentiel sont à bannir dans l’avenir de ce pays parce que la tâche, grande et difficile, exigera une volonté et une mobilisation collectives. C’est tout le peuple camerounais qui devra faire corps et équipe pour servir de locomotive à la marche en avant du pays. Ce peuple camerounais devra donc être capable, comme le disait le poète, de faire peuple et de faire faire foule. Or, la fragmentation politique, nationale, diasporique et institutionnelle que nous venons d’analyser à pour réceptacle le peuple camerounais qui se désarticule et perd ainsi sa capacité de faire peuple et de faire foule. Le cercle vicieux de la fragmentation multiple analysée ici est que seule une force motrice populaire peut permettre au Cameroun d’en sortir alors que cette force motrice populaire perd son turbo parce que la fragmentation multiple le rend complètement inopérant une fois le peuple camerounais installé dans une logique de guerre des tranchées. Comment cheminer à nouveau ensemble dans le combat politique lorsqu’on se donne des noms blessants les uns les autres ? Comment ne pas préparer de nouvelles guerres civiles lorsqu’on se désigne par des noms d’oiseaux qui permettent la chosification de l’autre, étape nécessaire aux tueries sans scrupules ? Qui du peuple camerounais ou de l’élite au pouvoir depuis 1960 profite d’un peuple camerounais incapable de faire peuple et de faire foule ?

La question que nous devons-nous poser en ce moment est celle-ci : Sur quoi sommes-nous d’accord au Cameroun quelle que soit notre chapelle politique ? Sans une réponse à cette question, on ne pourra pas reconstruire un socle commun d’action servant de base inaliénable d’un travail politique au service du pays.

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