RÉAMÉNAGEMENT : Qui a formé le gouvernement du 4 janvier ?
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La configuration de la dernière équipe gouvernementale fait croire à d’aucuns qu’elle porte la marque des réseaux qui se battent pour la succession. Erreur, rétorquent ceux qui se targuent de bien connaître le président de la République.

Le sujet, forcément, hantera la cérémonie de présentation des vœux au chef de l’Etat ce mercredi 9 janvier au palais de l’Unité. A cette occasion, il n’est pas exclu que Paul Biya, passé maître dans l’art de tourner en dérision des situations parfois graves, taquine un de ses collaborateurs sur cette rumeur qui enfle depuis vendredi sur une possible manipulation de son décret du 4 janvier 2019 portant réaménagement du gouvernement. L'info claire et nette. En clair, d’après certains milieux dont la presse se fait l’écho, la formation de la nouvelle équipe gouvernementale ne reflète pas exactement la volonté du président de la République. Tantôt la copie finale aurait subi quelques retouches entre le palais de l’Unité et la Crtv-radio, tantôt elle porte essentiellement la marque de Chantal Biya ou plutôt de ses affidés tapis dans l’entourage présidentiel.

Quand le nouveau gouvernement n’a pas simplement été inspiré, pour dire le moins, par de supposés réseaux qui se battent pour la succession, et dont le dernier avatar est le combat à fleurets mouchetés livré par le truchement des réseaux sociaux dès le lendemain du retrait de la CAN 2019 au Cameroun. « C’était l’occasion rêvée pour pilonner à l’arme lourde le camp adverse ou supposé comme tel », souffle un membre du sérail.

Parmi les fervents défenseurs à visage découvert de la thèse d’une guerre des réseaux en vue de la captation du pouvoir, figure Pascal Charlemagne Messanga Nyamding, qui clame à hue et à dia sa fidélité et son attachement viscéral au père du Renouveau. L’universitaire défend cette manière de voir dans le quotidien Mutations dans une interview parue mardi 8 janvier. Dans cet entretien, il parle de « trois rideaux qui se battent pour le contrôle du pouvoir autour du président de la République. Le premier rideau, c’est celui des tenants. Ceux qui occupent les fonctions de pouvoir et de décision à la présidence de la République. Le deuxième rideau, c’est ceux qui contrôlent les fonctions de pouvoir au sein du gouvernement ».

A la lumière de la composition du gouvernement du 4 janvier, le politologue conclut, un rien sentencieux : « Et vous voyez que la redistribution des cartes et des pions par les grands réseaux a été bien organisée ». Dans la même veine, il note : « A bien lire le gouvernement, on a bien l’impression que certains se sont déjà entendus pour se mettre en accord ». Une lecture qui emporte l’adhésion de Mathias Eric Owona Nguini. Dimanche 6 janvier à Club d’élites sur Vision4, le sociopolitiste notait déjà que l’analyse de la nouvelle équipe gouvernementale montre que deux camps se sont neutralisés.

Autant dire avec ces analyses que Paul Biya est l’otage des clans ou des réseaux gravitant autour de lui et en quête du pouvoir suprême, qui lui imposent des gouvernements. Une manière de voir qui suggère, à tout le moins, que le président de la République n’a plus la pleine possession de ses facultés. Ce qui, à en croire des témoignages de personnes se targuant d’avoir pris le temps de comprendre l’homme, est très loin d’être le cas. « Paul Biya, tout au plus, n’a plus sa fraîcheur d’il y a quelques années encore. Mais ce n’est que le physique qui a subi les outrages du temps. Car le président a encore une lucidité que lui envieraient beaucoup de collaborateurs beaucoup plus jeunes », souffle une source.

Qui dit bien comprendre les supputations entretenues autour de la formation du dernier gouvernement : « C’est le gouvernement le plus secret des 20 dernières années. Il n’y a pas si longtemps, le marchandage des postes ouvrait la voie aux fuites. Pour le gouvernement du 4 janvier, quelques rares personnes étaient dans la confidence. » Même le Premier ministre n’a été averti qu’à la dernière minute. « Ce matin (vendredi, Ndlr) quand le chef de l’Etat m’a convoqué, je suis allé. Parmi d’autres choses qu’il m’a dites, il m’a fait savoir qu’il m’a choisi comme son prochain Premier ministre », confie Joseph Dion Ngute à Cameroon tribune.

Peut-être même qu’en prenant congé du président de la République, il ne savait pas que sa nomination interviendrait le soir même. « Les gens, à cause du retrait de la CAN, et s’appuyant sur l’abondante diffusion de correspondances relatives aux projets de cette CAN dans les réseaux sociaux, s’étaient convaincus que le secrétaire général de la présidence est le principal artisan de cette humiliation nationale et s’attendaient logiquement à son limogeage. Ils sont déçus par son maintien couronné de surcroit par sa promotion comme ministre d’Etat. Et du coup, se livrent à des analyses qui ne me semblent pas pertinentes. Ceux-là doivent savoir que c’est l’un des plus grands remaniements jamais opéré par Paul Biya. Pour le comprendre, il faut le lire entre les lignes. Avec ce gouvernement qui reflète bien la méthode Biya, même s’il est évident qu’il a tenu compte de quelques rares avis, c’est le jeu de la succession qui se complexifie davantage », susurre un habitué du palais de l’Unité.

Pour lui, Paul Biya est resté logique en refusant de céder à la manipulation de l’opinion orchestrée par certains lobbies. Mais, prévient-il, le retrait de la CAN constitue un terrible affront pour le Président, comme ce fut le cas pour l’achat avorté de l’avion présidentiel. Et dans ce cas, assure-t-il, Paul Biya prépare quelque chose. Pascal Messanga Nyamding n’est pas loin de cette lecture : « Il faut faire attention, parce que le Président joue au mort. Mais ça ne signifie pas que Paul Biya ne comprend pas ce qu’il se passe. Il joue au mort pour voir clair ».

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