Approvisionnement : De l'eau enfin dans les robinets à Yaoundé
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Après une longue pénurie, quelques quartiers sont de nouveau approvisionnés.

Seaux d’eau sur la tête, bidons dans une brouette ou dans la voiture à toutes heures de la journée, c’est le calvaire qu’ont vécu les habitants de certains quartiers de Yaoundé pendant des années. Malgré les installations des compteurs et robinets, ces ménages n’ont pas d’eau. « Quand je suis venu habiter ici en 1997, c’était le paradis. On n’avait pas ce genre de souci. Il y avait rarement coupure d’eau », affirme Léopold Daouda, habitant du quartier Emana au lieu-dit Megui. Au quartier Messassi carrefour Fouda, c’est le même constat, pas d’eau courante depuis neuf ans.

Les coupures sont devenues de plus en plus intenses, jusqu’à ce que l’eau s’en aille définitivement. Certains nouveaux habitants du quartier ne voient pas l’intérêt d’avoir des installations d’eau : « J’ai aménagé ici depuis 3 ans et je n’ai pas vu l’intérêt de m’abonner à la Cde parce qu’il n’y avait plus d’espoir que l’eau revienne ». Tous les matins avant d’aller à l’école ou au travail, il faut faire la corvée d’eau, penser à faire des réserves pour d’éventuels besoins : lessive, vaisselle, cuisine ou bain. Mais ce n’est pas une tâche facile, car pour le nombre d’habitants qui s’accroit de jour en jour, les points d’eaux ne sont pas nombreux.

Business autour de l’eau

En dehors des sources, quelques forages, puits qui sont gratuits et des camions citernes approvisionnent les quartiers de temps en temps, les autres points d’eau sont payants. Autour des puits de particuliers et les forages privés, s’est développé un vrai commerce. Par exemple au quartier Emana à Golgotha, il faut débourser une somme de 100 francs cfa pour remplir un bidon d’eau de 20 litres au forage situé aux rails. Quelques voisins qui ont les moyens d’avoir un système de pompage ne se privent pas pour en vendre. C’est toute une organisation. Des horaires sont communiqués. Généralement, ils ouvrent leurs portes de 9h à 12h, puis de 18h à 20h pour permettre à leurs voisins de se ravitailler contre une pièce de monnaie. Ceux qui ont des voitures trimballent toujours dans leur malle arrière des récipients pour s’arrêter dans une laverie ou une maison en bordure de route où on a écrit « eau en vente ici ».

Certains font encore preuve de charité et ouvrent gratuitement leurs robinets à la population. C’est le cas au quartier Nyom où Ivon révèle qu’: « ici on puise l’eau chez le boss. Il a un forage bien aménagé où on peut s’approvisionner gratuitement et à toute heure ». D’après quelques témoignages recueillis çà et là, de nombreux forages ont été creusés mais l’eau n’y coule pas. Les habitants du quartier Olémbé accusent les études mal menées des foreurs et l’inaccessibilité des nappes phréatiques à cause de la pierre.

Le calvaire des populations

Les files d’attentes sont interminables que ce soit dans les points d’eau payants ou gratuits. Au lieu-dit source Fouda au quartier Messassi, il faut parfois attendre deux heures pour remplir une bassine d’eau. Ainsi, les jeunes se lèvent à 4h pour être en tête de file afin d’avoir un peu d’eau pour eux-mêmes et pour leurs parents. Vu la qualité douteuse de celle-ci, certains ne l’utilisent que pour les tâches ménagères. Ils achètent de l’eau minérale ou se servent d’un filtre pour limiter les risques de maladies. Mais d’autres à budget limité se trouvent contraints de consommer cette eau des sources et des puits. « On n’a pas le choix, quand on n’arrive pas à puiser l’eau du forage, on se contente de l’eau du puits qu’on fait décanter et à laquelle on ajoute quelques gouttes d’eau de javel », explique Lorice, habitante du quartier Damase.

L’eau est là

Quelques tuyaux cassés desquels ruissèle de l’eau témoigne du retour à la normale au quartier Nsiméyong. Même si la situation n’est pas encore stable, les populations expriment un ouf de soulagement et réaménagent leurs anciennes installations d’arrivée d’eau : les tuyaux et robinets cassés sont changés. « L’eau ne coule que deux à trois nuits par semaine, mais ça nous permet de faire des réserves et de ne plus faire de longs déplacements », témoigne Martin Ntso, habitant du quartier Emana. L’eau est là, mais la qualité n’est pas encore au rendez-vous. Des débris sont retrouvés à l’intérieur. Dès lors, des agents de Camwater ont déjà commencé à distribuer les factures. La plupart des ménages ont des arriérés allant de 90.000 à 190.000 FCFA. Les habitants s’indignent devant cette méthode : « A peine l’eau revenue, ils viennent déjà nous déposer des factures énormes. Elles sortent d’où alors qu’on n’a pas eu d’eau pendant des années. » Les questionnements sur la base de la facturation et sur les recours de paiement sont abondants.

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