Non dénonciation d'actes terroristes : 10 ans de prison pour trois élèves
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La cour d’appel du Centre a tranché l’affaire Levis Gob Azeh, Ivo Feh Fomusuh et Nivele Nfor Afuh,  les avocats introduisent un pourvoi en cassation.

La Cour d’appel du Centre aura été sans pitié pour les trois jeunes condamnés le 2 novembre 2016 à 10 ans d’emprisonnement, par le tribunal militaire de Yaoundé, pour non dénonciation d’actes terroristes et complicité d’insurrection. Le 15 mars 2018, la sentence du tribunal militaire a été confirmée en appel. Me Chantal Edzente, l’avocat des trois élèves ne décolère pas : « Nous sommes déçus que tout a été fait pour maintenir ces jeunes innocents en prison. C’est comme s’il y a une main invisible dans cette affaire, mais nous avons introduit un pourvoi à la Cour suprême. Nous comptons utiliser néanmoins tous les moyens que le droit nous offre pour défendre ces enfants incarcérés depuis 2014 à la prison principale de Yaoundé ».

Initialement condamnés pour non dénonciation d’actes terroristes et complicité d’insurrection, la Cour d’appel retient contre eux, le motif de complicité d’insurrection. En décembre 2014, Levis Gob Azah, né en 1992 à Bamenda recevait un message libellé ainsi qu’il suit : « Boko Haram recrute des jeunes de 14 ans et plus. Conditions de recrutement : avoir validé un Gce- A level en quatre matières plus religion ». Azah transfère le Sms à son ami Ivo feh Fomusuh, né en décembre 1989.

Celui-ci à son tour se chargera de faire suivre ledit message à Nivele Nfor Afuh, 25ans par ailleurs élève au lycée bilingue de Deido à Douala. Ce message est découvert par un enseignant qui confisque le téléphone, avant d’alerter quelques minutes après les policiers qui iront interpeller les deux autres jeunes dans la région du Nord- Ouest. Interpellés, les trois jeunes seront conduits à la Division régionale de la police judiciaire du Littoral, puis à la direction de la surveillance du territoire où ils seront entendus avant d’être placés en détention provisoire à la prison principale de Yaoundé.

Ils seront jugés par le tribunal militaire de Yaoundé avant d’être condamnés. Après leur verdict, plusieurs associations des droits de l’homme à l’instar d’Amnesty International ont dénoncé ce qu’elles considéraient comme un acharnement judicaire contre trois jeunes qui, en échangeant de simples Sms jouaient. En septembre 2017, 55 organisations de la société civile ont écrit au président de la République pour attirer son attention sur la situation des trois jeunes qui sont tous orphelins et sont détenus loin de leurs proches.

Jean Takougang, par ailleurs homme politique se bat depuis quelques mois pour attirer l’attention des décideurs sur cette situation qu’il juge négative pour l’image de notre pays : « Les trois jeunes condamnés par le tribunal militaire de Yaoundé n’ont pas été retrouvés en possession des armes pour montrer qu’ils avaient un lien avec les terroristes. Ils étaient juste en train de blaguer en s’échangeant les Sms ».

L’homme politique condamne surtout l’attitude de cet enseignant qui a alerté la police après avoir confisqué le téléphone de Nivele Nfor Afuh : « Le rôle d’un enseignant est d’éduquer les enfants et non de les remettre à la police. Je pense que si cet enseignant avait réfléchi sur son rôle, cela devait l’empêcher de poser ce geste en exposant les jeunes enfants.»

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