Litige foncier : Une sexagénaire aveugle victime d'escroquerie
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Depuis 13 ans qu’elle a acheté par devant notaire un terrain d’une superficie de 1500 m2 à plus de 4 millions FCFA au quartier Odza-Minkan de Yaoundé, Marie Nga n’est toujours pas entrée en jouissance de sa propriété que la vendeuse a illégalement cédé à un tiers. Malgré sa plainte déposée au tribunal d’Ekounou avec à la clé un jugement favorable, l’affaire reste pendante à la Cour d’appel du Centre.

C’est une dame à la chevelure grisonnante et le visage dégoulinant de sueur que les reporters du Messager accueillent ce 10 février au siège de l’agence Centre-Sud-Est du journal à Yaoundé. Après avoir péniblement arpenté les marches des escaliers qui conduisent à sa destination, Nga Marie qui s’appuie sur sa canne blanche pour se déplacer, demande à souffler avant de livrer l’objet de cette visite inopinée. Aidée par son frère aîné et un jeune homme qui lui sert de guide, elle va dévoiler l’histoire abracadabrantesque dont elle est sujette.

Tout commence lorsqu’âgée de 63 ans, mère d’un garçon et fonctionnaire à Paris, elle est en vacance au Cameroun en 2005, conclut le contrat de vente avec Mme Ebala et son frère le 15 mars de la même année. Immédiatement, elle a entrepris avec les services du cadastre, les travaux de bornage du terrain sans toutefois le mettre en valeur. Dans un acte de complément d’information assignée au président du tribunal correctionnel de Yaoundé Ekounou le 28 février 2016 dont le Messager a obtenu copie, la victime éplorée explique : « en août 2013, je constate qu’une dame effectue des travaux sur le terrain de 1500 m2 que j’avais acquis à Odza Minkan auprès de madame Ebala et consorts depuis le 15 mars 2005 pour un montant de quatre millions deux cent mille francs CFA. La nouvelle acquéreuse se confia en précisant qu’elle vivait à l’étranger et qu’elle était revenue sécuriser et titrer le terrain que Mme Ebala lui avait vendu en 2012 par devant notaire, d’une superficie de 1500 m2 ».

Citation directe

Face à cette situation désobligeante, l’ultime solution à son arc consiste à porter plainte et « c’est en allant réclamer les suites réservées à celle-ci que le commandant de brigade m’a informé que mes adversaires étaient venus lui remettre le jugement n0159 du 25 février 2013 prononçant l’annulation de mon achat au motif que Mme avait vendu le terrain à l’insu de son frère. Monsieur le président, force est alors de noter la mauvaise foi patente qui caractérise mes adversaires. Un procès auquel je suis partie prenante compte tenu de mes intérêts, se déroule du début à la fin sans que je ne sois notifiée ni à priori ni à posteriori. En l’occurrence, si la citation directe qui est pendante devant votre juridiction ne mentionne ni le jugement du 25 février 2013 sus-indiqué ni même la déclaration de tierce opposition effectuée le 23 août 2013, c’est parce que j’ignorais encore l’existence de cette annulation », détaille-t-elle.

Bien plus, après avoir débattu contradictoirement devant le juge civil et après instigation (déplacement du tribunal à l’étude de maître Kack Kack pour vérifier l’authenticité des actes, etc…Ndlr), le juge civil lui donne raison à l’issue de l’audience du 22 décembre 2014 en rétractant son jugement. Cependant, décrie-t-elle, « mes adversaires ont préféré poursuivre les hostilités en interjetant appel. Mais étant donné qu’ils n’abandonnent pas leurs manœuvres dilatoires, l’audience a été renvoyée car Madame était absente. Ils s’arrangent pour ne jamais être présents ensemble. Tel était d’ailleurs le cas le 17 février dernier ».

L’arbitrage du garde des sceaux attendus

Rendu sur le site du fameux terrain querellé, Le Messager a découvert qu’une imposante clôture en béton encercle l’enceinte qui n’est en réalité qu’un champ en friche. Les riverains interrogés confient que l’espace foncier est désormais la propriété d’un richissime opérateur économique qui envisage y bâtir une villa et des appartements de luxe. Information confirmée par dame Ebala qui reconnaît avoir vendu le terrain sous prétexte qu’elle avait « besoin d’argent » et que son frère revendiquait son droit sur ledit terrain parce que celui-ci était en indivision.

Or, ce même frère était d’accord en 2005, de sa vente au point de programmer le repas que Mme Nga devait leur offrir par respect pour la coutume. Cette dernière croit savoir la raison pour laquelle elle subit ce martyr. Tout serait parti, confesse-t-elle, du jour où elle a manqué de contribuer financièrement aux obsèques d’un des frères de dame Ebala. Cette dernière lui aurait alors promis de remettre le contrat de propriété en cause. Face au verdict qui peine à être rendu par la Cour d’appel, Mme Nga continue de faire confiance à la Justice. A suivre !

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