Cameroun: Mowha Franklin, activiste humanitaire. «Certains leaders de la crise anglophone cherchaient le mobile d’obtention d’un statut d’exilé politique »
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Cameroun: Mowha Franklin, activiste humanitaire. «Certains leaders de la crise anglophone cherchaient le mobile d’obtention d’un statut d’exilé politique » :: CAMEROON

Camer.be est allé à Bamenda, l’un des fiefs d’intervention de Mowha Franklin, activiste que l’on ne présente plus. Depuis le début du malaise anglophone, le président du FFCI, organisation qui se réclame d’être défenseuse des droits humains, a été sur tous les fronts de la crise. Dans sa maison à Bambui à 4 km de Bamenda où il s’est retiré avec sa famille, en ville, au monastère catholique de la même bourgade, Mowha. F a accepté s’entretenir avec nous. Il prépare une manifestation au cours de laquelle il s’attaquera directement au Chef du Gouvernement, si rien de ce que son association revendique ne trouve pas de solution durable.

Apparemment il n’y a plus des bruits de bottes à Bamenda, vous confessez que tout est finalement calme ?

Nous observons un découragement depuis un certains temps des partisans et les sympathisants du mouvement sécessionniste. Du fait que des principaux leaders, commendataires de la crise qui convient d’appeler « crise anglophone », sont en fuite. D’ailleurs, nombre d’entre eux, cherchaient le mobile d’obtention d’un statut d’exilé politique. Aujourd’hui ils sont en occident avec leurs enfants qui vont dans de très grandes écoles. L’on observe le « du sauve qui peut » car des leaders d’hier ont pris la poudre d’escampette.

Pourtant l’on a évoqué une marche ce lundi 24 avril 2017?

Oui ! Certaines personnes vêtues en tee- shirt blancs, portant le message « No To Gost Town, Non au ville morte », ont marché. C’était l’unique mouvement pacifique observé depuis le déclenchement de la crise, et encadré par les Forces de maintien de l’ordre. Il faut noter que depuis le 21 novembre 2016, les villes mortes s’observent plus ou moins de manières sournoises, exaspérant les populations entières, empiétant aussi sur l’éducation à tout ordre. J’ai loué l’initiative, car il est temps pour chaque citoyen camerounais où qu’il soit, de dire trop c’est trop. Ceci parce que les moyens d’information diligentés par les instigateurs suscités, tournent en décadence. Ce que j’ai déploré dans la marche dont vous faites allusion, c’est le fait que les lundis déjà baptisés ville-morte, connaissent moins d’activités, par conséquent, des gens étaient dans leurs plantations comme d’habitude. Un mouvement comme celui là, devrait s’organiser un jour où les activités sont au pic, ceci pour toucher une immense cible, afin de véhiculer véritablement le message.

Les cours ont repris au supérieur, pourtant dans certains établissements du secondaire et du primaire, on n’est pas loin d’une année blanche ?

L’on ne peut se réjouir du fait que les cours se déroulent normalement à l’Université. Vous savez mieux que moi qu’une année blanche se déclare par le Gouvernement d’un Etat. Certains individus tapis dans l’ombre que j’ai évoqués plus haut, ont décidé de perturber l’éducation des enfants, un des droits fondamentaux, socle d’exercice de tout autre droit. Ils ont rendu le climat social invivable. Je suis choqué quand certains enfants n’ont plus accès à leurs écoles, que d’autres sont même agressés sur le chemin de l’école pour des raisons inavouées. Bien entendu, c’est un retard manifeste accusé par ces enfants, retard qui aura certainement de l’incidence sur les résultats en fin d’année, surtout ceux qui sont dans des classes d’examens. Une chose est sûre, des élèves qui sont à la maison devront composer des examens officiels, mais cette fois là un peu comme candidats libres. Notre souhait c’est de voir la vie reprendre son cours normal. Raison pour laquelle j’interpelle le Gouvernement de la République à accorder du prix qu’il faut, pour mettre hors d’état de nuire, ceux qui croient que pour revendiquer leur droit, il faut priver des autres des leurs.

A Bamenda, des gens témoignent que vous pactisez aussi bien avec des autorités qu’avec des sécessionnistes. Quel est le sens que vous donnez à cette attitude ?

En ma qualité d’activiste humanitaire, je ne considère pas mon prochain comme un ennemi. Depuis de longues dates, Je m’engage à promouvoir le vivre ensemble entre des humains. C’est une lutte consacrée, où les faits d’armes parlent d’eux-mêmes. La mission que je m’étais assignée, était de rencontrer tous les protagonistes de la crise. Dans un premier temps, il me fallait connaitre les causes réelles de l’arrestation massive des jeunes et leur déferrement à Yaoundé, loin de leurs régions d’expression anglophone. Pour avoir accès aux familles des victimes, je me suis senti obligé de collaborer avec tout le monde. Grâce à cette collaboration, je me contente d’avoir ramené ces victimes dans leurs familles respectives. Chaque jour, davantage, je communique avec les populations sur des risques qu’elles courent en affrontant les forces de sécurité avec les gourdins. Dans cette communication de proximité, je leur demande de préserver les acquis, de ne plus bruler des édifices publics comme tel a été le cas.

Pour une première fois, vous avez lancé un mot d’ordre de grève qui a avorté. Que vouliez-vous et quelles ont été les raisons de cet avortement ?

Le FFCI (Frontline Fighters for Citizens Interest) a initié un mouvement de grève, qui précédait de peu la crise anglophone, ce qui consistait à dénoncer l’état défectueux de nos routes, plus précisément les tronçons Bafia-Bamenda-Kumbo-Mkambé, en passant par Bafoussam. Le 7 novembre 2016, nous avons entamé par une manifestation de masse pour la réhabilitation immédiate du tronçon affaissé au lieu dit Bandiangseu par Bangangté. Les travaux seront bientôt livrés, nous en sommes fiers. Celle qui devait suivre sur l’axe Babadjou-Bamenda initialement prévue pour le 10 décembre 2016, est encore pendante, à cause toujours de la dangerosité de ce tronçon. Entre temps, nous envisageons dans les prochains jours lancer un mouvement de masse pour le tronçon Kumbo-Nkambé. Pendant cette manifestation, nous allons publiquement exiger sans délai, la démission de certains haut-commis de l’Etat compétents en ces matières, en commençant par le premier ministre, chef du Gouvernement, suivi du ministre des travaux publics et autres si rien n’est fait.

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