Revendications anglophones : L’armée a tué à Bemanda, selon Amnesty
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Dans son dernier rapport, l’Ong internationale dénonce la répression.

Voici le gouvernement camerounais mis sur le banc des accusés dans la crise anglophone. Voici un nouveau procès initié par Amnesty International contre le Cameroun. Il fallait bien s’y attendre, venant de cette organisation non gouvernementale qui, en juillet 2016, publiait son fameux rapport sous le titre : « bonne cause, mauvais moyens : atteintes aux droits humains et à la justice dans le cadre de la lutte contre Boko Haram au Cameroun ».

Cette fois, la charge d’Amnesty  est contenue dans son rapport général 2016/2017. L’organisation ne manque pas de revenir sur la crise sociopolitique qui secoue les deux régions anglophones du pays depuis octobre 2016. Les forces de sécurité camerounaises ne sont pas seulement accusées d’avoir eu recours à la « force excessive » pour disperser la manifestation du 8 décembre à Bamenda. Amnesty précise : « Elles ont tué deux à quatre personnes en tirant à balles réelles. » Le bilan officiel est de 2 morts, mais cela intéresse moins l’organisation.

Tout comme le sort des blessés enregistrés dans les rangs des policiers et des gendarmes. Mention n’est d’ailleurs faite nulle part. Ce qui importe aux yeux d’Amnesty c’est la violation des libertés (expression, association et réunion). Hormis la répression des manifestations, il y a l’autocensure des journalistes qui craignent de faire des critiques sur les questions de sécurité et bien d’autres sujets. Il y a le cas de Kah Walla, présidente de parti politique CPP. Ses partisans et elle ont été plusieurs fois arrêtés, incarcérés avant d’être libérés alors qu’ils menaient des activités pacifiques.

Tantôt retenus à la Direction de la surveillance du territoire, tantôt conduits dans un commissariat de police, cette leader politique et d’autres personnes ont été inculpées en mai dernier de « rébellion, incitation à l’insurrection et incitation à la révolte ».

Boko Haram

Pour Amnesty, la lutte contre Boko Haram reste irrémédiablement un caillou dans la chaussure du gouvernement camerounais. En effet, l’organisation revient avec des accusations déjà contenues dans son rapport de juillet 2016. Elle insiste notamment sur les arrestations et détentions arbitraires. « Les forces de sécurité ont encore arrêté arbitrairement des personnes accusées de soutenir Boko Haram sur la base de preuves minces, voire inexistantes, et les ont placées en détention dans des conditions inhumaines, qui mettaient souvent leur vie en danger.

Plusieurs centaines de suspects  ont été incarcérés dans des lieux de détention non officiels, comme des bases militaires ou des locaux appartenant aux services de renseignement, sans possibilité d’entrer en contact avec un avocat ni avec leur famille », indique le rapport 2016/2017. Par ailleurs, le Bataillon d’intervention rapide (Bir) et la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre) sont accusés de « torture, morts en détention et disparitions forcées ».

Ceux  qui ont la chance d’arriver devant les tribunaux militaires ne bénéficient pas de procès équitables. Amnesty insiste alors sur le sort du journaliste Ahmed Abba, correspondant de Radio France Internationale. Arrêté à Maroua en juillet 2015, il est jugé devant le tribunal militaire de Yaoundé depuis le 29 février 2016 pour complicité et de nondénonciation d’actes terroristes.

L’issue de l’affaire Ahmed Abba laisse craindre, eu égard à la sentence prononcée contre Fomusoh Ivo Feh, Azah Levis Gob et Afuh Nivelle Nfor, déclarés coupables de « non dénonciation d’actes terroristes » et condamnés à 10 ans de prison ferme depuis le 2 novembre 2016. Leurs malheurs sont partis du partage par SMS d’une blague sur Boko Haram. Alors que des citoyens sont ainsi punis, Amnesty relève l’impunité dont bénéficient les éléments des forces de défense malgré l’annonce par le gouvernement d’une commission chargée d’enquêter sur les crimes commis par les forces de sécurité engagées dans des opérations contre Boko Haram.

L’Ong n’ignore toutefois pas l’ouverture en août 2016 du procès du colonel de gendarmerie Charles Zé Onguéné, inculpé de négligence et d’infraction à la législation relative à la détention. Il est poursuivi pour la mort de personnes suspectes détenues dans des locaux de la gendarmerie. A l’évidence, il n’y a que des dérives qui intéressent Amnesty International. Ce n’est pas demain qu’elle félicitera le Cameroun pour l’accueil et l’asile offert aux réfugiés. Même ici, Amnesty observe que les 27 000 personnes vivant à l’extérieur du camp de Minawao sont harcelées par des forces de sécurité. Rien à voir donc avec les félicitations adressées au Cameroun par le haut-commissaire des Nations unies aux réfugiés, Filippo Grandi, en visite dans le pays en décembre 2016. C’est dire combien Amnesty a su faire sienne la critique. Son rapport va encore fâcher les autorités de Yaoundé.

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