COMPARUTION A LA CPI D’UN JIHADISTE MALIEN POUR DESTRUCTION DE MAUSOLEES : Un procès pour l’exemple
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COMPARUTION A LA CPI D’UN JIHADISTE MALIEN POUR DESTRUCTION DE MAUSOLEES : Un procès pour l’exemple

Le procès du jihadiste malien, Ahmed Al Mahdi, vient de s’ouvrir devant la Cour pénale internationale (CPI).  Cet ancien chef de la Hesbah, la brigade des mœurs qui a sévi à Tombouctou lors de l’occupation du Nord-Mali par les « fous d’Allah », doit répondre des faits de destruction de biens dans la « perle du désert ». En effet, il lui est reproché d’avoir supervisé la destruction de 9 mausolées et de la porte de la mosquée Sidi Yahia, à Tombouctou, entre avril 2012 et janvier 2013. Ce procès a une valeur historique. C’est une grande première pour la CPI de juger une personne accusée de crimes de guerre du fait de la destruction de monuments. Bien entendu, c’est bien, pour le principe et cela remet du baume au cœur des populations de Tombouctou, mais aussi de toute l’humanité qui a ses monuments comme patrimoine commun. On ne peut pas détruire ainsi la mémoire collective, l’âme d’une population entière, en toute impunité. En plus de tenter de restaurer ces monuments, il importait de demander des comptes à ceux qui les ont détruits.

Aux yeux des « illuminés », ce procès constitue une grande humiliation

Le fait que ce procès bénéficie d’une certaine médiatisation, a aussi toute son importance. On peut espérer qu’il aura un effet dissuasif sur les apprentis jihadistes, qu’il leur fera prendre conscience du fait qu’ils seraient passibles de lourdes peines s’ils venaient à se livrer à des actes de ce genre. Il est évident qu’aux yeux des « illuminés », ce procès, médiatisé comme il l’est, constitue une grande humiliation. En effet, par principe, les terroristes ne peuvent pas se faire à l’idée de devoir rendre compte de leurs actes un jour. Aveuglés par leurs croyances sordides, ils se considèrent « purs et irréprochables ». Tant et si bien que l’idée même de se voir reprocher des choses, leur paraît abjecte. Il faut donc espérer que les images de ce procès qui feront le tour du monde, puissent faire effet, contribuer à dissuader plus d’un jihadiste. Certes, il serait naïf de penser que les terroristes indécrottables de la trempe des Abou Bakr al-Bagdadi et autres Mokhtar Belmokhtar, vont s’empresser de se repentir, après avoir vu ces images d’un des leurs aux prises avec la Justice. Il ne faut certainement pas en rêver, tant ils ont la barbarie chevillée au corps. Mais, on peut déjà se réjouir du fait que Ahmed Al Mahdi, lui-même, plaide coupable. Cela aura pour conséquence d’accélérer le déroulement du procès. Il est rare qu’un jihadiste fasse ainsi acte de contrition, en demandant pardon à ses victimes. C’est peut-être la preuve que certains se laissent embarquer dans l’ « aventure terroriste », sans une véritable réflexion préalable sur les tenants et les aboutissants de leurs faits et gestes. En tout cas, on se demande comment un intellectuel du rang de Ahmed Al Mahdi, a pu verser dans un tel aveuglement. En effet, sa qualité d’enseignant de philosophie arabe, laisse penser qu’il avait les moyens intellectuels d’avoir du discernement, d’éviter de pactiser avec les « extrémistes » qui avaient mis sous coupe réglée, le Nord de son pays. La philosophie étant « l’amour de la sagesse », on pouvait attendre mieux de quelqu’un qui passe pour être un maître en la matière. Hélas, ce ne fut pas le cas. Il ne reste plus qu’à espérer qu’au-delà de la demande de pardon, il ait un repentir sincère. En tout état de cause, il convient pour la communauté internationale, de ne pas s’arrêter en si bon chemin. Ahmed Al Mahdi n’a pas seulement détruit des mausolées. Il faudra également le juger pour son rôle présumé dans l’application des préceptes de la charia aux habitants des localités du Nord-Mali alors sous le joug des islamistes radicaux. Il y a eu des amputations et bien d’autres atteintes à l’intégrité physique des habitants, qui ne doivent pas rester impunies. De plus, l’ancien chef de la brigade des mœurs qui veillait à l’application de l’idéologie des jihadistes au Nord-Mali, n’a pas agi en solitaire. Il a même reçu des ordres des chefs d’Ansar dine et d’Al Qaïda au Mahgreb islamique (AQMI). C’est dire combien il importe de mettre la main sur ces chefs et bien d’autres acteurs de l’occupation du septentrion malien, pour qu’ils rendent compte de toutes les exactions commises en son temps par eux et les leurs. La traque devrait donc s’intensifier dans le cadre d’une tolérance zéro des crimes terroristes. Tant au Mali que dans tous les autres pays secoués par le phénomène terroriste à travers la planète.

Il urge d’attaquer le mal à la racine

En plus de cette traque indispensable à la Justice, il convient de mener une bataille farouche et méthodique contre l’idéologie qui sous-tend ces actes barbares. Il faut déconstruire certaines idées. Les chefs terroristes arrivent à faire croire à leurs adeptes que les monuments comme ceux de Tombouctou, sont des symboles vivants de l’idolâtrie. Tirant ainsi prétexte du fait que l’idolâtrie est condamnée par la religion musulmane dont ils se réclament, à tort d’ailleurs, ces islamistes radicaux induisent bien des gens en erreur. Dès lors, ils peuvent facilement recruter des combattants déterminés à livrer une guerre sans merci à ces mausolées et autres monuments du genre ainsi qu’aux personnes qui les ont comme référence. Tant que les thuriféraires de cette idéologie auront les coudées franches pour la disséminer à travers le monde, surtout auprès des jeunes désœuvrés qu’ils appâtent en leur promettant au détour, monts et merveilles, le monde civilisé aura du pain sur la planche. Il urge donc d’attaquer le mal à la racine avec la contribution de toutes les bonnes volontés. Il faut espérer que ce soit dans cet esprit que s’inscrit la rencontre que vient de tenir le président malien, Ibrahim Boubacar Kéita, avec les imams de son pays. L’apaisement du climat social est, de toute évidence, une condition sine qua non au succès de la lutte anti-terroriste dans le pays.

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