PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE : Les nominations à problème du Consupe
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Sur 172 personnels techniques, l’on ne dénombre que 16 originaires des trois régions septentrionales.

Quelle est la place des fonctionnaires originaires des régions septentrionales dans l’appareil de l’Etat ? Cette question, récurrente, est à l’origine de nombreux débats où théoriciens de la méritocratie - comme si les diplômés nordistes étaient génétiquement idiots - et partisans de l’équité, de la justice et du vivre ensemble s’opposent.

En tout cas, malgré une volonté certaine d’intégrer toutes les parties du pays dans la gestion des affaires de l’Etat, il reste encore de nombreuses forteresses où les cadres originaires des régions septentrionales sont proprement considérés comme des fonctionnaires de seconde zone. Quand ils y sont admis.

L’un de ces bastions se trouve être aujourd’hui le ministère délégué à la Présidence en charge du Contrôle supérieur de l’Etat. «La situation des cadres nordistes du Consupe se détériorent au fur et à mesure que les ministres changent. L’actuelle ministre est restée sur la lancée de ses predecesseurs à moins que ce ne soit la présidence de la République qui a validé cette imposture», regrette un inspecteur d’Etat retraité originaire des régions septentrionales.

Les chiffres, il faut le dire, sont sans appel. A la lecture du décret présidentiel du 22 juillet 2016 nommant les responsables dans les services du Contrôle supérieur de l’Etat, il ressort que sur désormais 50 inspecteurs d’Etat - lesquels ont rang de secretaire général de ministère -, seuls trois sont originaires des régions septentrionales.

Il s’agit de Moussa Seibou, Aboubakar Modibo et Hassan. Sur 16 contrôleurs d’Etat, ne figurent sur la liste que Aboubakary Abba Ousmane et Tawé Gyassiri. La même portion congrue est réservée aux cadres du Septentrion chez les vérificateurs assistants. Ici, ils ne sont que 11 sur 106. Au final donc, sur 172 personnels techniques, l’on dénombre 16 originaires des trois régions septentrionales, à savoir l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord.

Des chiffres qui donnent, à n’en point douter, le tournis. Va pour le grade. Pour ce qui est de l’attribution des postes à responsabilité, il est constant que la ministre délégué Mbah Acha Rose Fomudam est restée sur les traces de ses predecesseurs, en particulier du plus célèbre d’entre eux, l’actuel ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Eyebé Ayissi qui, à la faveur de la guerre contre Boko Haram, a montré jusqu’ici un amour profond à l’endroit des fils et filles des régions septentrionales du pays jusqu’à les accuser d’être de mèche avec la secte terroriste.

Donc, sur 14 postes de rang de secretaire général ou de chef de division, un seul est encore théoriquement occupé par un fils du Septentrion. L’intéressé, Kaldadak Pierre, a été récemment nommé à la tête de la Campost et devrait être remplacé incessamment. Avec un peu de chance, le Grand-Nord pourrait afficher dans les jours à venir, un gros zéro à son tableau de chasse.

«A la décharge de l’actuelle ministre, en vingt ans, le Grand-Nord n’a jamais compté plus d’une personne ayant rang de secretaire général ou de chef de division au Consupe.

Hier, c’était Abdoulaye Wouyak Marava; aujourd’hui, c’est Kaladadak Pierre. Elle n’est pas venue au Consupe faire la révolution», relativise un inspecteur d’Etat. La dégringolade se poursuit au niveau des chefs de section et des sous-directeurs où sur 30 postes, 03 sont occupés par des fonctionnaires originaires de cette partie du pays. Quant aux 62 postes correspondant au rang de chef de brigade ou de chef de service, ils ne sont que 07 inscrits au tableau.

«Nous servons tous le même pays avec amour et il n’est pas juste que nous ne soyons ni reconnus, ni récompensés. Cependant, ce qui nous gêne davantage, c’est que chaque fois que nous réclamons une meilleure justice, on nous brandit toujours la méritocratie comme s’il y avait un concours, un appel d’offres, pour accéder à un poste.

Comme si nous n’étions que des faire-valoir. C’est une technique de marginalisation subtile et très malsaine. Je vais vous dire, quand le ministre Eyebé Ayissi est arrivé au Consupe, il a recruté environ 70 agents qu’on a appelés «agents spécifiques temporaires », d’ailleurs à l’origine de la baisse des primes des cadres du Consupe.

Il n’a pris que les siens et aujourd’hui, ils errent dans les couloirs. D’où leur sobriquet de «personnel oisif et déambulant»», explique un cadre du Consupe. Ainsi va le Contrôle supérieur de l’Etat. 

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