Le pot de miel de mon tonton par Vincent-Sosthène FOUDA socio-politologue
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CAMEROUN :: Le pot de miel de mon tonton par Vincent-Sosthène FOUDA socio-politologue :: CAMEROON

Le 23 août 2004, il s’endormait mon père, et un jour comme celui-ci, le 12 septembre, nous le conduisîmes mes sœurs et moi à sa dernière demeure. Parmi les faits qui m’ont marqué pendant cette période de deuil, je garde en mémoire, le pot de miel qu’un de mes oncles apporta à ma mère en lui disant « c’est pour adoucir la douleur ». J’ai depuis ce jour commencé à consommer du miel, il adoucit ma vie de son amertume.

Je parle de ce pot de miel aujourd’hui parce que j’aurai aimé le comparer à l’Etat qui est envisagé comme un remède aux ravages du monde libéral qui nous encercle, l’Etat comme contrepoids aux injustices qui privent le peuple d’une simple volonté de bonheur. Mais les annonces gouvernementales ne me rassurent pas au quotidien au point où l’Etat apparaît comme le serviteur soumis à un marché qui n’existe que dans la tête de nos gouvernants. Comment comprendre que le programme de logements sociaux au Cameroun lancé par le chef de l’Etat en 2009 ait croqué 27 milliards de nos francs et n’ait produit que 300 logements dont le prix d’achat n’est pas à la portée de ceux pour qui ils ont été construits ? Un petit calcul élémentaire situe la valeur monétaire de chaque logement social à 47 millions de nos francs ! Aberrant !

Nous voici à l’heure où les serviteurs de l’Etat et les élus du peuple veulent déposer les armes de l’État aux pieds de puissances privées, oubliant ainsi que non seulement les institutions publiques créent de la richesse, mais qu’elles sont aussi un moyen d’accomplir des fins sociales comme la justice, l’égalité et la liberté. Il y a urgence pour que nous puissions redécouvrir ensemble la douceur du miel.

Permettez-moi donc cette entorse pour nous inviter à nous mobiliser pour sauver une artiste camerounaise Lisa T. qui a un goitre dont elle aimerait se faire opérer. Ici, elle chante « Nostalgie » comme pour nous rappeler le temps qui fut hier notre meilleur allié et qui nous fait défaut aujourd’hui… 

C’est Regard Social sur Equinoxe avec le journaliste Eric Kouamo qui a lancé ce cri de générosité auquel je joins ma voix ainsi que celle de mon épouse et de nos enfants. La vie est amère surtout quand on la consomme sans sucre !

Le miel ne constitue pas pour rien depuis toujours le symbole fort des fruits sacrés du travail. Il est aussi le symbole de la solidarité et du juste partage. Regardons ensemble les abeilles au travail, regardons les défendre la ruche, regardons-les vivre du fruit de leur labeur. Oui, le miel symbolise le fruit promis du travail, l’énergie qui permet de nourrir une nouvelle génération.

Aujourd’hui, du Nord au Sud de l’Est à l’Ouest, de la campagne comme en ville, nous sommes passés d’une société solidaire à un monde atomisé, individualiste, égocentrique. Les objectifs communs sont désormais modelés selon les besoins d’une caste de rentiers préoccupés par un hédonisme qu’elle fait payer à tous. Le fétichisme marchand des dirigeants de notre pays, et le

divertissement en tant qu’aspirations suprêmes de ces privilégiés ont conduit à la propagation des recettes que nous cuisinent tous ceux qui voient dans les mesures d’austérité une nécessité pour maintenir le cap sur de pareilles insignifiances. Hier, j’avais trouvé le geste de mon oncle de beaucoup de grandeur, ceux aussi qui étaient présents, je crois… J’ai eu envie de devenir apiculteur ; vous aussi je l’espère, pour la seule beauté des rayons de miel. Il est possible d’améliorer le panier de la ménagère, de mettre un peu de miel dans la vie de nos semblables. Notre semblable ? C’est celui que notre regard esquive justement et peut-être qui nous tourne le dos. Il est notre semblable dans l’humaine condition.

© Correspondance : Dr Vincent-Sosthène FOUDA

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