Les élections de l’exécutif communal d’hier, mercredi 5 août 2015, ont permis au Social democratic front d’étaler aux yeux de tous, une fois de plus, la cassure qu’il y a entre ses militants.

Enfin ! L’exécutif communal de la mairie de Douala V est connu. Mercredi 5 août 2015, après moult tractations, et à la surprise de plusieurs, Gustave Ebanda, le 1er adjoint au maire décédé (Françoise Foning) l’a emporté à main levée. Normal ! Investi par son parti le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, Rdpc, il était seul en lice.  Mais il devra bien remercier son parti pour cette investiture car d’autres voix s’étaient déjà signalées pour lui faire ombrage. L’ancien sous-préfet de Douala 5ème, Jeannot Tamandjo avait officiellement présenté sa candidature, quelques jours avant l’échéance. Le conseiller Kiari également. Du coup, il fallait l’intervention de la hiérarchie. Pour la circonstance, c’est Jacques Fame Ndongo qui a été mandaté comme chef de la délégation du Comité central du Rdpc.

Dans la matinée de mercredi, pendant que les conseillers, militants, médias attendent devant l’hôtel de Douala 5, le lancement des élections, on apprend que le premier round se joue dans un autre établissement hôtelier non loin. En fait, le Rdpc n’a trouvé que le jour des élections pour entrer en conclave. La séance est à huis clos. On apprend cependant que Kiari s’est désisté. Reste Ebanda et Tamandjo. Personne ne veut lâcher du lest. «Après un échec des consensus, nous sommes passés aux votes ouverts. Nous venons d’assister à un exemple palpable de la démocratie apaisée», narre le chef de la délégation du Comité central. Au finish, Gustave Ebanda est choisi, avec 32 voix pour et 12 voix contre. Après les consultations en interne, la délégation du Rdpc est arrivée au lieu de la cérémonie proprement dite. La salle est noire de monde.

Eclats de voix

Plus de suspense. Exit le lancement des élections par le préfet du Wouri, Paul Naseri Bea, les cinquante neuf conseillers municipaux (Françoise Foning et Papy Doumbè étant décédés) sont appelés à choisir le maire. Bien évidemment, il n’y a qu’un seul candidat. Gustave Ebanda remporte l’élection avec 59 voix/59. Le parti du flambeau ardent a la majorité absolue. Les cinq premiers adjoints sont du Rdpc. Comme le prévoit les textes, le deuxième adjoint monte premier adjoint. Ainsi de suite. Le siège vide est celui du 6ème adjoint. «A Douala 5ème, après le Rdpc, c’est le Sdf qui a le plus de conseillers, précise de préfet», donc le poste du 6ème adjoint lui revient. Des cris de joie se font entendre. Pas pour longtemps. La véritable élection doit commencer. Le Sdf n’a pas pu s’entendre sur qui installer comme adjoint.

Président des conseillers municipaux du Social democratic front, Elimbi Lobe va sur l’estrade présenter «le candidat que les conseillers municipaux Sdf ont désigné en consensus, car, comme je semble le voir, il y a des manipulations qui voudraient que des ordres autres que ceux que nous avons choisi soient exécutés. Nous avons choisi Njeuga Rémi et j’ai approché les conseillers municipaux des autres partis de l’opposition qui ont adoubé cette candidature.» Après lui, un autre militant du «Pouvoir au peuple» demande la parole au préfet. Il se présente comme le mandataire du parti.  «Je voudrais préciser que la hiérarchie de mon parti a investi un candidat dont j’ignore encore le nom à l’heure où je vous parle. Une enveloppe m’a été remise et je vais l’ouvrir devant vous. Il n’appartient pas à un individu de choisir un candidat. Le candidat investi par le parti est  Ngoualem Carlos.» Le choix de l’adjoint «est une affaire des conseillers, monsieur le préfet. C’est de l’indiscipline notoire. La hiérarchie du parti n’a rien à y voir.», tente d’expliquer certains mécontents.

Dans la salle, c’est l’imbroglio. Elimbi Lobe est visiblement offusqué, mais il n’a plus droit à la parole. Pour trancher, ce que le Sdf n’a pas su faire, l’autorité administrative invite tous les conseillers aux urnes. Pour le plaisir de quelques uns, Carlos Ngoualem qui avait été tête de liste aux élections municipales de 2013 dans cette commune (connu dans le monde de la presse comme « kiosquiste », Ndlr) obtient 39 voix, contre 20 voix pour Njeuga Rémi.