Depuis de longs mois et au prix d’énormes sacrifices, le Cameroun affronte courageusement des hordes d’islamistes venues du Nigeria voisin.

Des bilans de ces sanglants combats se succèdent, certes en faveur de nos forces de défense. Mais n’empêche qu’il se dégage le constat que notre pays est bien esseulé dans cette lutte contre la secte islamique Boko Haram qui a pratiquement annexé de larges bandes du territoire au Nigeria. Poussé par la communauté internationale de s’engager davantage dans le combat contre le terrorisme, le Chef de l’Etat Paul BIYA a officiellement déclaré la guerre à la nébuleuse Boko Haram au sortir du Sommet de Paris l’an dernier consacré à cette crise. Avec bien entendu la promesse d’un soutien multidimensionnel et une meilleure coopération avec les autorités nigérianes. Promesses qui ont tardé à se matérialiser, du moins jusqu’à l’entrée officielle en guerre des troupes tchadiennes, qui intervient elle-même après la chute de la base militaire stratégique de Baga.

Depuis lors, des bonnes volontés se manifestent. Mieux vaut tard que jamais dirait-on ! Mais il faut aussi savoir que les calamités consécutives à la guerre n’attendent pas et qu’elles sont très difficilement réparables. Si les aides tardent, auront-elles encore une réelle utilité, se demande-t-on au sein de l’opinion publique ? Y a-t-il un agenda caché dans cette attitude teintée d’indifférence de la communauté internationale à un moment aussi crucial pour le Cameroun ?

Des questions et bien d’autres qui ne manquent pas de soulever de nombreuses polémiques. La plus vive étant la question de savoir ce qu’on a fait pour mériter cette guerre. A priori rien ! D’abord parce que nous n’avons rien à voir avec la secte islamique Boko Haram qui a ses racines au Nigeria et dont les revendications sont grosso modo sur la situation interne de ce pays. Ensuite et enfin jusqu’au Sommet de Paris, notre pays n’a été qu’une victime collatérale des combats entre la secte et les forces de défense nigérianes. Avec seulement quelques incursions notables qui se limitaient d’ailleurs aux enlèvements d’étrangers dans l’optique pour la secte d’obtenir le paiement de rançons.

Hélas, le Sommet de Paris nous a plongés dans la guerre totale. Avant même la fin de ces assises, un camp de travailleurs Chinois a été violemment attaqué et plusieurs ressortissants de l’empire du milieu enlevés. Plus grave encore toute la partie de l’Extrême Nord-Ouest du Cameroun s’est embrasée. Des centaines de milliers de populations fuyant les combats se sont déplacées.

Réfugiés internes qui s’ajoutent aux milliers d’autres venus du Nigéria qu’il faut nourrir et assister. Nos maigres ressources destinées à la lutte contre le sous-développement sont affectées à la guerre. Sans oublier toutes les souffrances des familles qui voient leurs proches tombés au front. La situation n’a certes pas encore atteint un seuil dramatique. Mais elle prend chaque jour une tournure inquiétante. La seule entrée des forces tchadiennes chez nous constitue déjà un fait sans précédent.

Ce qui exige de la communauté nationale un resserrement de la solidarité d’abord au titre du soutien nécessaire aux victimes de cette guerre ; ensuite vis-à-vis des forces de défense au front. C’est le moment où jamais où les Camerounais doivent s’unir dans le cadre d’une union sacrée contre les forces obscurantistes qui veulent prendre notre pays en otage.

Pour ce faire, une parfaite symbiose entre populations et autorités s’impose, afin d’éviter que ces «fous» de Dieu ne s’immergent dans la population, en bénéficiant de complicités de nature à leur permettre d’agir dans le dos des forces de défense. Solidarité donc avec les victimes et les forces de l’ordre, mais aussi et surtout vigilance de la part des autorités qui doivent prendre toute la mesure de cette guerre asymétrique contre un ennemi sans visage.