Terrorisme Religieux : Naissance d’un mouvement intégriste en pays Basaa
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Depuis plusieurs mois, les Basaa du Cameroun couvrent la gestation d’un nouveau mouvement intégriste, dans l’ignorance presque totale du grand public. Le lancement officiel des ‘activités de combat’ ont eu lieu dans la nuit du 11 novembre dernier, nuit au cours de laquelle des hommes du mouvement ont procédé à la destruction du monument religieux catholique placé sur la grotte mythique de Ngock Lituba depuis près de 60 ans.

Le projet clairement exprimé

Par ce mouvement d’inspiration traditionnelle est l’éradication de toutes les autres croyances et l’institution d’un pouvoir théocratique traditionnel. La prochaine étape sera la destruction des lieux de cultes, temples, églises et mosquées construits par les ‘abrahamistes’ (sic) sur l’aire géographique basaa. Ensuite ils comptent détruire les monuments renvoyant à la culture occidentale, débaptiser les sites et lieux publics portant des dénominations et des signes occidentaux.

Ils prévoient s’attaquer au système éducatif occidental, non pas pour l’améliorer en faveur du pays, mais pour remettre en cause les philosophies et les sciences occidentales, la liberté religieuse et la laïcité de l’Etat, le tout dans un langage fortement populiste. Ce mouvement abusivement appelé « Mbog Basaa » entend destituer tous les patriarches (Mbombog) basaa qui ne partagent pas son idéologie. On découvre progressivement ses penseurs tapis dans l’ombre à l’étranger, ses hommes ayant échoué en politique, ainsi que ses hommes liges sur le terrain, que les enquêtes vont certainement dévoiler. Les autorités administratives de Nyanon dans la Sanaga maritime ont dénoncé cet acte de vandalisme et ont livré quelques suspects aux forces de maintien de l’ordre.

Une enquête est en cours. Ceci est d’autant plus inquiétant que ce grand site historique pour plusieurs tribus du grand Sud Cameroun a été choisi en février dernier comme site touristique national de lancement du recensement organisé par le ministre de la Culture Narcisse Mouellè Kombi, en lien avec l’Unesco, qui disait encore en conclusion du discours inaugural de cette grande opération que « toute culture qui ne s’ouvre pas aux autres cultures est appelée à mourir ». Ngock Lituba n’est donc pas une propriété des Bassaa.

Les chrétiens comme cibles

Immédiatement un courant de soutien aux vandales s’est constitué depuis l’étranger, avec des avocats locaux, des personnalités politiques, des jeunes et certains patriarches Basaa. Signe que ces mouvements sont à prendre au sérieux, c’est l’existence d’un courant opposé à ce nouveau « talibanisme ». Ce courant a tenu lui aussi (ô coïncidence ?) une importante assise le même week-end au lieu-dit Manguèn II, dans l’arrondissement de Matomb. Là, il était question d’exorciser carrément le peuple Basaa. S’y sont retrouvés plus de 30 patriarches, une centaine de chefs traditionnels, des leaders religieux chrétiens et musulmans, des élites se réclamant de la modernité.

Selon des  sources bien informées, on y a vu des personnalités telles que Mgr Victor Tonyè Bakot qui ne s’est certainement pas déplacé de sa paisible retraite pour une blague. Y participaient aussi le Pr PierreTitti Nwel, anthropologue de renom, le père Jérôme Moussi Béa, le pasteur Pierre Mbenda, Sa Majesté Donation Onla Yebga. Au moment où le Cameroun est en guerre contre un hideux et exécrable mouvement intégriste basé sur le rejet de l’école occidentale, alors que des accidents plus que dramatiques endeuillent des centaines de familles, notamment suite à cet accident ferroviaire d’Eséka, il serait préjudiciable à la nation de minimiser l’irruption d’un nouvel intégrisme, fut-il subtil.

La tribu Basaa fait partie des plus importantes de la forêt du Cameroun. Elle couvre les départements du Nyong et Kéllé, de la Sanaga Maritine, ainsi qu’une partie du Nkam et du Wouri. Peuple marqué par la violence, les Basaa se sont illustrés dans la lutte nationaliste pour l’indépendance et la réunification du Cameroun.

Les caricatures de ce peuple présentées par les puissances coloniales n’ont jamais été effacées par les gouvernements successifs de Yaoundé. N’ayant pas su gérer l’héritage politique de Ruben Um Nyobè qu’ils considèrent comme leur propriété, les Basaa sont restés comme disent les mauvaises langues ‘une civilisation de la lampe tempête’, au vu du non développement de leur contrée. Un clivage supplémentaire va en rajouter, avec les risques de violence que cela comporte.

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