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© Correspondance : Par Franklin Nyamsi, Professeur Agrégé De Philosophie, Rouen, France
- 27 Jul 2016 09:42:16
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FRANCE :: Des conditions de l’Union Sacrée Française contre le Terrorisme
Une Eglise catholique vient d’être sauvagement attaquée en Normandie, dans ma région de France. Après le massacre terroriste de Nice et celui du Bataclan à Paris. Le mal terroriste se banalise. La spirale de la terreur obscurantiste traverse et strie ainsi désormais la France, de la Capitale aux villes de province. Or, l’opinion nationale française est pourtant aujourd’hui dans une situation paradoxale. D’une part, le peuple français, dans son ensemble, souffre quasi uniment des attaques terroristes répétées qui se poursuivent désormais avec régularité et virulence sur le sol français. D’autre part, la classe politique française, dans son ensemble, est ouvertement divisée par une seule question: qui est responsable de la Terreur qui nous frappe? La droite et l’extrême droite chargent le pouvoir socialiste, de toutes les responsabilités de l’escalade en cours. Pour sa part, le pouvoir socialiste affirme faire bien mieux que ses prédécesseurs de droite, contre les escadrons de la mort de Daesh. Chacun des principaux camps politiques, pour ainsi dire, rejette la responsabilité de la situation périlleuse actuelle sur un autre. Qui croire? Pire, le risque est désormais grand que cette division de la classe politique se traduise ou se prolonge dans la société globale par une forte résurgence des communautarismes religieux musulmans, chrétiens et juifs. Ainsi, à mon sens, la bonne question est: quelle est la vérité dans cet imbroglio? Et si nous y répondions, nous pourrions seulement alors nous demander, mieux encore: à quelles conditions une union sacrée des Français contre le terrorisme est-elle possible? Il me semble qu’il faut identifier sur le fond d’un constat objectif, des conditions morales, des conditions politiques et des conditions stratégiques. Je consacre les lignes qui suivent à identifier et expliciter ces conditions, car trop de mensonges ignobles risquent de prospérer dans la tragédie en cours.
I-Conditions morales
La France, grande démocratie issue d’une lutte de référence universelle, la révolution française de 1789, a une obligation de cohérence envers elle-même et le monde. Elle ne doit, ni de près, ni de loin, faire ce qu’elle condamne par ailleurs au nom de ses valeurs transcendantes: la liberté, l’égalité et la fraternité humaines universelles.Il n’est donc pas possible de lutter efficacement contre le terrorisme en France si des forces françaises sont de près ou de loin, responsables d’actes terroristes hors de nos frontières, contre des populations innocentes de la planète. Tous les Français doivent donc s’assurer que les actes des armées françaises disséminées à travers le monde sont conformes aux valeurs de la république.Or les échos qui nous proviennent des actes de guerre de l’armée française en dehors des frontières de France doivent nous alerter sans tarder. Nos bombes assassinent-elles des innocents? Nos soldats tirent-ils sur le tas pour venger d’une façon ou d’une autre nos morts? Nous, Français, devons clairement répondre à ces questions, par une mise sous surveillance de la politique militaire internationale de la France par nos contre-pouvoirs. Car il est une constante que les interventions françaises en Lybie, sous Nicolas Sarkozy, et l’actuelle guerre en Syrie et en Irak contre Daesh, comme en Afrique contre Aqmi et Boko Haram, sous Hollande, ne sont pas sans bavures, de nature à nourrir parfois une plus grande hostilité envers la France et ses habitants.
II- Conditions politiques
Les responsabilités successives de la classe politique de droite et de gauche, bref de l’élite française de gouvernement, dans la situation actuelle, doivent être impérativement clarifiées pour tous les Français.
Une enquête objective d’ampleur nationale s’impose. Députés, Sénateurs, Magistrats et organisations de la société civile française devraient s’en saisir.
On se demandera: quels sont les liens des gouvernements français successifs, de droite et de gauche, avec les Etats qui appuient ouvertement ou implicitement Daesh aujourd’hui? Cette question devrait ouvrir une immense boîte de Pandore, depuis l’époque de la guerre Iran-Irak jusqu’à l’actuelle guerre anti Daesh, sans oublier les épisodes libyens, sahariens et sub-sahariens…
A l’issue d’une telle enquête, les Français doivent pouvoir décharger de toute responsabilité publique, tout homme ou femme politique, toute famille de gouvernement politique qui a de près ou de loin, pactisé avec des forces complices de Daesh, directement ou indirectement. Or on sait très bien sur quelles puissances le terroriste salafiste s’adosse. Les amis actuels ou de circonstances des monarques et dirigeants sulfureux d’Arabie saoudite, du Qatar, de Lybie, des Emirats arabes Unis ou des réseaux extrémistes du Moyen-Orient, doivent tous débarrasser le plancher de la politique française. Une classe politique, entièrement responsable de ses actes en politique étrangère, doit émerger en France.
Voilà pourquoi je récuse solennellement trois mensonges régnants en France:
Le mensonge du pouvoir socialiste, qui se comporte comme si sa politique internationale était un modèle de transparence et de probité, alors que tout porte à penser qu’elle est pleine de contradictions flagrantes envers les principes de la république française. N’est-ce pas sous Hollande qu’un monarque saoudien réputé ennemi des droits de l’Homme a reçu la Légion d’honneur de la France? N’est-ce pas toujours sous Hollande, que la pire politique libérale jamais menée par la gauche de pouvoir, a précipité l’abandon de millions de français, principalement ceux issus de l’immigration à la misère socioéconomique et à la marginalité qui s’en nourrit ?
Le mensonge de l’opposition des Républicains, dont le chef, Nicolas Sarkozy, a largement contribué quand il était au pouvoir, à déstabiliser l’Afrique du Nord par la casse aveugle de l’Etat libyen , dont il s’était pourtant entiché auparavant du Chef, Mouammar Khadafi. Sans oublier la contribution de la droite au clivage des communautés religieuses actuellement en hausse en France. N’est-ce pas Nicolas Sarkozy, alors président de la république, qui promettait de traiter les banlieues françaises au Kärcher?
Le mensonge de l’extrême-droite du Front National, qui se présente avec Marine Le Pen comme la sainte nitouche de la politique française, alors que ses accointances financières avec le pouvoir violent russe, sont tout aussi bien de nature à nous attirer l’hostilité du monde sunnite, dans l’hypothèse de l’arrivée du Front National au pouvoir. N’est-ce pas cette même extrême droite, qui incite chaque jour les français chrétiens à se méfier des français musulmans et juifs?
Au point que cette crise, au fond, révèle que la classe politique française, dans son écrasante majorité, a contribué et contribue à rendre floue la politique internationale de la France et son combat contre l’obscurantisme jihadiste. Car la politique internationale de la France a incontestablement conservé des relents de racisme, d’impérialisme et de cynisme moral. C’est à ce passif politique, inscrit dans son attitude envers le monde, que la politique française doit s’attaquer pour se dresser avec cohérence et cohésion face à la barbarie terroriste. Les grandes déclarations solennelles de façade, ou la précipitation médiatique des autorités sur les lieux de nos drames ne suffiront plus à répondre à la crise de sens de la politique internationale de la France. L’union sacrée des Français contre le terrorisme passera donc nécessairement par un renouvellement moral et institutionnel de la classe politique française.
En attendant, nous devons vivre et survivre. Quelles mesures stratégiques s’imposent, en plus de celles que le gouvernement a légitimement déclenchées?
Conditions stratégiques
La polyvalence des formes d’agressions terroristes contre les populations françaises appelle une mobilisation totale de comités de défense citoyenne rassemblés autour des autorités sécuritaires communales, régionales et nationales, mais aussi un réajustement institutionnel conséquent.
a)La mobilisation civique large pour la défense de nos vies doit se poursuivre. Prenons toutes nos responsabilités, pour la sécurité de toutes et de tous.
b) De même, l’appareillage juridique, sans renoncer à nos principes généraux de droit, doit s’adapter à l’état de guerre, pour sanctionner avec fermeté tous les terroristes et tous leurs complices nationaux et internationaux.
c)Les médias doivent dans ce contexte se faire les agents de la pédagogie de lutte contre les amalgames, car les terroristes veulent en réalité vaincre par l’instauration de la peur, de la haine interreligieuse et de la confrontation intercommunautaire en France.
d) Tout lieu de rassemblement de personnes, dans les circonstances actuelles, doit systématiquement être sécurisé. Le peuple français est averti. Nous sommes en guerre. Chaque fois qu’un groupe de citoyens sera réuni, il va falloir s’attendre à ce qu’il soit attaqué, de nuit ou de jour. Dans les lieux publics ou privés. Les cibles protégées et les cibles non protégées seront systématiquement visées par l’ennemi terroriste.
Telles sont de mon point de vue, à froid, les trois types de conditions que les Français doivent impérativement remplir pour aller vers la nécessaire Union Sacrée qui s’impose dans la lutte contre le terrorisme dans ce pays. Toute tentative de contourner ces conditions éthiques, politiques et stratégiques par des manœuvres de pure rhétorique politicienne me semble dès lors digne d’être considérée comme un acte de haute trahison envers la République Française. Pour tout dire la cohérence éthique, politique et stratégique de la France sera le socle de la vaillance dont ce temps a besoin
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