Histoire:  Manuel Domergue explique la guerre de la France au cameroun entre 1948 - 1971 (vidéo)
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Histoire: Manuel Domergue explique la guerre de la France au cameroun entre 1948 - 1971 (vidéo) :: CAMEROON

Journaliste, écrivain et spécialiste du Cameroun, Manuel Domergue revisite le passé colonial de la France au Cameroun, notamment la guerre qu´elle y a livrée entre 1948 -1971 ainsi que ses séquelles encore perceptibles de cette guerre sur les régimes de l´ex président Ahmadou Ahidjo et de l´actuel président Paul Biya. Le moment est venu de lever l´ormeta historique aussi bien en France et au Cameroun.

Au micro de notre reporter Dimitri Njoume, le coauteur du livre "Kamerun: une guerre cachée aux origines de la Francafrique 1948-1971" ne porte pas les gants pour ressasser les faits.

Avant l´indépendance

"La France a mené une répression sanglante au Cameroun dans les années 40-50 car elle n´avait pas l´intention d´accorder l´indépendance á ce territoire dont elle n´assurait que la tutelle á elle confiée par la Société des nations, ancêtre de l´Organisation des Nations Unies, ONU. Pendant des années, la France a fraudé les élections pour empêcher le parti politique Union des populations du Cameroun qui exigeait l´indépendance du Cameroun d´accéder au pouvoir et qui voulait que le Cameroun soit dirigé par des camerounais choisis par eux-mêmes et non par la France".

Interdit de toutes  activités sur l´ensemble du territoire, ce parti est pourchassé. Face à ces  indépendantistes,  des nationalistes quasiment sans armée conventionnelle, la France use de grands moyens et tuent des camerounais sans compter. 75.000, 125.000, 200.000 camerounais et peut-être plus, sont bombardés, exécutés sans que personne n´ose lever le petit doigt puisque la France collent aux nationalistes l´étiquette de communistes pour rallier le soutien des alliés occidentaux. La Presse elle-même est interdite du théatre des événements.

Après l´indépendance

Pour faire « main basse sur le Cameroun », selon le titre de l´ouvrage de Mongo Beti, la France va se résoudre malgré elle á accorder l´indépendance au Cameroun en 1960. Sauf que même après celle-ci, l´UPC reste toujours bannie et la guerre va se poursuivre silencieusement. Pour continuer á avoir la mainmise sur le Cameroun, elle va "donner l´indépendance á des non nationalistes en la personne d´Ahmadou Ahidjo". Même si l´indépendance immédiate  du Cameroun était l´exigence première de l´UPC, celle-ci  ne voulait pas que le Cameroun soit dirigé par des camerounais choisis par la France, mais par des camerounais librement choisis par des camerounais eux-mêmes. La répression, puis la guerre commencée avant l´indépendance va redoubler d´intensité, laisse entendre Manuel Domergue.

Pour le spécialiste du Cameroun, "le legs actuel de cette guerre, c´est que le régime actuellement en place au Cameroun est un régime dictatorial incarné par le président Paul Biya depuis 1982". Et il argumente:"Paul Biya est l´héritier direct du régime d´Ahmadou Ahidjo, régime né de la répression. Paul Biya a été au cabinet de la présidence pendant la répression, puis premier ministre d´Ahmadou Ahidjo, donc comptable de cette époque. Sans cette répression-là, Paul Biya ne serait pas là où il est aujourd´hui. Donc il n´a pas trop d´intérêt á évoquer cette histoire. Même les quelquefois qu´il en a parlé, il a fait un parallèle tout à fait scandaleux entre les maquisards des années 50-60 et Boko Haram qui combat contre le Cameroun dans sa partie Nord".

Manuel Domergue estime que " cette lutte anti-terroriste mené par Ahmadou Ahidjo dans les années 60 a laissé des séquelles sur la répression des mouvements sociaux 30 - 40 ans après sous le président Paul Biya, á l ´image du massacre en 2008 de 150 manifestants de la faim.

Ouvrir les archives

Comme il l´a co-écrit dans son livre avec Thomas Deltombe et Jacob Tasitsa intitulé "Kamerun: une guerre cachée aux origines de la Francafrique 1948-1971", la France a mené une véritable guerre au Cameroun; une guerre qui ne doit plus être frappée du secret de l´ormeta historique même si le président Paul Biya est l´un des comptables, la France, enfin, par la voix de François Hollande en visite dernièrement au Cameroun n´a pas fait dans la langue de bois comme la plupart des dirigeants français.
"Non, la France n´es pas derrière Boko Haram. Non, il n´y a pas de militaires français dans les prisons camerounaises" insiste le chercheur.

La voie est ainsi ouverte aux chercheurs camerounais et français, mieux du monde entier, de se pencher sur cette guerre silencieuse, mais durement atroce vécue par les camerounais et dont certains en sont psychologiquement encore marqués, même en 2015.

 

 

 

 

 

 

© camer.be & Sopieprod/Diaspora Post Magazine : Issa-Behalal & Mbappe Dimitri Njoume

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