Plan d’Urgence Triennal : Le gouvernement veut confier les marchés à un Groupe en voie de faillite
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Les dirigeants du marocain ALLIANCES arrivent au Cameroun cette semaine. Près de 300 millions d’euros en jeu.

L’affaire est parée d’un tissu d’incongruités pour passer inaperçue. La nature du projet, les risques et les enjeux financiers importants engagent le trésor public et appellent à une prise de conscience collective. Au cours d’un scénario inédit de passation de marchés de gré à gré, faisant fi à la bonne gouvernance économique, le gouvernement, ou du moins ceux qui ont la change de la gestion de ce dossier, s’apprêtent à confier l’exécution d’un certain nombre de projets inscrits dans le Plan d’Urgence Triennal, à un Groupe marocain en détresse financière. Les difficultés de trésorerie dont il est question ici se manifestent par un endettement astronomique de 8,6 milliards de dirhams (monnaie marocaine) et un pôle construction qui bat fortement de l’aile. De mauvais scores qui ont valu au Groupe en question plusieurs sanctions du gendarme de la Bourse de Casablanca.

Un gros risque financier

Le Groupe marocain Alliances, puisqu’il s’agit de lui, est annoncé cette semaine à Yaoundé où des rencontres sont prévues au plus haut niveau avec les autorités camerounaises. Il sera question au cours de ce séjour en terre camerounaise d’officialiser les termes de ces contrats arrachés de gré à gré et sans possibilité de faire recours à d’autres expertises.
Le montant global des marchés qui seront octroyés à Alliances s’élève à plus de 280 millions d’euros. Ils concernent la réhabilitation des plateaux techniques des hôpitaux et les logements sociaux. Le trésor public camerounais sera impliqué dans cette opération y compris la Banque Atlantique. Un gros risque aux retombées imprévisibles au regard de la mauvaise santé financière dans laquelle se trouve le marocain Alliances. Ce qui suscite certaines observations sur le bien-fondé de ce choix glissant.

Le Plan d’Urgence Triennal annoncé par le Président Paul Biya en 2014 doit consolider la croissance économique du Cameroun et améliorer les conditions de vie des populations dans les domaines de la santé, de l’éducation, des transports, des infrastructures de base , des communications et l’agriculture. Ce Plan a également pour objectif de créer des emplois en accordant une part belle aux entreprises locales dans l’attribution des marchés afin de les rendre plus compétitives et permettre au secteur privé de jouer pleinement son rôle de moteur de la croissance économique. Et enfin, lors du conseil ministériel qu’il présidait au palais de l’unité en décembre 2014, le Président de la République recommandait à ses ministres rigueur, crédibilité et objectivité lors du choix des entreprises devant réaliser les chantiers de ce programme de développement.

Contre-performances

Ce qui ne semble malheureusement pas être le cas ici où certaines considérations partisanes ont pris le dessus sur la qualité des offres et la préservation de l’image de marque du Cameroun. Les autorités camerounaises ont-elles réellement pris la peine de mener des investigations approfondies sur ce Groupe en voie de faillite avant  toute prise de décision ?  Alliances doit-il payer ses dettes et rebondir avec l’argent du contribuable camerounais ?

Les déboires financiers accumulés depuis 2014 par le marocain Alliances sont une forme de d’avertissement et de mise en garde lancés à l’endroit du gouvernent camerounais dans sa ferme détermination à vouloir à tout prix confier l’exécution des projets du Plan d’Urgence Triennal à un opérateur fébrile qui affiche de très mauvais résultats sur le plan des performances :  une baisse de 31% en 2014 ayant entraîné une réduction des effectifs de son pôle construction ; effectifs passés de 6500 à 5300 emplois. En outre, le PDG du Groupe Alliances, Alami Lazraq, 63 ans, a été traîné en justice suite à une plainte déposée par un entrepreneur marocain pour une dette impayée de 20 millions de dirhams. A la suite de cette affaire, ses actions ont fait l’objet dune saisie conservatoire.

Le Cameroun a de grands défis socioéconomiques à relever avant 2018. Ses autorités doivent donc savoir que le Groupe marocain Alliances est une coquille vide qui ne peut pas réussir au Cameroun. Il serait donc hasardeux de l’attribuer la majorité des marchés du Plan d’Urgence Triennal étant donné que Paul Biya, à mi-mandat de son deuxième septennat présidentiel placé sous le signe es Grandes Réalisations, a un grand rendez-vous avec son peuple lorsque l’heure des comptes sonnera./. 

© Source : Press House

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