-
© Camer.be : Paul Moutila
- 13 Jun 2025 15:45:48
- |
- 2365
- |
Mentalité « Je gagne quoi » : l'aliénation capitaliste du débat politique camerounais :: CAMEROON
La réflexion de Jean Pierre Bekolo met en lumière un paradoxe troublant de la société camerounaise : le volontarisme politique y est systématiquement perçu comme suspect. L'engagement de figures comme Maurice Kamto, pourtant axé sur le bien commun, se heurte à une méfiance généralisée. Cette défiance révèle une crise profonde où tout acte désintéressé est réduit à un calcul d'intérêt personnel.
Le réflexe "Je gagne quoi dedans ?" dépasse largement la sphère administrative pour contaminer le champ politique. Les citoyens associent spontanément toute prise de parole publique à une stratégie d'enrichissement ou de conservation du pouvoir. Ce scepticisme ambiant rend incompréhensible la notion même de sacrifice pour la collectivité, pourtant ancrée dans les traditions africaines.
Cette logique éclaire les sobriquets réducteurs attribués aux acteurs politiques : les "sardinards" accusés de monnayer leur soutien contre des biens matériels, et les "tontinards" soupçonnés de privilégier des solidarités ethniques ou communautaires. Dans les deux cas, le débat politique camerounais se trouve vidé de sa substance idéologique au profit d'une transaction économique implicite.
Le capitalisme a ici opéré une mutation inquiétante : d'un système économique, il est devenu une grille de lecture exclusive des motivations humaines. Cette mentalité capitaliste a effacé la possibilité même d'un engagement authentique pour l'intérêt général. Pourtant, comme le note Bekolo, les valeurs africaines traditionnelles et certaines pensées universelles (comme le marxisme) exaltent précisément la solidarité collective.
Le cas Kamto cristallise cette contradiction : accusé simultanément de communautarisme ("tontinard") et d'ambition personnelle capitaliste, son engagement politique devient incompréhensible dans le cadre de référence dominant. Cette impossibilité à concevoir l'altruisme politique maintient le statu quo, où seuls ceux qui "mangent déjà" semblent légitimes à s'exprimer.
L'urgence est de restaurer un langage politique fondé sur des idées plutôt que sur des soupçons. Sans cette rupture, le Cameroun s'enfermera dans le cycle stérile du "c’est ça que je mange ?", où toute velléité de changement sera étouffée par la méfiance mutuelle. La renaissance du bien commun comme horizon politique nécessite de dépasser cette aliénation collective.
Pour plus d'informations sur l'actualité, abonnez vous sur : notre chaîne WhatsApp
Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE
Les + récents
Absence Remarquée de l'UDC : La Contestation Politique S'intensifie après l'Investiture de Paul Biya
6 novembre 1982- 6 novembre 2025, 43 ans de Paul Biya au pouvoir: La longévité de la honte
8e Mandat de Paul Biya : Investiture sous Tension et Crise Politique Inédite au Cameroun
Violences au Cameroun : Neuf Législateurs Américains Exhortent Marco Rubio à une Action Ferme
POUR CEUX QUI NE L'ONT CONNU, POUR NE JAMAIS OUBLIER ! Dr BEN FAYÇAL
SPORT :: les + lus
Académie nationale de football : Au travail !
- 06 June 2017
- /
- 125559
Samuel Eto’o bat un record et obtient 40 millions d’Euros
- 02 December 2015
- /
- 119184
LE DéBAT
Afrique : Quel droit à l'image pour les défunts au Cameroun ?
- 17 December 2017
- /
- 213303
Vidéo de la semaine
évènement
