Kribi 2e : Le courroux des Ngumba contre le sous-préfet
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Ils demandent réparation de l’honneur de leur fils accusé injustement alors que l’auteur du vol de l’arme est un élève, voisin de l’administrateur civil.

Grand mécontentement au sein de la communauté Ngumba de l’Océan. Ce peuple ne cache pas son courroux vis-à-vis du sous-préfet de l’arrondissement de Kribi 2e, Marie Suzanne Bitanga Bebga. Pour cause, l’accusation « injuste » de leur fils Hervé Mapfudu’uh chauffeur de service de la patronne administrative de cette ville depuis sa prise de commandement. Vendredi 7 mai dernier, sur ordre de sa patronne, il a été interpellé et mis en détention provisoire à la brigade de gendarmerie de Dombe en même temps qu’un certain Alex Nosa, technicien de chambre à air. Motif de l’accusation: vol de la dotation en sécurité de l’administrateur civil. Tous les arguments avancés pour se défendre et clamer son innocence n’ont pas freiné « la cheffe de terre » qui a maintenu ses soupçons. Et pourtant, les véritables coupables étaient ailleurs. 

En effet, une piste suivie par les fins limiers du commissariat central de Kribi les a conduits tout droit dans la capitale économique du Cameroun, où ils ont retrouvé jeudi 13 mai dernier l’arme du sous-préfet de Kribi 2e, détenue par deux adolescents ; l’un âgé de 19 ans et l’autre de 17. Tous deux, élèves en classe terminale dans un collège privé de Douala. Le plus jeune, un certain Jean Claude Eyenga Ella, servait de facilitateur pour trouver un recéleur. Mais les deux malfrats, ne sont que des complices. L’auteur principal du vol étant un ancien élève en section anglophone ( Form 5) au Lycée bilingue de Kribi, âgé de 19 ans, nommé Gires Apiang, récidiviste des faits de délinquance ( consommation des stupéfiants, cambriolages, bagarres). 

L’on apprend de source crédible que le présumé voleur reconnaît avoir défait l’antivol déjà défectueux de la fenêtre qui donne à la chambre du sous-préfet. Son intention première, fait-il savoir, était de se renflouer les poches après avoir flairé une importante rentrée d’argent dans la résidence administrative qu’il connait bien, pour l’avoir quelques fois fréquentée à l’époque de Giles Christian Sadi, «ex-chef de terre » de Kribi 2e . Encore qu’il est le voisin le plus proche de cette demeure, occupée en location depuis une décennie par les administrateurs de cette ville, et dont son père, le nommé Apiang, en est le propriétaire. 

Ainsi, ayant pu accéder par effraction dans la chambre de la patronne des lieux, il a tout de suite été attiré par une mallette posée sur le lit, s’en est emparé et est aussitôt sorti de la maison sans rien prendre d’autre. Pour lui, ce devait être le « jack pot ». Malheureusement, au lieu de l’argent, c’était une arme ! Dans la chambre, était resté le sac même contenant une somme de 2 millions et une autre petite mallette contenant le chargeur du P.A plein de munitions. Pris de panique, Gires Apiang ira rencontrer un de ses compères habituels, un certain Auriol Mendomo, alias Kecha Ella (l’un de ses multiples noms à l’état civil), âgé de 20 ans, élève au Lycée bilingue de Dombe. Ce dernier, multi récidiviste (il a fait la prison trois fois, Ndlr) prend les devants de l’affaire. Un plan est mis en oeuvre. A deux, ils quitteront Kribi dimanche soir pour la ville de Douala, munis du coli qu’ils qualifient de « gênant ». Là-bas, ils seront hébergés par le jeune Eyenga Ella Jean Claude qui s’activera pour trouver un client du « joujou » C’est pendant cette quête de recéleur qu’ils tomberont entre les mailles des éléments du commissariat central de Kribi, mis en mission commando par le divisionnaire Fochivé Mounchipou Moussa, commissaire central de Kribi. 

Excuses publiques

Un jour après cette prise, Hervé Mapfudu’uh et Alex Nosa, reconnus innocents, ont recouvré la liberté. Toutes les charges qui pesaient contre eux ont été levées. Mais les populations Ngumba de Kribi réclament sans cesse la réparation du préjudice causé. « Notre fils a été accusé injustement. C’est son honneur ainsi que celui du peuple Ngumba qui a été trainé dans la boue. Nous demandons réparation de ce tort et comptons sur l’Etat du Cameroun pour que justice soit rendue », déclare le chef supérieur de la communauté Ngumba, Sa majesté Mamia. « Nous exigeons également des excuses publiques de madame le sous-préfet pour avoir donné la honte à toute  une communauté. Nous connaissons bien notre fils.

Ce n’est pas un malfaiteur. Il a servi pendant 17 ans auprès des autorités de la ville, sans qu’une seule fois il ne fût soupçonné de vol ou d’un mauvais acte. Si elle ne présente pas ses excuses à notre communauté, nous manifesterons en masse», met en garde un proche parent de la victime. Marie Suzanne Bitanga Bebga est née le 9 juin 1989 à Akonolinga. Après l’obtention de son baccalauréat A4 All en 2008, l’originaire du Nyong et Kellé dans la région du Centre s’inscrira à l’université de Dschang. Elle y sortira cinq ans plus tard nantie d’un master professionnel, option gouvernance locale, décentralisation et développement. Admise à l’Ecole Normale d’Administration et de Magistrature (Enam) elle y sortira quelques années après et occupera comme premier poste professionnel, dès le 22 octobre 2017, la fonction de premier adjoint préfectoral de la Ménoua à Dschang. 

C’est le 7 octobre 2019 qu’elle est nommée sous-préfet de l’arrondissement de Kribi 2e, en remplacement de Giles Christian Sadi. Elle prend le commandement le 8 novembre de la même année. Mais depuis son arrivée à Kribi, elle peine à se faire une place honorable auprès des populations qu’elle administre. Pourtant, en l’installant, Antoine Bisaga, préfet de l’Océan d’alors, lui avait recommandé d’être une rassembleuse et de combattre le tribalisme et le repli identitaire. D’être ouverte, et d’avoir une oreille attentive pour toutes les couches sociales. De savoir cerner les problèmes et ne point agir sur le vif. Seulement, l’on peut remarquer que cette recommandation de l’ex-patron de l’Océan est tombée dans la mer et emportée par les vagues. 

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