Votre problème au Cameroun porte un nom : Paul Biya. Lui seul est la source de vos ennuis.
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Votre problème au Cameroun porte un nom : Paul Biya. Lui seul est la source de vos ennuis. :: CAMEROON

Aucun salut, aucune richesse, aucun voyage au Canada ne viendra grâce à une séance d’adoration en plein air. En tant que président, légitime ou non, Paul Biya est celui qui dispose des moyens et de la logistique d’État pour vous développer une infrastructure sociale et économique en conformité avec le XXIe siècle. C’est à son gouvernement que le contribuable (c’est-à-dire vous) verse l’argent des impôts. C’est dans les caisses que gèrent ses ministres que vous déposez chaque mois les fonds nécessaires à la construction des ponts, des hôpitaux, des échangeurs, des autoroutes, des écoles et des centres de recherche censés transformer votre avenir et celui de vos enfants.

Et si vous n’avez rien de tout cela aujourd’hui, si vous vous sentez aussi vulnérables et demunis, ce n’est pas parce que Dieu vous a maudits et qu’il faut vous délivrer ; c’est parce que Paul Biya est au pouvoir et que lui et son gouvernement privatisent la richesse publique. Point à la ligne.

DU FLÉAU AU DIAGNOSTIC

Ce qui est réellement triste, c’est que lorsque nous dénonçons ces gens qui vous maintiennent dans la misère, plutôt que de nous accompagner dans cette voie afin d’augmenter la pression jusqu’à atteindre la masse critique qui les fera plier (ou au moins, plutôt que de garder le silence et de nous laisser faire ce travail fastidieux et ingrat tous seuls), c’est encore vous qui devenez les boucliers protecteurs de vos bourreaux. C’est encore vous qui vous mettez sur notre route pour protéger ceux qui vous font du mal, sans jamais rendre compte. C’est encore vous qui nous narguez en nous disant : « Après Biya, c’est Biya ! ». C’est vous qui nous dites que nous allons « lire l’heure », or, c’est avant tout vous qui souffrez des affres de ce régime.

Même le plus misérable Camerounais de la diaspora a accès à des hôpitaux de qualité, aux autoroutes, au métro, au wifi public, à l’électricité et à l’eau potable H24, et peut se balader à 3 heures du matin avec son portable pointé vers le ciel, sans craindre de se faire agresser de manière systématique. L’origine de la calamité séculaire dans laquelle le Cameroun est plongé, c’est Paul Biya. Paul Biya, et uniquement Paul Biya ! Certes, vous avez le droit d’exercer la religion que vous voulez, mais j’ai le droit (sinon le devoir) de vous dire que vous n’obtiendrez rien en fonçant comme des appâts en masse vers les séances de délivrance en configuration spectacle.

Car précisément, ce n’est rien d’autre que ça : du spectacle. Et comme le disait le corbeau au renard : « tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute » Exercez donc vos croyances avec plus de réflexion et moins de crédulité ; cessez de courir machinalement vers des gens qui n’ont aucune solution à vos problèmes, car incapables d’identifier en amont l’origine même de ceux-ci ! Il n’y a effectivement aucune différence entre ces « hommes de Dieu », et Ernest Obama qui vous expliquait en 2019 que « le SIDA se transmet par les pores ». Sauf qu’ils surfent sur votre crédulité pour vous persuader de soucis que vous n’avez pas, tout en occultant habilement les véritables embûches auxquelles vous faites face au quotidien, et en ignorant leur provenance.

Et leur provenance, c’est Paul Biya. Répète après moi : leur provenance, c’est Paul Biya !

DE L’ABCÈS AUX MÉTASTASES

Au Cameroun, le régime interdit les rassemblements politiques, dont le contenu porte sur son bilan de gouvernance et sur les options de changement à la tête du pays ; mais il laisse libre cours à tout rassemblement de type religieux, footballistique, alcoolique ou lubrique, car conscient du pouvoir addictif de ces couloirs-là. Toutefois, quitte à choisir, un fanatique du football, de la luxure ou de la bière sera toujours mieux qu’un fanatique religieux. Car le fanatique de football n’attend rien d’autre que du divertissement : il sait qu’aller regarder un match ne fera pas disparaître ses inquiétudes du quotidien, et cherche simplement à se vider l’esprit l’espace d’un instant. De même, les alcooliques et les débauchés s’accordent un simple instant de jouissance pour fuir la déprime d’un quotidien rude. Mais ils demeurent bien conscients que l’Odontol et la luxure ne les rendront pas riches. Au contraire, ils savent pertinemment que ça les depouille.

Par contre, le fanatique religieux lui, est convaincu de tout son être que, pour avoir du travail, pour obtenir un visa pour le Canada, pour ne pas avoir d’accident sur l’axe Yaoundé-Douala, ou pour ne pas se faire agresser dans la nuit en rentrant chez soi, il faut avoir été chercher l’onction divine chez Kanguka, le fils du père Soffo, et sur tous les Dieunedort Kamdem de la place. À se demander s’il est aussi convaincu que les bébés qui meurent à l’hôpital par manque de couveuses, ou qui décedent sur la falaise de Dschang, c’est parce qu’ils étaient de méchants bébés et qu’ils n’ont pas reçu leur délivrance. Voilà pourquoi Dieu les aurait punis de mort alors qu’ils n’avaient que … 3 semaines !

Nous sommes face à une véritable catastrophe sociétale. La confusion entre la religion (l’art de croire en une volonté supérieure et sacrée) et l’abrutissement (l’art d’esquiver ce qui est évident pour se perdre dans l’abstrait métaphysique).

CE QUE FONT LES AUTRES

Difficile à croire, mais entre 1958 et 1961, la Chine, aujourd’hui 2eme puissance mondiale, a connu une vague de famine épouvantable, qui a décimé 30 millions de personnes (oui oui, plus que toute la population du Cameroun) en seulement trois ans ! Mais à votre avis, d’où vient le décollage définitif de ce pays à partir des années 80 ? Est-ce grâce à une avalanche de prophètes et de séances de prière, ou bien grâce à un gouvernement de visionnaires ?
La réponse se nomme Deng Xiaoping, dirigeant suprême de la Chine dès 1978. Ce sont les réformes de Deng Xiaoping (notamment la création de ZEE (“zones économiques spéciales”) à Shenzhen, à Shanghai, à Guangzhou etc. .) qui ont permis au pays de devenir la plus grande usine mondiale, et de sortir la tête de l’eau, à force de copier les bons exemples technologiques, et ensuite de les améliorer par rapport aux originaux. C’est sous son impulsion qu’ils ont appris à terminer les chantiers qu’ils commencent (à l’instar du Barrage des Trois Gorges sur le fleuve Yangtse, et qui contribue à la couverture énergétique). Si les Chinois avaient misé sur les Alléluia et les intentions de messe, ils auraient encore en 2023 les mêmes problèmes préhistoriques que le Cameroun ! Quelqu’un en doute ?

D’ailleurs, déjà en 1964, c’est Mao Zedong, un autre homme d’État qui n’avait jamais assisté à une prédication de TB Joshua, qui a doté la Chine de l’arme nucléaire, afin que le pays ne soit plus jamais envahi et humilié par les puissances occidentales, comme par le passé. C’est fort de ces acquis qu’il a pu obliger les États-Unis à évincer leur allié Taïwan du Conseil de Sécurité de l’ONU en 1971, et à intégrer la Chine en lieu et place, aux Côtés de grands noms tels que l’URSS, la France, la Grande Bretagne et les USA eux-mêmes. Je vais donc le répéter une dernière fois : votre seul problème se nomme Paul Biya. Cette histoire de miracles et de guérisons s’appelle *l’hypnose collective*. Elle n’a lieu que dans vos têtes !

En médecine, on a remarqué que lorsqu’on donne un faux comprimé à un patient, ce dernier finit souvent par se persuader que le médicament fonctionne, et même par se rétablir. Ça s’appelle l’effet placebo.
Alors imaginez le degré d’efficacité du faux médicament quand le patient n’est même pas malade, mais croit l’être !

EN BREF :

Ah oui ! J’en profite pour vous repréciser que mon livre « Le village d’Ining » sortira ce 25 novembre. D’ailleurs à cet propos, quelqu’un m’a reproché ce matin de « surfer sur l’épisode Kanguka » pour promouvoir mon ouvrage. À cela, je réponds que c’est totalement assumé ! Car j’ai justement envie d’étaler au grand jour la différence entre un acte sans prétention et un acte folklorique. En effet, mon livre ne promet pas autre chose que ce qu’il a à offrir, à savoir : un simple récit d’aventure à la sauce africaine, idéal pour la fin d’année, et adapté aussi bien aux enfants qu’aux parents. On y retrouve de l’histoire, de l’enseignement, du mystère, de l’humour, et une bonne dose de rebondissements. C’est également un petit voyage à travers quelques aires culturelles du pays de Mongo Beti.

Ce n’est donc qu’un petit enrichissement intellectuel et linguistique, avec en toile de fond une histoire ultra agréable à lire. Avec ça au moins, je sais que ma promesse sera tenue à 100% ! C’est la différence entre un vétérinaire qui vous prouve qu’il peut soigner la petite entorse sur la patte de votre chiwawa, et un mercenaire qui vous dit qu’il peut soigner votre âme, sans lui-même savoir de quoi il parle, et dont le « pouvoir » repose uniquement sur votre extrême naïve… Oups, pardon, sur votre foi !

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