Vivre avec le sida - Des femmes à l'épreuve de la survie
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Cameroun- Très souvent démunies, les séropositives sont contraintes d'exercer de petites activités génératrices de revenus. Le tout dans l'anonymat.

Ce matin comme de coutume, Pauline, 37 ans est à son poste. « Il faut bien que je nourrisse ma famille », confie-t-elle. Un parasol lui sert d'abri de fortune, ainsi qu'à sa marchandise constituée d'une caisse contenant cigarettes, bonbons, caramel, avocats etc. Mais c'est surtout son « call-box » qui représente son principal fonds de commerce. « S'il vous plaît, soyez discret. Les gens ici ne savent pas que je suis malade. S'ils l'apprennent, je risque de perdre mes clients et d'être obligée de partir », implore-t-elle, les yeux presque larmoyants. Nous sommes presque gêné d'ainsi violer le quotidien de cette séropositive, qui ne demande qu'à s'intégrer. Tant pis pour le dictaphone. L'enregistrement se fera de mémoire. Nous discutons comme de vieux amis avec elle, debout à côté du kiosque.

« Je suis au courant de mon statut sérologique depuis 7 ans. Grâce au Centre, j'ai fait une formation en savonnerie et reçu un capital de 50.000 F pour me débrouiller. Mais faute de matière première, j'ai dû faire autre chose. En fonction des saisons, je fais différentes activités », explique Pauline.

Le centre dont elle parle, c'est la SWAA, une Ong. Cette dernière, devant le dénuement de ces personnes vivant avec le VIH, a décidé de les former aux activités génératrices de revenus pour les aider à se prendre en charge. « Nous ne pouvions supporter tous leurs frais. Pour les responsabiliser, elles doivent rembourser une partie des micro crédits qu'on leur octroie », déclare Jeanne Agokong, assistante sociale à la SWAA.

« Il m'arrive d'avoir un bénéfice d'environ 2.000 F par jour », confie Pauline. A peine de quoi nourrir ses trois enfants et son conjoint, séropositif également. La situation de Joséphine, propriétaire d'une « caisse » également, non voyante séropositive de 32 ans est encore plus difficile. « Je suis victime des moqueries au quartier à cause de mon handicap. S'ils savaient que je suis séropositive, ça serait pire.

Ce sont principalement les Ong qui viennent en aide à ces femmes, à l'instar de la Swaa et de l'Association camerounaise d'assistance et de soutien aux personnes et familles affectées par le VIH/Sida (Acav). Les formations sont dans le domaine de petites activités commerciales, génératrices de revenus. « Si nous ne formons que les femmes, ce n'est pas par ségrégation. Mais vous savez, on parle beaucoup de féminisation de la maladie avec environ quatre femmes pour deux hommes contaminés. Les femmes viennent en avant, tandis que les hommes campent sur leur position en se considérant comme non malades », explique Dr. Béatrice Kom.

Autre quartier de Douala, autre cliché avec Sandrine. Aujourd'hui dans son salon de coiffure, la jeune fille qui l'aide souvent a pris sa pause et l'on peut parler sans risque. De son côté, après avoir été rejetée par sa famille, c'est un parent assez éloigné qui a accepté de la soutenir pour équiper son salon de coiffure, dans l'anonymat « Vous savez, le plus dur pour moi, c'est d'être obligée de mentir à mes clientes et mes proches, qui sont en fait devenus des amis. Je ne sais pas comment ils réagiraient s'ils l'apprenaient, mais je ne peux pas prendre de risques.» lance-t-elle, fataliste.

Tant bien que mal, les Ong continuent de former les séropositives dans la mesure de leurs moyens, mais à doses de plus en plus homéopathiques, faute de financements. Pour celles qui seront sur le terrain bientôt, à la joie d'avoir trouvé une activité génératrice de revenus, risque bien de succéder la dure réalité de la société

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