La leçon du prix Goncourt 2020...
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En Afrique en général, et au Cameroun en particulier, si on pouvait parler (communication-publicité-déploiement médiatique) du prix les Afriques de la CÈNE littéraire comme on a parlé, depuis le 15 septembre 2020, du prix Goncourt de cette année, je pense que ce prix qui, selon moi, est le seul prix « dirigé » et organisé par les africains eux-mêmes gagnerait davantage en reconnaissance et en prestige.

Oui, la présence d’une camerounaise, Djaïli Amadou Amal, dans la liste des finalistes du prix littéraire français, qui vient d’être décerné à Hervé Le Tellier (L’Anomalie, Gallimard), a eu une forte cotation marketing aussi pour ce prix « parisien ».

En moins de deux mois, même les petits écoliers de Ndélélé dans l’Est Cameroun savent déjà ce qu’est le Goncourt, sa création et tout le toutim pourtant ils ne liront peut-être jamais les œuvres de cette romancière pourtant brillante.

Ce que nombreux ignorent, c’est que c’est toute cette médiatisation et ce déploiement autour de nos « projets » qui contribuent donc à donner du poids à des prix littéraires, « parisiens » de surcroît, qui, parfois, participent moins à faire lire et à faire connaître les écrivains africains en Afrique.

Et pendant ce temps, on continue de communiquer peu ou presque pas sur plusieurs « prix et festivals africains » qui pourraient, pourtant, faire connaître (c’est ça le plus important) ce qu’un auteur africain (ayant publié en Afrique ou ailleurs) a écrit.

Sans publicité, j’ai pris le cas du prix Les Afriques de la CÈNE littéraire (association qui a pour présidente Ngoãn Beti (Flore Agnès Ndazoa), dont lauréate de cette année est Ayobami Adebayo, parce que c’est un prix que je connais. Je vois depuis sa création en 2016, les efforts qui sont consentis pour que ce prix devienne une grosse machine à « visibilisation » des écrits des auteurs africains et afrodescendants que les journalistes, les blogueurs et universitaires africains en général devraient « visibiliser » comme avec ce qu’on a vu cette année Goncourt. C’est pareil pour d’autres prix et festivals. Car, c’est, au fond, de cette « visibilisation » que naît la reconnaissance et le prestige qui accompagnent plusieurs prix et festivals « parisiens » notamment.

La participation de Djaïli Amadou Amal, romancière camerounaise, dont l’écriture est remarquable, jusqu’à ce niveau de la compétition (finaliste, deuxième place) du prix concours démontre que les mouvements se font dans tous les sens dans la littérature camerounaise, voire d’Afrique sub-saharienne . C’est dire, indéniablement, que les œuvres du champ littéraire camerounais d’expression française notamment- celles du domaine littéraire d’expression anglaise ne sont pas en reste- constituent dorénavant un important palimpseste de discours dont la nécessité à la fois historique, sociologique et anthologique devrait davantage se faire sentir et ressentir.

La présence de cette romancière camerounaise parmi les finalistes de ce prestigieux prix littéraire français nous murmure, l’air d’un rien, comme le vent au cœur de la nuit, que remporter un pareil prix, c'est bien, c'est prestigieux, indubitablement, surtout pour une femme. Ça aurait été une première depuis la création du Goncourt en 1903. Toutefois, il serait judicieux, sans verser dans la polémique, qu'on apprenne aussi à « visibiliser » nos auteurs, leurs œuvres et nos différents prix et festivals africains, que ce ne soit pas toujours « l’extérieur » qui nous révèle nos « cracks ou nos pépites littéraires ».

L’Etat a sa partition à jouer en accompagnant davantage ces mouvements, car c’est de tout cet arsenal que naît la reconnaissance et le prestige qu’on envie aux prix d’ailleurs.

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