Amadou Lehrer: L’élu municipal Bororo ne veut plus être « un figurant »
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Membre de la communauté Bororo de Bafoussam, il en est à son quatrième mandat de conseiller municipal. Mais il pense qu’il mérite un poste d’adjoint au maire, compte tenu de son expérience politique et de ses compétences professionnelles.

Ce mardi 04 novembre 2020, Amadou LEHRER, cet homme aux allures frêles qui avoisine la cinquantaine, ne passe pas inaperçu sur le marché au bétail de Foumban.

Infirmier vétérinaire et conseiller municipal à la commune de Bafoussam Ier, il n’a pas le temps de chômer. Dès les premières heures de la matinée il est sur ce marché, situé à une soixantaine de kilomètres de son lieu de résidence, pour consulter les bovins et proposer ses services aux éleveurs. 

« Je suis Bororo et je l’assume. Je suis militant du Front social-démocrate (Sdf en anglais) depuis 1994. Le Président national de cette formation politique, Ni John Fru Ndi est ma référence. Je suis séduit au quotidien par son charisme, son franc parler et son élan de générosité envers les couches sociales défavorisées et les minorités tribales et sociologiques », affirme-t-il.

Vingt quatre ans de mandat

Il est content d’avoir bénéficié de plusieurs mandats électifs grâce au « parti de la balance », mais se dit à moitié satisfait. «Je mérite mieux en politique. Je suis conseiller municipal à Bafoussam depuis déjà 24 ans. Je dois entrer dans l’exécutif. Je le mérite », soutient-il.

Titulaire d’un baccalauréat série A4 obtenu au lycée sultan Ibrahim Njoya de Foumban en 1990, le conseiller municipal a bénéficié d’une solide formation professionnelle au Centre Zoologique et vétérinaire de Koundeng dans le département du Noun. Il pense que les communes doivent s’appuyer sur l’agriculture et l’élevage pour décoller. «Le développement local commande d’être inventif et innovant. Notre commune peut développer des mécanismes pour amener les paysans à quitter l’élevage contemplatif pour un élevage à haut rendement », explique-t-il. Il pense qu’un poste au sein de l’exécutif communal de Bafoussam lui revient pour mettre son expérience de vétérinaire au service de la collectivité.

L’atout Bororo

Par ailleurs, son appartenance à la minorité Bororo, loin d’être un handicap, devrait constituer un atout pour ce positionnement politique. « Nous mobilisons beaucoup en politique. Mais les gens considèrent toujours les Bororos comme des figurants. Je me suis engagé au Sdf parce que je crois à l’égalité des chances et à la justice sociale et au pouvoir du peuple, des valeurs que brandissaient les pères fondateurs de notre parti. J’ai été de tous les combats en faveur du renforcement de la cohésion du parti », indique-t-il. Il est soutenu dans sa démarche par Amadou AHIDJIO Yerima , ancien secrétaire du lamido de Didango et membre influent de Mboscuda, une association regroupant les Bororos.

Pourtant, souligne Charlie Tchikanda de la ligue des droits et des libertés, il semble que les acteurs politiques, surtout au niveau local, soient bien moins réticents à penser en termes d'ethnicité que les acteurs politiques nationaux:« Le clientélisme électoral en direction des « Musulmans » ou d'autres groupes minoritaires est souvent évoqué au niveau local et nos entretiens ont confirmé que des stratégies politiques visent la captation de ces franges de l'électorat. Bien que la réalité d'un vote ethnique ne soit pas mesurable, l'argument fait recette. Des groupes de pression, ou des entrepreneurs identitaires, peuvent jouer de l'ethnicité pour obtenir des places sur des listes ou des avantages en échange de consignes de vote », explique Charlie Tchikanda.

Amadou Lehrer, lui, croit avoir réussi à mobiliser les membres de sa communauté pour contrer la désaffection vis-à-vis du jeu politique et électoral. « J’ai réussi à faire créer trois cellules. J’ai commencé à travailler à Bafoussam. Je me suis marié à Bafoussam. J’ai fait tous mes enfants dans cette ville. Je suis propriétaire d’un immeuble dans cette ville. Et comme élu, je ne cesserai de m’investir pour le bien de toutes les populations de cette collectivité sans aucune discrimination. Nous sommes tous des citoyens camerounais », conclut-il.

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