Des tirs de gaz lacrymogène sur des avocats à Douala.
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Ils ont été pris à partie au Tpi de Bonanjo mardi soir, alors qu’ils réclamaient la mise en liberté provisoire de deux de leurs confrères arrêtés la veille.

La tension est vive ce mardi 10 novembre 2020 au Tribunal de première instance (Tpi) de Douala-Bonanjo. D’un côté policiers et gendarmes, armes au poing. De l’autre côté, un peu plus de 300 avocats mobilisés pour demander que le droit soit dit et qu’une mise en liberté provisoire soit accordée à deux de leurs confrères enrôlés dans une affaire d’ «outrage à magistrat». La manifestation a débuté autour de 18h. Il est bientôt 19h30. Des détonations retentissement.

Une dizaine au total. Certaines résonnent bien plus fort que d’autres. Les policiers sont en train d’effectuer des tirs de bombes lacrymogènes pour disperser les avocats. La fumée embaume l’atmosphère. Les avocats persistent. «Avocats en danger. Sauvez-nous ! On tire sur nous en plein palais de justice », crie une avocate émue. Au milieu du cafouillage, pendant que les hommes en robes noires essaient tant bien que mal à se couvrir le nez, un car de la prison centrale de Douala déboule à 19h38. Le véhicule qui transporte les deux confrères des avocats, à savoir Me Wantou Ngueko Augustin et Me Djonko Christelle, quitte le palais en trombe. Il prend la direction du pénitencier de New-Bell.

Les avocats et membres du Conseil de l’Ordre s’étaient retrouvés plus tôt mardi à l’audience de deux de leurs confrères au Tpi de Bonanjo, afin de manifester leur soutien. Me Wantou Ngueko Augustin et Me Djonko Christelle avaient été arrêtés et mis en détention la veille lundi. 86 avocats se sont constitués officiellement et le restant s’est porté garant pour que les deux avocats bénéficient d’une mise en liberté provisoire et comparaissent libres. Après de nombreuses heures de plaidoiries, l’affaire a été mise en délibéré pour le 25 novembre 2020, soit dans deux semaines.

« Ce qui veut dire qu’on nous demande de laisser deux avocats émérites de ce pays en détention. Nous avons dit non ! Nous ne pouvons pas attendre jusqu‘à deux semaines. Le juge qui était en charge de l’affaire est revenu à l’audience et on a voulu trouver des solutions idoines pour régler ce problème. C’est à ce moment-là que la police et l’anti-émeute ont fait irruption dans la salle des avocats et ont commencé à bastonner les avocats et lancer des bombes lacrymogènes », rapporte une avocate.

Un des avocats s’en est tiré avec une blessure sur la main gauche. Il s’est rendu à l’hôpital pour des soins. Les avocats mobilisés au Tpi fustigent le fait qu’ils ont été pris à partie alors qu’ils étaient en robes noires, donc dans l’exercice de leur fonction. Ils s’offusquent aussi du fait que le procureur de la République près le Tpi de Bonanjo était présent pendant les faits.

« Nous n’allons pas en rester là. L’infraction qui est visée, outrage à magistrat, ne mérite pas que nos confrères passent deux semaines en prison aux côtés de leurs clients. Ils ont été arrêtés dans le cadre de leur fonction. Ils défendaient leurs clients. Quand plusieurs avocats apportent des garantis de représentation et qu’on décide malgré cela de garder des avocats en détention, c’est fouler au pied des textes de loi », s’indigne au homme en robe noire.

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