30 ans après, les raisons qui avaient conduit à la création du SDF restent toujours d'actualité
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Cameroun :: 30 Ans Après, Les Raisons Qui Avaient Conduit À La Création Du Sdf Restent Toujours D'actualité :: Cameroon

30 ans que six (06) de nos vaillants militants sont tombés sous les balles de la soldatesque de Yaoundé pour avoir revendiqué le retour au multipartisme et l'avènement de la démocratie.

En ce 30ème anniversaire du parti qui survient en pleine pandémie de covid-19, le SDF dans son ensemble ne peut se limiter qu'à des séances de méditation sur le passé et l'avenir du parti. Des conférences et des séminaires de réflexion pourront éventuellement être organisés dans les différentes structures du parti à la base notamment dans les circonscriptions électorales. Nous sommes un parti qui promeut la prise des initiatives à la base pourvu qu’elle cadre avec notre dispositif statutaire et les intérêts du parti. Du fait des crises multiformes que traverse notre pays, l'option de la réflexion et du recueillement sera privilégiée en mémoire de nos six martyrs qui sont tombés il y a 30 ans sous les balles du régime. Fort de ce ce qui précède, il est indécent d’organiser des agapes et des festins.

BILAN

En termes de bilan, il ne faudrait surtout pas perdre de vue que les raisons qui avaient conduit à la création du SDF restent toujours d'actualité, 30 ans après. il est globalement satisfaisant quoique des inquiétudes sérieuses par ailleurs surmontables se profilent à l'horizon. Durant toutes ces années, le SDF a beaucoup donné, très peu reçu et surtout le chairman a beaucoup cher payé. Les camerounais de bonne foi le savent. Le parti a appris tout au long de ces 30 années d’engagement politique qu’il y a beaucoup d’épreuves sur la route d’une formation politique qui veut changer un pays comme le nôtre. Les attaques les plus rudes nous ont été réservées. Grâce à la vigilance des militants et surtout du Chairman Ni John Fru Ndi, le SDF a pu relever plusieurs défis et affronter sans se dérober toutes ces attaques. Notre force a été d’être ensemble et de le rester. Le parti a su redonner du contenu, de la force, une utilité à l’action politique. Les camerounais de bonne foi ont pu être convaincus de la détermination, de l’énergie infinie du parti pour faire triompher la cause qui nous unit tous à savoir la bataille pour l’avènement d’une démocratie véritable dans notre pays.

L’objectif du parti dès son lancement n’est pas encore atteint, c’est vrai. Il est évident que beaucoup reste encore à faire pour que le Cameroun devienne une Nation démocratique, une République au sens vrai du terme. L’objectif d’une vraie République, c'est d'arracher du cœur de chaque compatriote le sentiment de l'injustice. C'est que les chances de réussite soient égales pour tous. C'est de permettre à celui qui n'a rien d'être quand même un homme libre, à celui qui travaille de posséder quelque chose. L’objectif d’une vraie République c’est surtout que les gouvernants soient véritablement l’émanation du peuple à travers des élections crédibles et transparentes. Ce n’est malheureusement pas encore le cas aujourd’hui à cause de la mauvaise gouvernance économique et politique érigée en méthode systématique de gestion de la chose publique. Le processus électoral est vicié et taillé à la mesure d’un homme qui feint d’ignorer que la République commence quand la politique cesse d'être au service de la volonté de puissance d’un seul homme pour se mettre au service du peuple. Il y a un schisme saillant entre les gouvernants et les gouvernés. Nos gouvernants ne sont pas l’émanation de la volonté réelle du peuple du fait des multiples fraudes électorales.
Malgré toutes ces obstructions malheureuses, tous les hommes de bonne foi s’accordent à dire que les timides avancées politiques que l’on a observées depuis 30 ans dans notre pays sont le résultat des multiples batailles du SDF : bataille pour la liberté d’expression dans la mouvance des années 1990, bataille pour les urnes transparentes, bataille pour la refonte des listes électorales, bataille pour l’introduction de la biométrie dans le processus électoral, la bataille pour la mise sur pied du Sénat qui a permis de rendre effectif le Conseil constitutionnel qui est une institution extrêmement importante dans les mécanismes de dévolution du pouvoir politique dans notre pays.

Depuis le déclenchement de la crise anglophone en octobre 2016, le parti a connu des déstabilisations énormes. Fidèle à son autisme condescendant, le régime de Yaoundé a refusé d’accéder à nos multiples demandes de dialogue pour la résolution de cette crise majeure. Dès le début, le SDF a attiré l'attention du pouvoir de Yaoundé sur les risques de déflagration de forte amplitude, si rien n'est fait dans le sens de l'apaisement qui passe par un dialogue franc et sincère avec les différents protagonistes. Nos multiples initiatives parlementaires ont été systématiquement bloquées au Parlement. Le bilan est connu de tous. La présidentielle de 2018 est arrivée. Malgré le fait que les régions du nord-ouest et du sud-ouest avaient été exclus de cette échéance importante et l'absence des règles électorales non consensuelles par ailleurs décriées depuis plusieurs décennies, le parti a opté pour une posture républicaine qui était celle d’aller à cette consultation électorale. Idem pour le double scrutin du 09 février 2018. Des divergences sont apparues au sein du parti quant à la participation au double scrutin certes. Deux raisons fondamentales ont dicté la position définitive du parti à savoir la participation à toute élection organisée aux niveaux régional et national ainsi que la nécessité d’être présents au sein de toutes les institutions législatives de notre pays.

Il est constant que nos chances à ces élections étaient infinitésimales. Le parti a opté pour la participation parce qu'il faut sauver le Cameroun, bien entendu dans sa version améliorée. Le Chairman a toujours précisé au cours de ses sorties que chaque fois qu’il sera donné au parti de choisir entre ses intérêts propres et ceux du peuple du Cameroun, le parti n’hésitera pas à s’incliner face à celui du peuple camerounais. Au nom de l’intérêt suprême de notre Nation. Vu sous cet angle, on ne saurait par conséquent de baser sur la configuration actuelle au sein des différentes institutions pour établir la domination réelle sur le terrain d'un parti politique quelconque sur l'échiquier politique.

S'agissant de la crise anglophone, le grand dialogue national (GDN) a été organisé à cet effet. Sur le tard. Le SDF y a pris part. Des résolutions ont été prises. Elles sont évidemment insuffisantes, mais il y a eu de timides avancées. Un pas sur dix ou sur cent cent a été franchi. Beaucoup reste à faire pour un véritable retour à la paix durable dans ces deux régions. C'est une lapalissade. Une commission Vérité et Réconciliation est nécessaire. Si l'on avait opté pour le fédéralisme comme forme de l'État, la crise violente dans ces deux régions du nord-ouest et du sud-ouest n'aurait jamais eu lieu. En d'autres termes, si Yaoundé avait acté le fédéralisme comme le suggère le SDF depuis sa création, il n'y aurait jamais eu de déflagration dans les régions anglophones du pays et le Cameroun se porterait mieux.
Durant ces 30 dernières années, des erreurs et des fautes ont été commises. Toute famille a des problèmes. Le SDF en a certainement. Ces problèmes seront résolus par la contribution de tous. Le SDF a trébuché mais n'est nullement tombé. Encore que quand bien même on tombe, l'essentiel n'est pas de tomber mais de se relever chaque fois qu'on tombe.

PERSPECTIVES

Le SDF apportera toujours sa pierre à la construction de notre pays. Chaque fois qu'il sera question du devenir du pays, le SDF s'exprimera. Aucun sujet ne doit être tabou.

Le Cameroun est à un virage décisif de son Histoire. Le SDF prendra certainement sa part dans ce tournant important. Un nouveau départ s'impose. Aucun militant ne doit avoir le sentiment d’être laissé de côté, d’être isolé ou d’être inutile. Et c'est possible parce que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divisé.
Le SDF reste et demeure un parti politique porteur d'espoir. Seules les valeurs de la social-démocratie - savant dosage entre la liberté d'entreprendre et l'obligation de solidarité, justice sociale, égalité des chances, méritocratie républicaine - pourront sortir le Cameroun du marasme dans lequel il se trouve aujourd'hui.

La bataille sera rude mais nous vaincrons.

Jean Robert WAFO
Ministre du shadow cabinet du SDF en charge de l'information et des médias.

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