Un ex colonel s’explique sur la fraude au port de Kribi
CAMEROUN :: SOCIETE

CAMEROUN :: Un ex colonel s’explique sur la fraude au port de Kribi :: CAMEROON

Il est accusé d’avoir perçu des indemnisations pour des terrains qu’il aurait frauduleusement immatriculés. Chef de groupement dans la cité balnéaire, il a restitué une partie des fonds perçus.

Le colonel retraité James Edongue est le chef de groupement de Grand Batanga. Cette unité administrative qui comprend huit villages est située dans le département de l’Océan. Il a été longuement entendu comme accusé devant le Tribunal criminel spécial (TCS) le 6 novembre dernier. Il s’est en effet expliqué ce jour-là sur les supposés détournements des sommes de 6 et 53 millions de francs ainsi que sur une prétendue tentative de détournement de la somme de 50 millions de francs. Un forfait réalisé lors du processus d’indemnisation des populations du site de construction du complexe industrialo-portuaire de Kribi.

Pour sa défense, l’ancien militaire explique que c’est avec sa casquette de chef traditionnel qu’il a été désigné membre de la commission de constat et d’évaluation des biens des victimes de la construction du port de Kribi le 9 octobre 2009. Bien qu’originaire d’un autre village, il disposait de deux terrains immatriculés à Lolabe II, le site portuaire, sur lesquels il pratiquait de l’agriculture. «Que représente la somme de 53 millions de francs ?», interroge son avocat. M. Edongue explique qu’une partie des fonds qu’il a perçus lors de l’indemnisation de ses biens a été virée dans son compte bancaire ouvert dans les livres de la Bicec bloqué lorsque les poursuites judiciaires engagées contre lui ont démarrées.

«Cette somme représente mes économies et une partie de l’indemnisation perçue». S’agissant des faits supposés de la tentative de détournement de la somme de 50 millions de francs pour lesquels il est jugé, l’ex colonel raconte qu’un certain Emmanuel Bitombi était propriétaire de 13 hectares de terre immatriculées à Lolabe II. Ce dernier lui devait de l’argent en rapport avec une transaction d’affaire. En décembre 2008, son partenaire d’affaires s’est engagé à payer sa dette en nature, en lui donnant 2 hectares de terre. Il a dans la foulée engagé la procédure en vue du morcellement de du titre foncier de M. Bitombi devant un notaire à Kribi. Il s’est fait établir le procès-verbal de bornage du morcellement et le plan de bornage les 5 et 7 janvier 2009. Faute d’argent, la finalisation de la procédure est restée suspendue dans l’étude du notaire. Ce n’est qu’au mois de mai 2009 que son titre foncier a été délivré, a-til déclaré.

Remboursement intégral

Sauf qu’au moment de l’établissement de ce titre le site de Lolabe II était déjà, depuis février 2009, déclaré d’utilité publique. Les terrains compris dans cette zone ne devaient plus faire l’objet d’immatriculation. Le portail des camerounais de Belgique (Camer.be). «A cette date, je ne pouvais pas savoir que mon terrain faisait partie de la zone expropriée, car le site portuaire n’était pas encore délimité.» Répondant au question de l’accusation, l’ancien colonel affirme que la décision d’expropriation de la zone portuaire a formellement été notifié aux victimes au mois de mars 2009. Mais la procédure de morcellement qu’il avait engagée était à cette date presqu’à la fin. «Si j’avais l’argent frais, j’aurais obtenu ce titre foncier bien avant», explique l’accusé.

Seulement, la commission de constat et d’évaluation des biens dont il était membre a évalué l’indemnisation de son titre exproprié à 50 millions de francs. Un montant qu’il a perçu le 24 décembre 2010. «Pourquoi n’avoir pas fait remarquer à la Commission d’évaluation que votre titre foncier délivré après l’expropriation ne devrait pas être pris en compte ?», interroge l’avocate de l’Etat du Cameroun. L’accusé explique que son rôle dans la Commission se limitait à justifier la légitimité des propriétaires des biens expropriés. «Ceux qui avaient la tâche de toiletter les titres fonciers étaient le personnel du ministère des Domaines et des Affaires foncière dont je n’en fait pas partie», indique l’accusé.

M. Edongue déclare, preuve à l’appui, avoir de son gré entièrement remboursé au Trésor public la somme querellée le 30 décembre 2010, longtemps avant l’ouverture des poursuites judiciaires. Il raconte avoir ouï-dire que son titre foncier no 3294/Océan faisait partir du nombre des titres frauduleusement indemnisés. Membre de la commission de paiement et surtout pour laver son honneur il a décidé à reverser l’argent mal perçu à l’Etat du Cameroun. «Ne pouvant plus travailler dans la sérénité et compte tenu de ma position de chef traditionnel, j’ai pris la décision le jeudi 30 décembre 2010 dans ma banque la Bicec,de faire un ordre de virement de 50 millions au profit de l’Etat. Aucun ordre, ni contrainte pour restituer cet argent.»

L’affaire revient les 15 et 16 décembre prochain pour la suite des auditions des accusés. Pour mémoire, cinquante-six personne sont en jugement pour s’expliquer sur de multiples tripatouillages orchestrés lors du processus d’indemnisation de la construction du port de Kribi. Un forfait qui a faire perdre à l’Etat près de 20 milliards de francs, selon l’accusation.

Lire aussi dans la rubrique SOCIETE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo