Grand dialogue national : Décentralisation contre fédéralisme
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Le débat s’est ouvert dès le premier jour des assises. Les participants affichent leurs désaccords.

Il fallait s’y attendre. Le débat sur la forme de l’Etat s’est invité au grand dialogue national dès le premier jour des assises, hier, 30 septembre 2019. Les coeurs ont semblé battre à l’unisson lors de la cérémonie d’ouverture qui a connu les discours du Premier ministre, Joseph Dion Ngute, et du délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna, ainsi que les témoignages des ex-combattants des régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest. Mais les esprits se sont échauffés lors de la séance consacrée au débat général. Les travaux à huis clos ont duré plus de 4 heures.

De sources sures, le chairman du Sdf a fait partie des participants sélectionnés pour présenter chacun un exposé sur le retour à la paix dans les régions du Nord- Ouest et du Sud. Pour Ni John Fru Ndi, la solution à la crise est le retour au fédéralisme à deux Etats qui avait été illégalement aboli en 1972. Il a martelé que l’Etat unitaire décentralisé constitue une camisole de force pour la population anglophone qui vit depuis 47 ans les frustrations de sa marginalisation. Le chairman a insisté sur le fédéralisme à deux Etats qui, selon lui, peut garantir l’épanouissement des Anglophones. Un fédéralisme à 10 Etats ne résoudrait pas les problèmes actuels, croit-il savoir.

« … Je propose d’emblée que nous nous attaquions aux causes structurelles profondes de la crise que nous traversons aujourd’hui dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. En effet, en 1972, nous avons commis une erreur très fatale en abolissant la République fédérale du Cameroun par le biais d’un référendum qui n’était ni prévu dans la Constitution Fédérale de 1961 ni même envisagé par la Conférence de Foumban de 1961 », a déclaré Fru Ndi dans son exposé qui a été rendu public. Mais pendant qu’il parlait, des contestations se sont élevées dans la salle. Puis d’autres exposants ont clairement pris position pour le maintien de la décentralisation en cours au Cameroun.

L’enjeu majeur étant plutôt son accélération. C’est ce que pensent le Sultan des Bamouns, Ibrahim Mbombo Njoya, et le lamido de Rey Bouba, Aboubakary Abdoulaye. Ils siègent tous les deux au Sénat et sont des cadres du Rdpc, le parti au pouvoir. Le premier est le chef de la délégation régionale du Comité central à l’Ouest. Le second est le premier vice-président du Sénat. Ibrahim Mbombo Njoya veut une décentralisation accélérée. Aboubakary Abdoulaye va plus en détails, et demande que les compétences et les ressources soient enfin et véritablement transférées aux communes. Le portail des camerounais de Belgique. Il accuse l’élite qui préfère maintenir ces ressources au niveau central au lieu de les transférer au niveau local. Sur la forme de l’Etat, deux visions s’affrontent au grand dialogue national. Cette opposition indique bien le clivage réel dans le pays, car le collège des délégués au dialogue se veut un échantillon de la population camerounaise.

Il faudrait plutôt aborder la question à partir des enjeux, pense le Pr Simon Munzu, acteur de la société civile et porte-parole de la conférence anglophone qui n’a jamais eu lieu. Il invite à s’appesantir sur le contenu et non sur les mots décentralisation, fédéralisme ou encore confédération. Le plus important c’est le partage du pouvoir et de l’autorité. En d’autres termes, il faut une autonomie qui permette le développement et l’épanouissement des communautés.

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