Crise anglophone : L’improbable cessez-le-feu
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Entre le Premier ministre qui poursuit les consultations en préparation du « grand dialogue national » et l’acte symbolique d’assassinat d’une jeune femme par des séparatistes présumés à Batibo, la trêve apparaît comme sacrifiée.

Depuis l'annonce par le président de la République d’un grand dialogue national en vue, principalement, de la résolution de la crise dans le Nord- Ouest et le Sud-Ouest, chaque camp semble suivre son agenda. Le gouvernement s'active à l'organisation des pourparlers, ainsi que le témoigne le rythme effréné de consultations auquel est soumis le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, fort de sa posture de médiateur en chef du gouvernement, les mesure sécuritaires prises par les autorités administratives restent en vigueur, les effectifs de l’armée nationale déployés dans ces régions sont demeurés intacts, cependant que - équilibre de la terreur oblige, les groupes armés séparatistes s’arc-boutent sur la ligne dure tracée par leurs leaders qui, pour la plupart, sont basés à l’étranger. On les accuse de faire régner la peur au sein de la population à travers des actes d’une rare violence, à l’instar de l’assassinat, la semaine dernière, d’une jeune femme à Batibo dans le département de la Momo, région du Nord-Ouest. La vidéo de cette exécution, en circulation sur les réseaux sociaux et qui montre des sécessionnistes présumés enterrant la victime vivante, a provoqué une vague d’indignation aussi bien au sein de l’opinion nationale qu’internationale.

La question de la négociation d’une trêve, fût-elle provisoire, n’est visiblement pas à l’ordre du jour. « Il faut entrevoir en lieu et place d’un cessez-le-feu, la poursuite du conflit sur le terrain des opérations militaires pendant le dialogue dans l’esprit de Michel Foucault, qui retourna l’assertion de Clausewitz en faisant de la politique la continuation de la guerre par d’autres moyens. Dans cette perspective, certains acteurs perçoivent souvent les appels au dialogue comme une diversion stratégique visant à démobiliser les troupes armées ou les avantages comparatifs de position occupés sur le terrain du conflit », analyse Roland Siméon Ekodo, doctorant en science politique à l’université de Québec à Montréal. Cette attitude, poursuit-il, « est une réserve éminente sur l’issue du dialogue ou sur la bonne foi de ceux qui en appellent au cessez-le-feu ou à la détente et aux modes de résolution pacifique d’un conflit qui n’aurait pas dû s’armer si l’option conventionnelle du débat avait été envisagée par les parties désireuses du dialogue immédiat ».

Légitimité

Politologue lui aussi et enseignant à l’université de Dschang (Ouest), Max Zachée Mbida considère le cessez-le-feu comme une situation transitoire pendant laquelle, au cours d’un conflit, les forces belligérantes s'entendent pour arrêter les affrontements soit pour des raisons humanitaires, soit dans la perspective de rechercher une issue pour la sortie de crise. Dans le cas du dialogue annoncé et convoqué par le président de la République, pense-t-il, la perception du conflit est différente des points de vue de l'Etat et des groupes et bandes armés qui se revendiquent de la sécession. Le portail des camerounais de Belgique. « Pour L'Etat, la crise est relative à l'expression d'un sentiment sectionnel de populations camerounaises qui réagissent à l'étroitesse de leur situation dans l'ensemble national. C'est donc une crise sociale régulière que la formule du dialogue adresse en élargissant le spectre de la consultation et des débats aux préoccupations des autres groupes socio-anthropologiques. Pour les groupes qui se revendiquent du mouvement Southern-Cameroons Ambazonia, et donc mènent une lutte révolutionnaire ou de libération, la crise est relative à l'expression d'un sentiment nationaliste. Par conséquent, le dialogue ne peut avoir de légitimité que si à l'ordre du jour n'est inscrite que la négociation des conditions de la séparation entre La République du Cameroun et ce qu'ils appellent "The Federal Republic of Ambazonia" », estime l’universitaire. Pour qui ces deux positions sont divergentes et, « au regard du format du dialogue indiqué par le Chef de l'Etat, inconciliables ».

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